Massimo Rivola a été promu à la tête du projet MotoGP d’Aprilia en 2019. Une démarche pourtant lancée depuis 2015, mais qui n’avait pas donné la satisfaction que l’on est en droit d’attendre d’un grand groupe européen comme Piaggio. A ce sujet, si la moto va mieux, et si l’organisation semble plus lisible avec des performances à présent acceptables, on est quand même loin du compte. Mais Rivola assure que ça progresse. En 2022 Aprilia Racing avancera sous ses propres couleurs, mais toujours à effectifs réduits au vu de l’ambition. L’ancien de Ferrari envoie un message aux fans de la marque. Car il y en a !
On a tendance à l’oublier, mais Aprilia, c’est tout de même l’un des plus glorieux noms en compétition sur piste avec 54 titres mondiaux dans sa vitrine à trophées. Un palmarès que l’on doit se rappeler sans cesse en regardant la seule et unique RS-GP évoluer en MotoGP entre les mains d’Aleix Espargaró au sein de la structure privée Gresini. Une organisation qui est aussi à des années lumières de l’idée que l’on se fait d’une des marques d’un grand groupe comme Piaggio. Mais c’est ainsi et même si la démarche dans la catégorie reine des Grands Prix date de 2015, ce n’est que cette saison qu’elle semble enfin digne d’intérêt, avec des perspectives.
En fait, c’est en 2019 que l’ambition RS-GP a passé un cap. Une année qui correspond à l’arrivée de Massimo Rivola à la tête de l’organigramme : « si nous pensons à où nous étions à la fin de 2019, nous pouvons être très heureux, car maintenant nous sommes parmi ceux qui jouent pour des résultats importants, et c’est la première étape » rappelle l’ancien de la Formule 1. « Nous construisons la confiance et l’habitude de nous battre pour certaines positions, c’est une attitude mentale que nous devons également avoir dans l’équipe, pas seulement le pilote ».
Le même Rivola nous remet aussi en mémoire la révolution interne qui a eu lieu : « le premier point clé est lié au fait que la direction de l’entreprise a voulu donner à Romano Albesiano l’opportunité de se concentrer exclusivement sur la moto et ses performances. La seconde concerne l’expérience des hommes de Noale. A mon avis il fallait simplement apporter un nouvel enthousiasme à ces personnes déjà compétentes. J’ajoute que le Groupe Piaggio a augmenté notre budget, grâce à cela nous avons pu inclure des chiffres stratégiques pour notre projet. Pour finir, avec les bonnes personnes, on a vu les améliorations, mais maintenant il faut se consolider, notre structure continue d’acquérir de l’expérience. Par exemple, nous avons de très jeunes figures, fraîchement sorties de l’université : si nous pouvons combiner ces ingénieurs émergents avec les gens de Noale de la bonne manière, quelque chose d’intéressant viendra. »
Et cette synergie sera d’autant plus appréciée qu’elle se développera sous un auvent frappé de l’enseigne Aprilia Racing… « Si la courbe de développement reste à ce niveau, quelques années pourraient suffire pour se battre et gagner. Mais étant donné que nous sommes aux prises avec les principaux fabricants, je ne peux pas garantir que les prévisions se réaliseront. Mais c’est notre objectif. Et cette ambition explique pourquoi nous deviendrons une équipe d’usine à partir de 2022 : cela signifie que le Groupe Piaggio se sent bien représenté par cette structure ».
Rivola pense aux écoles KTM et aussi Ducati
Les contours de la structure et l’état d’esprit sont ainsi définis mais Rivola insiste aussi sur la méthode. Sur ce point, deux écoles l’inspirent : KTM pour l’indépendance et Ducati pour la prospection. Il dit ainsi dans des propos relayés par Motosan : « nous savons que si tout est fait à la maison, il y a un meilleur contrôle et il est plus facile de tout gérer. Je ne pense pas que la méthode de travail changera beaucoup. Ce sera peut-être plus difficile, car nous devrons faire face à plus de choses, je pense à l’accueil, aux camions et aux mécaniciens, qui jusqu’à présent étaient sur le terrain de compétence de l’équipe Gresini. On veut tout faire à la maison, on peut le faire ». Voilà pour l’inspiration KTM.
Pour Ducati, il s’agit des pilotes, bien que, là aussi, KTM est également subodoré… « KTM forme de jeunes pilotes à la maison, à partir d’un groupe d’âge très jeune. Ce n’est pas une période facile, car de nombreux contrats de pilotes MotoGP expireront à la fin de l’année prochaine. Ce n’est pas facile de trouver ses pilotes, mais certaines opportunités peuvent encore se créer. Je regarde aussi ce que fait Ducati : ils insèrent tous les pilotes émergents dans leur orbite, et ce faisant, ils trouveront le nouveau Márquez ».
Aprilia est encore loin d’en être là. Aucun pilote de la nouvelle génération n’envisage de rouler sur une RS-GP pendant que le vétéran Dovizioso tergiverse. Sur ce dernier, Rivola sort son compliment maintenant habituel : « je suis très content de sa contribution aux tests. J’espère que la relation avec lui pourra se poursuivre à l’avenir, que ce soit en course ou simplement en continuant les tests. J’ai beaucoup aimé son approche du travail, son expérience se voit dans les moindres détails et Andrea est extrêmement professionnelle et méthodique. Nous avons tous été impressionnés ».
Au bilan de tout ça, Rivola assure aux fans d’Aprilia qu’ils ont des raisons d’espérer : « nous travaillons sérieusement. Nous ne pouvons pas faire de promesses fortes, nous ne pouvons qu’assurer un maximum d’efforts pour améliorer les performances. Lorsque vous construisez une maison, vous partez de zéro, et c’est là où nous en sommes aujourd’hui ».
« On respecte tout le monde mais en même temps on ne se sent inférieur à personne : c’est ce que je répète tous les jeudis soirs sur la piste à nos garçons. Nous sommes une structure plus petite, nous avons peut-être un budget plus petit, mais nous avons aussi une belle histoire derrière nous. Il faut croire en soi, comme le dit le tatouage d’Aleix : ‘Crois en toi’. Donc je ne suis pas aveugle et je vois le classement, mais je sais aussi que nous avons le potentiel pour revenir au sommet ».