Que passe-t-il chez Suzuki ? Il est acquis que le constructeur japonais, qui compte tout de même dans l’histoire de la moto, se retirera du MotoGP à la fin de l’année. Pourtant, aucun communiqué officiel n’est encore arrivé d’Hamamatsu pour graver cette situation dans le marbre. En annonçant brutalement à ses troupes engagées en Grand Prix qu’elles seraient démobilisées au terme de cette campagne, surprenant par fait jusqu’au promoteur de la catégorie, Dorna , qui a en poche un contrat scellant l’implication de la marque jusqu’en 2026, Suzuki a d’abord porté préjudice à l’image du MotoGP avant de se tirer une balle dans le pied. Au Japon, le canard Suzuki semble ainsi courir sans tête, puisque le conseil d’administration serait allé contre le Président. Pire, Suzuki s’attendrait à une lourde condamnation pour avoir trafiqué les moteurs diesel de sa gamme automobile…
Peut-on faire confiance à Suzuki ? Le feuilleton qui se déroule sous nos yeux au sujet d’un retrait du MotoGP que tout le paddock a validé – jusqu’au promoteur Dorna qui a lancé un avertissement aux Japonais en leur rappelant qu’ils ont des obligations contractuelles – oriente la réponse vers la négative. Plutôt qu’à une retraite en bon ordre, l’action de Suzuki ressemble à un sauve qui peut préliminaire à une plus grande débâcle. On notera cependant que Suzuki n’en est pas à son coup d’essai. La parole d’Hamamatsu n’est pas fiable. Dans les années 70 et 80, l’épopée de la RG500 n’aurait pas eu lieu sans les teams privés qui ont pris la relève de l’usine.
Avec la RGV, il y a eu du mieux et les titres de Kevin Schwantz en 1993 et de Kenny Roberts Jr en 2000 en attestent. La GSV-R a connu un succès mitigé avant de disparaitre en 2011. A cette époque, la crise financière avait eu bon dos, puis le projet GSX-RR a été lancé avec les moyens du bord et la cheville ouvrière Davide Brivio. Une aventure humaine récompensée par le titre en 2020 de Joan Mir. Mais au vu de l’implication globale, le sentiment était que la destination finale venait d’être atteinte. D’ailleurs, Davide Brivio quittait le box dès la couronne prise.
Suzuki va aussi connaître son scandale du moteur diesel trafiqué
Cette saison n’a pas mal commencé pour la GSX-RR, mais Suzuki a des problèmes. Preuve en est que la marque n’a toujours pas annoncé officiellement ce retrait validé par tout le paddock. Il se dit qu’alors que le président de Suzuki Motor Corporation, Hiroshi Tsuda, a plaidé pour que l’équipe MotoGP continue, le conseil d’administration a soudainement et de sang-froid coupé la masse monétaire lors du week-end du Grand Prix d’Espagne.
Pourquoi ? Speedweek rappelle que Suzuki est accusé d’avoir équipé au moins 22 000 voitures diesel de dispositifs faussant les normes antipollution, une manœuvre similaire à celle du groupe VW. Des amendes attendues de l’ordre de trois millions de dollars dans la division automobile sont redoutées si bien qu’on taille dans le gras et le budget MotoGP fait partie des victimes. Cependant, Carmelo Ezpeleta a rappelé à Suzuki qu’il y aura des pénalités du fait de ce retrait anticipé. L’économie risque donc de coûter cher, tandis que la facture pour ce qui est de l’image de marque est déjà présentée. Ce n’est pas le MotoGP qui n’est pas bien, mais Suzuki qui interroge.