Andrea Dovizioso l’a ainsi décidé : il arrêtera avant la fin de la saison. Il jettera l’éponge sur ses terres de Misano et fermera ce long chapitre du livre de sa vie qu’aura été le MotoGP. Il aurait voulu certainement partir dans d’autres circonstances que celles imposées par un frustrant manque de résultats, et avec un autre sentiment que celui de l’impuissance et de ne plus être à sa place. Mais c’est son choix, ferme et définitif, qui ne réjouit guère Razlan Razali, le patron de l’équipe pour laquelle il court. Le Malaisien l’a vu s’installer par Yamaha et se voit à présent contraint de vivre son départ prématuré. Mais il doit quand même faire tourner la boutique et convaincre les investisseurs…
La vie d’un patron de team qui a choisi de s’allier avec Yamaha n’est visiblement pas un long fleuve tranquille en MotoGP. On s’y voit imposer beaucoup de choses, sans vraiment avoir un sentiment de reconnaissance en retour. Razlan Razali a pourtant agrémenté le palmarès de Yamaha sous l’ère Petronas, donnant même sa chance à un certain Fabio Quartararo que Lin Jarvis se félicite aujourd’hui d’avoir dans ses rangs officiels. Un parcours impeccable totalement ignoré, puis des mauvais choix ont été faits. Petronas est parti, RNF est né avec le support de WithU, avec Dovizioso en figure de proue. Et on connait la suite.
Razlan Razali ne peut que prendre acte de la démission de son pilote. Mais c’est lui qui va devoir recoller les morceaux pour tenir jusqu’à la fin de cette saison, où il rendra les M1 pour récupérer deux RS-GP et de nouveaux pilotes. Dans un entretien sur crash.net, le Malaisien dit : « nous espérions que Dovizioso finirait la saison, mais je suppose que c’était trop pour lui et il a décidé d’arrêter. Nous respectons cette décision car la dernière chose que vous voulez est de « forcer » un pilote à courir ». Il ajoute : « avoir un pilote à la retraite avant la fin de la saison n’est pas agréable, car nous sommes dans la première année de reconstruction et de changement de sponsor. Nous changeons également de constructeur pour l’année prochaine ».
Razlan Razali : « nous l’avions vu venir«
Il y a donc de la déception. Mais Razali n’est pas surpris : « nous l’avions en quelque sorte vu venir parce que je pouvais voir la frustration et la déception sur son visage lors de nombreuses manches du championnat. On pouvait voir qu’il n’était pas content. Et il y a eu des moments où nous n’avions pas les mots pour l’encourager. Nous ne savions tout simplement pas ce que nous pouvions faire d’autre pour l’aider. Nous sommes arrivés au point où nous lui avons juste dit de sortir et de s’amuser. Mais Andrea est un personnage fort et lors de sa conférence de presse d’adieu, il a également souligné qu’il était toujours convaincu qu’il pouvait tout donner. Pourtant, il n’a tout simplement pas pu obtenir les bons résultats en MotoGP ».
La nouvelle annoncée et digérée, Razlan Razali doit maintenant gérer… « Le MotoGP est un business et les résultats sont importants. Au cours des deux dernières années, nous avons été avant-derniers ou derniers dans le classement par équipe. C’est quelque chose que les sponsors ne veulent pas voir. Et d’une certaine manière, en tant que managers, nous sommes sous pression. Il nous faut donc de bons résultats dès l’année prochaine » dit-il. Car pour cette saison, avec l’arrivée de Cal Crutchlow comme remplaçant de Dovizioso, il ne se fait pas plus d’illusion.
En 2023, sur ses deux Aprilia, on devrait retrouver Miguel Oliveira et Raul Fernandez. Le grand sacrifié de l’histoire aura été Darryn Binder, directement parachuté du Moto3 pour cette sorte de mission suicide de n’avoir qu’une saison de rookie pour se révéler. Le Sud-Africain est pour le moment sans perspective, non seulement en MotoGP, mais aussi partout ailleurs. Pourtant, si l’on regarde le classement du championnat, son illustre équipier Andrea Dovizioso ne fait pas mieux que lui.