L’histoire de Razlan Razali en Grand Prix montre, qu’en MotoGP, les résultats seuls ne suffisent pas à assurer la stabilité et la légitimité. Ils ne sont qu’une variable dans cette équation complexe définissant un précipité instable qui peut vous exploser à la figure à tout moment. Il suffit de faire un seul mauvais choix pour, qu’en un instant, tout s’écroule. En l’occurrence, le Malaisien en a fait deux. Dont un qu’il a le courage de rendre public à un moment où le sujet croule sous les éloges en raison de son départ à la retraite. Il s’agit de Valentino Rossi.
A la fin de la saison 2020, Razlan Razali avait de quoi marcher dans le paddock en bombant le torse. Il n’en était qu’à la deuxième campagne en MotoGP avec ses troupes badgées Petronas, mais il marquait déjà le milieu. Il avait révélé Fabio Quartararo l’année d’avant et, après 14 courses organisées malgré la crise sanitaire, il venait de récolter six succès avec le vice-champion du monde à la clé du nom de Franco Morbidelli.
Razlan Razali se sentait légitimement fort. Le sport avait parlé. Mais la politique en a cure. Convaincu que rien ne pouvait lui arriver, il a commis une première erreur. Qu’il raconte ainsi : « si je pouvais revenir en arrière, j’aurais décidé, en juin 2021, d’accepter la première nouvelle offre de contrat de Petronas. Mais je voulais négocier pour plus d’argent », soupire Razali.
Mais en fait, il s’agissait de la seconde erreur. Car avant la période de juin 2021 qu’il mentionne, il s’était déjà fourvoyé. Le nouveau propriétaire de l’équipe WITHU-Yamaha-RNF a ainsi lâché cette petite bombe sur Speedweek : « pour être honnête : je n’aurais pas dû prendre Valentino ! ». Mais avait-il le choix ? Apparemment oui… « Il y a toujours eu cette idée que nous n’avions pas eu d’autre choix que de signer Valentino en 2021. L’hypothèse généralement admise est que nous étions sous la pression de Yamaha », explique Razali. « Mais non, il n’y avait pas de pression ».
Razlan Razali : « je pense que Valentino Rossi s’est mis la pression«
Il donne donc sa version : « personnellement, j’étais sceptique jusqu’à ce que Valentino monte sur la troisième marche du podium aux côtés de Fabio et Viñales lors du deuxième Grand Prix de Jerez en juillet 2020 », se souvient le Malaisien. « Quand je me tenais à côté des trois pilotes sur le podium, mon esprit s’est dit : ‘D’accord, peut-être que ce type peut le faire.’ Mais à l’automne 2020, Rossi est tombé malade du Covid-19. Après cela, les résultats se sont avérés mauvais. Mais à ce stade, la décision pour Valentino était déjà prise », se souvient Razali. Pourtant, il s’était toujours déclaré réticent à embaucher le Doctor, répétant qu’il était dans le paddock pour révéler les jeunes espoirs. Une philosophie qu’il a encore opposée à la venue de Dovizioso et on connait la suite. Difficile, dans les deux cas, de ne pas voir l’ombre de Yamaha…
Le patron à succès de l’équipe MotoGP donne aussi d’autres raisons à l’échec de Rossi, qui n’a obtenu que quatre résultats parmi les dix premiers en 18 départs en MotoGP en 2021 : trois fois dixième, une fois huitième, sous la pluie de Spielberg, pour un classement final au 20e rang, après la quinzième position de l’année précédente… « Je pense que Valentino s’est mis la pression. Les jeunes pilotes sont beaucoup plus rapides. Valentino a réalisé de meilleurs temps au tour que par le passé. Mais cela ne suffisait pas. Il voulait le succès, son cœur et son esprit y étaient prêts. Mais le corps ne l’a pas accepté ».
Le déroulé est intéressant car il donne une autre version de l’histoire communément admise. Ainsi, si Razali n’avait pas, de sa propre initiative, pris Valentino Rossi, ce dernier se serait retrouvé sans guidon et, de facto, déjà à la retraite. Il y a aussi un sous-entendu sur une infection à la Covid-19 qui aurait impacté son potentiel. Mais à la fin, c’est surtout son corps qui a crié grâce.