Razlan Razali est désormais le patron d’une écurie appelée WithU Yamaha RNF. L’enseigne Petronas est partie, et d’une façon qui ne fait pas honneur à son parcours quasiment irréprochable. Les bisbilles malaisiennes de politique interne ont eu, seules, raison d’une aventure en Grand Prix qui, en un temps record, a accumulé des victoires, donné un vice-champion du monde et révélé sur la scène le patron d’aujourd’hui Fabio Quartararo. On aime l’audace sous cet auvent et, en 2022, on le prouvera encore en installant un Darryn Binder de 23 ans directement venu du Moto3 aux côtés du vétéran Andrea Dovizioso. Et depuis le Grand Prix de Portimao, ce pari est devenu encore plus risqué…
On rappellera ainsi les faits d’un Darryn Binder décidant prématurément de la fin du championnat Moto3 en accrochant dans le dernier tour un de ses deux prétendants, en l’occurrence Dennis Foggia. Pedro Acosta n’en demandait pas tant, mais depuis cet accident, le Sud-Africain est dans la tourmente. Déjà que l’annonce de sa venue en MotoGP avait suscité beaucoup de doutes, voilà qu’avec ce cas concret est arrivé l’hostilité.
La nouvelle équipe Yamaha RNF que Razlan Razali a mis toute son énergie à structurer, après la défection de Petronas, va devoir garder encore des forces pour assumer le pari de ce Sud-Africain à la réputation sulfureuse et au palmarès bien maigre. Il a ainsi terminé seulement septième au classement général du dernier Championnat du monde Moto3. Mais le patron malaisien tient bon : « nous avons essayé de ne pas être influencés par les commentaires après le Grand Prix d’Algarve », a déclaré Razali à Speedweek. « Parce que nous sommes convaincus que le garçon a du potentiel et peut bien faire ».
Razali fait même front : « les critiques nous motivent à le protéger. Nous voulons l’aider à développer sa carrière. Nous voulons le préparer au mieux pour la saison 2022. Darryn a au moins dix jours d’essais MotoGP devant lui. En tant que rookie, il a désormais deux jours à Jerez, puis le test shakedown à Sepang, le test officiel IRTA à Sepang et le test Mandalika en Indonésie. Je pense qu’avec les conseils de son frère Brad, Darryn peut bien faire. Ils s’entraînent ensemble, ils sont tous les deux intelligents, ils savent quoi faire. Nous apporterons à Darryn le meilleur accompagnement possible dans sa préparation ».
Razlan Razali joue aussi son avenir avec Yamaha
Darryn Binder a donc tout le soutien qu’il faut, y compris celui de son frère Brad, double vainqueur en MotoGP sur la KTM, mais aussi Champion du Monde Moto3 2016 avec la même marque. Il faudra que tout se passe bien, y compris avec Dovizioso, puisque le compte à rebours a déjà commencé pour… 2023 ! On apprend en effet que Yamaha décidera de son avenir avec le team RNF d’ici fin juin 2022. Et pour cause, tout a changé, ainsi que Lin Jarvis le rappelle : « la décision de poursuivre avec ce qui était alors le Sepang Racing Team a été prise plus ou moins autour du Mugello cette année. Nous sommes dans notre troisième année avec SRT et cette entreprise était alors bien établie. Elle faisait partie du circuit de Sepang, ils avaient un gros sponsor titre, un programme en Moto2 et en Moto3. C’était donc une direction claire dans la décision que nous avons prise ».
Le directeur général de Yamaha Motor Racing ajoute : « les choses ont changé et la propriété même de l’entreprise a changé. L’entreprise que lance Razlan Razali est nouvelle. Cela empêche d’entrer dès le début dans un contrat pluriannuel avec une entreprise qui est inconnue. Nous connaissons plusieurs personnes dans l’entreprise, c’est une chose, mais ce n’est pas exactement pareil. Nous avons besoin de voir des preuves des résultats au fur et à mesure que l’entreprise va se développer. Notre intention est donc de prendre une décision d’ici fin juin », précise Lin Jarvis. « Si tout se passe bien, nous pourrions continuer à l’avenir. Mais nous avançons pas à pas ». Dovizioso devra donc ramener des résultats et Darryn Binder au moins bien se tenir pour que la confiance de Yamaha soit prolongée. Le pari de Razlan Razali n’est pas gagné d’avance et il en est d’autant plus beau.