Razlan Razali a beaucoup appris depuis qu’il évolue en Grand Prix et notamment ceci : les résultats ne font pas tout. Le Malaisien a été en effet le premier représentant de son enseigne compatriote Petronas qu’il a amenée jusqu’en MotoGP avec une écurie équipée de deux Yamaha. C’est lui qui a donné sa chance à Fabio Quartararo que l’on ne présente plus, il a fait de Franco Morbidelli un vice-champion du monde en 2020, une saison durant laquelle il a apporté plus de victoires à la marque d’Iwata que son équipe officielle. Et puis ? Petronas est parti et Yamaha ne l’a pas plus considéré que ça. Mais Razali rebondit avec cet accord qui fait de lui à présent le partenaire d’Aprilia.
Le terme « partenaire » a son importance car Razlan Razali a toujours souhaité être plus qu’un client payant chez Yamaha. Cependant, les Japonais n’ont pas pris en considération ce message qu’ils étudieraient peut-être différemment aujourd’hui, s’étant persuadés qu’il fallait faire évoluer leur méthode de travail vers plus d’échanges et de compétences européennes. Mais pour Razali, c’est trop tard. Le Malaisien a trouvé en Aprilia l’accord qu’il espérait depuis belle lurette.
Le patron à présent soutenu par l’entreprise italienne WithU dit en effet : « le MotoGP est une affaire sérieuse. L’offre répondait à nos exigences pour une stratégie à long terme. Cela touche tous les domaines, financier, commercial et développement des moteurs. Nous sommes impatients de relever un nouveau défi ». Une considération que jamais Yamaha ne lui a accordée.
Cette nouvelle collaboration arrive à un moment historique pour la marque de Noale dans son projet RS-GP. Cette moto se révèle cette saison, et sous les couleurs de l’usine, puisqu’elle a abandonné en 2022 le statut d’équipe privée avec le team Gresini, un couple né avec l’aventure du constructeur en MotoGP… Et qui s’est séparé parce que, de son vivant, feu le patron Fausto Gresini n’avait pas pu obtenir le statut que Razlan Razali semble avoir acquis pour les deux prochaines saisons, avec une option de prolongation de deux années supplémentaires…
Le cadre étant ainsi posé, il reste maintenant à savoir quelles motos et quels pilotes constitueront le contenu du box. Pour les machines, il est acquis que ce seront les RS-GP version 2022 qui feront le dernier Grand Prix à Valence. On ne peut encore dire à quoi elles ressembleront à cette date, car l’autre opus italien de la grille de départ avec celui de Ducati est toujours en constante évolution : il y a actuellement de nouveaux développements. Au Mugello, Aleix Espargaró et Maverick Viñales ont roulé une nouvelle spécification de moteur. À l’automne, une nouvelle étape technique doit être déclenchée, que le pilote d’essai Lorenzo Savadori a conduite dans ses dernières wildcards. Et à Assen, le nouveau carénage a été utilisé pour la première fois en course. « Notre moto sera basée sur la dernière version qui sera utilisée lors de la dernière course à Valence », déclare Razali sur Motorsport-total. Et il en est convaincu : « ce sera un package solide ».
Darryn Binder sera sans doute le grand oublié de cette nouvelle aventure entre Razlan Razali et Aprilia
En ce qui concerne les pilotes RNF, tout est encore ouvert. La rumeur dit qu’il pourrait s’agir de Miguel Oliveira et que le Portugais sera flanqué de Raul Fernandez. Deux anciens de KTM donc. Au grand dam de celui qui a été pris en Moto3 par Razlan Razali pour être jeté dans l’arène du MotoGP au guidon d’une antique Yamaha, soit Darryn Binder. Le rookie commente : « piloter une Aprilia serait super », déclare le frère cadet de Brad Binder. « En gros, bien sûr, j’aimerais beaucoup rester dans la catégorie MotoGP » dit encore le Sud-Africain. « Pour le moment, il est encore trop tôt pour dire quoi que ce soit ».
Il termine : « je ne peux qu’essayer de continuer à m’améliorer. Je veux montrer mon potentiel. Le marché des pilotes est assez fou en ce moment. Personne ne sait vraiment où il en est actuellement. Je ne peux qu’attendre et le dire ainsi : tant que je peux continuer à piloter des motos, je suis heureux ». Darryn Binder, promu directement de la catégorie Moto3 cet hiver, a marqué deux points pour RNF-Yamaha lors des onze premières courses de la saison. Dans la course humide à Mandalika, il a terminé P10, récemment à Barcelone dans des conditions sèches P12. Il devance au championnat son équipier Andrea Dovizioso, ancien triple vice-champion du monde, et il devance les deux pilotes Tech3 KTM qui dominaient le Moto2 l’an passé au classement des rookies. Ce qui n’est tout de même pas si mal.