C’est maintenant assuré, grâce à Razlan Razali, la Malaisie sera toujours représentée en Grand Prix. Mais ça n’a pas été facile et, dès la mi-août, le patron s’est retrouvé à marcher au bord d’un gouffre vers lequel le retrait de son compatriote Petronas pour des raisons de conflits de personnes le poussait. Il a dû tout réorganiser, faire des sacrifices, trouver un autre partenaire et revoir son approche. C’était ça ou disparaître. Mais comme il le dit si bien : « nous avons alors dû réagir très rapidement, ce qui est une exigence de base dans ce métier ». Comme celui de manger son chapeau…
L’ambition de Razlan Razali aux belles heures de son aventure avec le compatriote Petronas était de révéler des jeunes et si possible malaisiens, pour les porter jusqu’au firmament MotoGP. Une filière a été mise en place, jalonnant un parcours du Moto3 vers le sommet en passant par le Moto2. Côté jeune, aucun espoir du Sud-Est asiatique n’y a émergé, mais Fabio Quartararo a tout de même été révélé. Des victoires ont aussi été célébrées et un vice-champion du monde italo-brésilien du nom de Franco Morbidelli félicité. Un parcours que beaucoup aimeraient revendiquer dans le paddock, surtout en si peu de temps, et pourtant, ces résultats n’ont apporté aucune légitimité.
Razlan Razali a ainsi vu Fabio Quartararo happé par le team usine Yamaha qui l’a toujours plus identifié comme un client que comme un partenaire, Franco Morbidelli a suivi tandis que Valentino Rossi est arrivé sans impressionner Petronas qui s’est retiré. L’équipe des espoirs, telle qu’elle était espérée, a même rassemblé deux pilotes dont les 42 ans et 35 ans l’ont identifiée comme celle présentant la moyenne d’âge la plus élevée de la grille de départ. C’était le cas lorsque Crutchlow est venu combler les rangs aux côtés du Doctor.
Une situation qui perdure depuis qu’Andrea Dovizioso s’est installé dans le box, mais cette fois comme titulaire. Pourtant, Razali avait clairement dit qu’il n’en voulait pas, au nom de la jeunesse. Oui mais voilà… « Dans ce sport, le MotoGP est une entreprise. Je dois suivre les souhaits des donateurs. Notre philosophie lors du choix d’un pilote a donc changé » raconte Razali sur Speedweek. « Lorsque Petronas s’est retiré, mon objectif était de sauver les deux précieuses places MotoGP à Dorna. Parce que si vous renoncez à cette « entrée MotoGP », vous ne la récupérerez jamais. C’est devenu une question de survie ».
Razlan Razali revient sur le cas Raul Fernandez
Les cibles Raul Fernandez et Toprak Razgatlioglu ont été manquées, et cela a aussi fait du mal au projet global. Sur le cas du premier cité qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive, Razali donne sa version : « notre intérêt pour Raúl était très fort. Il ne s’agissait pas tant de ce que nous ou Yamaha voulions lui payer. Nous avons tout essayé pour l’obtenir. Je sais que nous avons marché sur les pieds de certaines personnes dans le processus. Mais il fallait essayer. Nous respectons toujours les contrats existants. Il existe une clause de sortie ou une option de « rachat » dans chaque contrat. Yamaha et nous avions un certain montant en tête. Mais le montant demandé grimpait de plus en plus haut. À un moment donné, c’est devenu trop risqué ». Puis l’autre événement est arrivé qui a évidemment changé la donne : « début août lors du premier Grand Prix d’Autriche, nous avons rencontré le problème du retrait de Petronas. Ensuite, nous ne pouvions plus poursuivre ce plan ».
A partir de là, il a fallu revenir sur ses tracés et oublier certaines prises de position. Dont celle au sujet d’Andrea Dovizioso… « Les managers Yamaha ont compris notre nouvelle situation avec le nouveau sponsor de l’équipe. Nous avons négocié avec WITHU très rapidement. Nous savions qu’ils voulaient être le sponsor titre. Nous sommes donc parvenus à un compromis. Nous avons embauché Dovi, ce qui signifie que nous avons dévié de ma philosophie d’origine. Nous avons embauché le pilote de Moto3 Darryn Binder en tant que débutant. C’est un gros risque ».
La dernière mention au sujet du Sud-Africain confortera certainement Aleix Espargaró dans son inquiétude de le voir arriver depuis la Moto3 sans de vraies références… Mais lorsque l’on est dos au mur, on n’a pas vraiment de marges de manœuvre… « De nouveaux contrats ont dû être négociés avec Dorna et Yamaha, et j’ai dû fonder une nouvelle entreprise. En attendant, nous avons pu présenter l’équipe WITHU Yamaha RNF MotoGP. Ce que nous avons eu à faire de la mi-août jusqu’à maintenant était fou » termine Razali qui n’a pas pu sauver tout le monde : « pour sauver les plans MotoGP, nous avons dû annuler les équipes en Moto3 et Moto2. Nous continuerons à diriger l’équipe MotoE ».