Dans son discours sur la méthode qu’il faudra garder en tête tout au long de la saison 2023 de MotoGP et surtout lors de son épilogue, Davide Brivio a insisté sur les valeurs différentes séparant les Japonais et les Européens, qui ruissellent forcément sur les méthodes de travail et la vision de la compétition. Pour comprendre encore un peu plus l’impact de ce contraste, il faut se pencher sur l’humeur radicalement changée d’un Razlan Razali qui a quitté Yamaha pour Aprilia…
Razlan Razali est un survivant de cette saison 2022 de MotoGP qui était sa première après l’ère Petronas. Cette dernière était marquée par une certaine opulence qu’il a fallu vite oublier pour vivre dans une constante précarité. Financière bien sûr, à tel point que le sponsor a quitté le navire depuis, technique ensuite avec une Yamaha que seul Fabio Quartararo cernait, et politique avec un Andrea Dovizioso jetant l’éponge dès Misano. Un choc amorti par un admirable Cal Crutchlow qui s’est remis dans le bain en apportant ses compétences et sa bonne humeur à des troupes ébranlées. De l’autre côté du box, Darryn Binder, parachuté directement depuis le Moto3, a fait ce qu’il a pu. Et ça n’a pas été si mal.
Au vu du contexte général, Razlan Razali n’était pas en position de séduire un constructeur pour un vrai partenariat sur le long terme. D’ailleurs Yamaha ne lui proposait qu’un bail client d’un an. Presqu’une forme de charité… Mais Aprilia a dit chiche, révélant cette audace européenne et notamment italienne dans l’abord de la compétition tant vantée par Davide Brivio dans une analyse que l’on trouvera ici. Une culture aussi marquée par la proximité et l’échange à cœur ouvert. D’ailleurs, ce n’est pas le premier travail en commun sur la piste de Valence lors du test d’intersaison qui a marqué le Malaisien. C’est un événement bien en amont.
Razlan Razali cherchait ces valeurs : « nous avons ainsi fait connaissance pour devenir une famille »
Une occasion qu’il décrit ainsi dans des propos repérés sur motosan : « tout a commencé par un fantastique dîner avec toute l’équipe RNF et Aprilia Racing. C’était pour faire connaissance et devenir une famille ». La base posée, la construction a commencé : « ils nous ont apporté un excellent soutien pendant le test, avec beaucoup d’ingénieurs et de support technique, pour s’assurer que notre premier test se déroule sans heurts, car tous les membres de notre équipe n’avaient jamais travaillé avec le RS-GP auparavant », a déclaré Razali.
« Nous avons terminé le test avec Miguel Oliveira à la quatrième place et Raul Fernández se familiarisant ensuite avec la moto », a-t-il mentionné ses deux nouveaux pilotes. « Nous attendons avec impatience les essais de Sepang pour découvrir le potentiel des deux pilotes. Nous avons hâte de nous remettre en piste l’année prochaine, d’être à nouveau compétitifs dans ce qui pourrait être la saison la plus exigeante de toutes, avec des courses de sprint le samedi et de nouveaux circuits en Inde et au Kazakhstan » a conclu Razali dont on aura compris qu’il ne regrette pas d’avoir choisi Aprilia en lieu et place de Yamaha. Pour peu, il en oublierait presque qu’il n’est plus le patron de son team, dont l’actionnaire majoritaire est maintenant le sponsor CryptoData…