Ramon Forcada est un chef mécanicien formé à l’ancienne. Entendez par là qu’avant de connaître la période actuelle où l’électronique fait la loi et où l’on reste propre sur soi, on mettait les mains dans le cambouis, et on conduisait aussi à l’occasion le camion… De quoi vous forger un caractère qui peut détonner aujourd’hui avec la nouvelle génération de pilotes. A présent au sein du team Petronas aux côtés de Franco Morbidelli, après avoir été invité à partir du box officiel à cause d’une mésentente avec Maverick Viñales, celui qui a été des trois titres de Jorge Lorenzo chez Yamaha se souvient de Por Fuera et insiste sur le fait qu’il ne faut pas confondre certaines valeurs…

Au micro de DAZN, les propos de Ramon Forcada sont forts. Relayés à la fois par Todocircuito et Motosan, le chef mécanicien se souvient de ses débuts qui remonte à l’ère préhistorique tant sa description du paddock d’alors ressemblait à une mosaïque mécanique cherchant à se fédérer. Aujourd’hui, tout est au contraire bien cadré, y compris les discours. Un moule étroit dans lequel Ramon Forcada ne se sent visiblement pas à son aise.

Il se souvient de son champion Jorge Lorenzo, qui a lâché le morceau fin 2019 en raison de ses blessures. Des doutes qui étaient déjà apparues et Forcada le rappelle : « lorsque Lorenzo est tombé à Montmeló et qu’il a eu une commotion cérébrale, ne se souvenant de rien, je l’ai déjà entendu dire qu’il arrêtait là les frais. Mais ça n’a duré que cinq secondes ». Il ajoute : « le problème est lorsque le pilote à travers les épreuves se croient invincible, à l’abri de tout. C’était le cas à Assen où il a chuté, s’est brisé la clavicule, il est parti se faire opérer pour revenir ensuite faire la course. Personne ne s’est alors demandé ce qui aurait pu lui arriver s’il était encore tombé. Sa chute au Sachsenring en 2013 avait été aussi impressionnante. En tant que chef mécanicien, on est aussi impacté par ces moments-là. »

On est aussi apparemment impacté par l’ambiance générale à laquelle il ne faut pas apporter trop de crédit. Certes, les membres d’une équipe passent plus de temps ensemble et des liens se créent. Cependant, dans ce commentaire, on sent comme une amertume : « il ne faut pas forcer la relation avec le pilote et les mécaniciens. Pour moi, ces équipes qui disent qu’ils sont une famille sont dans l’erreur. C’est artificiel. Quand c’est fini, c’est fini. » Comme un univers impitoyable.

 

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