Lin Jarvis avait pourtant donné le ton chez Yamaha lors de la présentation des troupes pour la saison 2023 de MotoGP : « nous allons au combat avec cette moto. Nous allons à la guerre », avait carrément annoncé l’Anglais. Et effectivement, au vu du déroulé de la précédente campagne marquée au fer rouge Ducati, il y a de la monnaie à rendre de la part de l’usine d’Iwata. En pièce centrale de l’offensive promise, il y a ce moteur quatre cylindres en ligne duquel une cavalerie plus puissante doit sortir pour sonner la charge. Rien ne semble plus simple comme acquis en écoutant la communication officielle venue d’Indonésie. Une illusion qui n’a pourtant duré que quelques heures…
L’audace européenne dans la manière de faire de la compétition en Grand Prix a fait ses preuves et doit inspirer des Japonais pris au dépourvus comme de vitesse s’ils veulent revenir dans la course. Chez Yamaha, on a beaucoup communiqué sur l’accord passé avec Luca Marmorini et son équipe dont le cœur de métier est d’embellir comme de métamorphoser les moteurs. Pour quel résultat, et, surtout dans combien de temps, sachant que l’espace-temps du pays du soleil levant est différent de celui en vigueur sur la planère rouge Ducati ?
Des données acquises et qu’on a d’abord pensé assimilées en écoutant les discours depuis Jakarta : Takahiro Sumi, directeur général du département sport moto de Yamaha, a ainsi déclaré : « nous avons travaillé dur sur la M1 pour aider Fabio Quartararo et Franco Morbidelli à se battre contre leurs puissants rivaux. Nous avons changé la moto dans presque tous les domaines, le moteur étant bien sûr notre numéro, une priorité ».
Yamaha ne peut pas attendre 2024
Des mots rassurants jusqu’à ce que Maio Meregalli s’en mêle… « Le fruit de la collaboration avec Marmorini sera vu en 2024. Le moteur de cette année est encore l’enfant de celui de 2021 et 2022, il se concentre sur le prochain ». Une douche froide à peine tiédie par cette mention : « la spécification du moteur 2023 sera certainement meilleure. La priorité était d’améliorer la vitesse. Les chiffres que les ingénieurs nous ont présentés sont réconfortants ». Certes mais c’est comme si le directeur sportif voulait tempérer les attentes suscitées par les premiers discours.
Le spectre du test de Valence, qui a été une déception sur l’évolution du moteur, plane donc déjà au-dessus des essais à venir à Sepang. Et ce ne sont pas les versions données sur le flop espagnol par Sumi-san comme par Meregalli qui rassureront sur ce que l’on peut espérer en Malaisie : « nous avions essayé trop de choses ensemble ou dans le mauvais ordre, et ce que le moteur devait donner, quelque chose d’autre l’a enlevé. Heureusement, c’est arrivé à Valence et on a pu réparer ça. Car ça aurait été bien pire à Sepang » dit l’Italien. Et le Japonais ? : « le résultat au test de Valence était quelque chose de différent de ce à quoi nous nous attendions. Mais après cela, nous avons beaucoup analysé les raisons. Donc tout est maintenant clair et nous sommes mieux préparés pour le test de Sepang. C’est quelque chose qui a déçu les pilotes, mais maintenant nous comprenons mieux et sommes mieux préparés pour Sepang ».
Pour terminer, il faut dire un mot sur la fameuse équipe satellite perdue que Lin Jarvis jure vouloir retrouver au plus vite. Là aussi, l’enthousiasme du début de prospection semble se diluer avec le temps qui passe. Avec cette mention en Indonésie qu’il n’est plus si grave de faire la saison avec seulement ses deux motos officielles : « cette année, nous serons sans équipe satellite cette année. D’une certaine manière, je ne pense pas que ce sera un gros déficit, car cela nous permettra de nous concentrer uniquement sur les motos d’usine ». On rappellera que le même a mentionné la saison passée qu’avec huit motos. Ducati avait un avantage en termes de développement. Mais on n’en est plus à une contradiction près.
Mais tout de même, Lin Jarvis ajoute : « nous aimerions revenir à avoir une équipe satellite, cela ne fait aucun doute ». L’Anglais précise aussi : « c’est compliqué d’expliquer les opportunités et les obstacles auxquels nous sommes confrontés. Mais si nous pouvons résoudre certains des obstacles, nous pourrions envisager 2024. Sinon, je suis assez confiant que d’ici 2025, nous aurons à nouveau une équipe satellite ».
Puis Lin Jarvis termine avec cette phrase, qui révèle que rien n’est en fait compliqué pour expliquer la difficulté qu’a Yamaha de retrouver un partenaire après avoir perdu RNF qui s’est rué dans les bras d’Aprilia : « nous devons vraiment nous assurer que nous avons une moto qui sera pleinement compétitive pour cette saison et pour l’avenir, 2024 et 2025 ». Il faudra faire vite car en 2026, un nouvel accord technique sera validé en MotoGP. Raison de plus pour tenir son rang dès 2023 et ne pas s’en remettre déjà à 2024.