Joan Mir peut sans doute s’en offusquer, mais contrairement à ce qui a été réservé à la conquête de son titre mondial en MotoGP en 2020, la concrétisation de Fabio Quartararo ne souffre, elle, d’aucune contestation. On n’a pas décelé, comme pour l’officiel Suzuki, la moindre agaçante interrogation sur la beauté du parcours ou la légitimité de son issue. Le pilote d’usine Yamaha sort d’une campagne à 18 joutes au lieu de 14, a croisé le fer avec un Marc Marquez présent et triple vainqueur bien que diminué, contrairement à son forfait en 2020. Et il a raflé cinq succès contre un à l’Espagnol. Voilà pour la partie visible de l’iceberg. Pour l’autre morceau, moins décelable, il faut se référer à un homme qui connait tous les secrets du box Yamaha : Ramon Forcada…
Ramon Forcada, on le rappellera, a été des trois titres de Jorge Lorenzo en MotoGP sur la M1, il a été au service de Maverick Viñales, ce qui ne lui a pas servi puisqu’il a dû quitter le giron officiel pour devenir cependant incontournable dans la structure satellite de la marque. C’est là, aux côtés de Morbidelli, qu’il a appris à connaître Fabio Quartararo alors sous les couleurs Petronas avant de filer dans le coin habité par Valentino Rossi. Cette connaissance intérieure lui permet d’apporter un éclairage particulier sur le parcours 2021 du Français.
Sur Moto.it, on peut ainsi lire son avis : « il a eu une saison très intelligente, vérifiant et terminant toutes les courses » commente l’Espagnol. « C’est quelque chose qui est fondamental dans le MotoGP d’aujourd’hui, comme nous l’avons déjà vu en 2020 lorsque Joan Mir était le plus constant. Il a fait ce qu’il avait à faire et ce qu’il s’était fixé immédiatement : gagner le championnat ».
Avec cette cible obsessionnellement dans le viseur, Fabio Quartatraro a adopté le bon tempo, sachant se résigner à un bon résultat autre que la victoire afin de récolter des points précieux. Mais il y avait aussi autre chose, qui n’a pas le moins compté : « il n’avait aucun vice et son style pouvait immédiatement être le meilleur pour cette moto ». Car le tricolore s’est formé et révélé en MotoGP avec la Yamaha M1. Il n’a jamais connu une autre machine que celle-ci.
« Dovizioso, tout comme Quartararo, comprendra très bien comment faire fonctionner la Yamaha«
Une complicité qui est une plus-value et qui pose la question de savoir si le pilote serait aussi efficace avec un autre modèle. Un aspect dont a déjà parlé celui qui avait changé sa Yamaha pour une Ducati puis pour une Honda, pour finir à la retraite, soit Jorge Lorenzo. Por Fuera a prévenu car il l’a démontré, que l’herbe n’était pas plus verte ailleurs.
Mais Ramon Forcada prend le raisonnement autrement, en l’appliquant à son actuel pilote qu’est Andrea Dovizioso. Or, celui-ci sort de huit saisons avec la Ducati… « Il est venu comme enserré dans l’étau d’une autre moto » précise-t-il. « Mais Andrea Dovizioso est un pilote vraiment fort et, tout comme Fabio, il comprendra très bien comment faire fonctionner la Yamaha ». On attend de voir ça en 2022, comme sans doute Yamaha qui, pour le moment, ne peut compter que sur Fabio Quartararo pour jouer aux avant-postes. Une conjoncture qui ne lui a pas échappé tandis que les négociations pour son contrat après 2022 ont été lancées par son manager Eric Mahé avec sa formule désormais célèbre du « tout est ouvert ».