En faisant très bien son travail, en sachant lire un règlement et en se donnant les moyens de réussir, Ducati a révolutionné l’évolution technique d’une MotoGP pour cueillir aujourd’hui les fruits de son labeur. A un point tel que la concurrence japonaise a été balayée, se retrouvant dans une situation si critique que le promoteur Dorna veut les sauver en leur définissant des points de concession qui leur permettraient de se relancer. A condition, quand même, de prendre la peine de saisir la balle au bond en se remettant en question. Ducati a su le faire en tenant la ligne de son engagement technique, contre parfois l’avis de ses pilotes vedettes. Qu’il ne fallait effectivement pas écouter …
Un élément qui est aussi à prendre en compte dans le succès des uns et la situation d’échec des autres dans ce MotoGP qui se fait à présent le chantre de l’industrie européenne, écrasant une homologue japonaise qui l’avait biffé du paysage au siècle dernier. Une vraie revanche.
Dans ce paysage, les pilotes ont eu leur part d’action. Et Gigi Dall’Igna a déjà dit ce qu’il en pensait en regardant la situation de Yamaha et de Honda : « leur erreur stratégique a été de suivre un seul pilote, de baser le développement de leurs motos sur les résultats et les sensations de leur champion, donc Fabio Quartararo pour Yamaha et Marc Marquez pour Honda ». Et il explique : « souvent, ce que vous dit le meilleur pilote, le champion, n’est pas la vérité car son talent couvre les problèmes dont souffre la moto. Paradoxalement, pour bien développer un projet, il faut écouter toutes les voix, tous les pilotes ».
« Pour bien développer un projet MotoGP, il faut écouter toutes les voix, tous les pilotes »
Un point de vue que Ramon Forcada ne contredirait pas. Sur Moto.it, celui qui a tout de même participé à la conquête de quatre titres mondiaux, soit un avec Criville et les trois autres avec Jorge Lorenzo, rappelle en effet ce que l’on oublie souvent : « Fabio Quartararo a remporté un titre sans jamais rien changer sur la moto ».
Ce n’est qu’ensuite qu’il a réclamé à cor et à cri une orientation technique basée sur plus de puissance moteur. Cal Crutchlow le pilote test, et Andrea Dovizioso alors chez feu le team satellite Petronas, avaient prévenu qu’une telle voie dégraderait aussi la qualité première de la M1, soit sa maniabilité. Ce qui se vérifie aujourd’hui.
Un grand champion n’est donc pas synonyme de bon metteur au point et cela se remarque chez Honda depuis que Marc Marquez est écouté que Dani Pedrosa n’est plus là. Mais il est chez KTM et on en voit les résultats.