Lors de son très long débriefing que nous retranscrirons en intégralité, Pit Beirer a bien sûr explicité le dispositif mis en place par KTM pour la saison MotoGP à venir, mais a également dû partager sa vision sur deux sujets de l’actualité passée : les tensions entre Remy Gardner et Raúl Fernández fin de saison dernière, et la séparation quelque peu épicée avec Danilo Petrucci.
Concernant les deux leaders du championnat du monde Moto2 2021, Remy Gardner et Raúl Fernández, qui se retrouvent cette année en tant que rookies dans le team Tech3, le directeur sportif de KTM ne se fait pas trop de soucis mais reconnaît que l’avenir n’est pas écrit…
« Quand vous avez deux pilotes fantastiques qui jouent le même objectif, il y a quelques frictions. On a appris cela en tant que groupe dans beaucoup de disciplines, donc si vous avez des champions qui veulent gagner, cela va loin et au final ils essaient également de mettre le team de leur côté. Mais bien sûr, nous, en tant que constructeur, équipe ou du côté d’Aki Ajo, nous essayons d’aider tous ces garçons comme si c’était nos enfants, et au final ils doivent se débrouiller sur les circuits. Je pense qu’à ce moment la meilleure chose était de ne rien commenter et de laisser redescendre un peu les choses, car les gars s’étaient mis énormément de pression sur eux. Bien sûr, l’un d’eux a été extrêmement heureux car il a remporté le championnat, et l’autre l’a perdu et n’était pas heureux moment. C’est clair, mais je peux confirmer que tout va bien car nous avons passé cette semaine en Autriche et tout le monde s’est assis à la même table, tous les quatre pilotes et les teams managers, donc je pense qu’il n’y aura pas le moindre sujet de désaccord. Mais bien sûr, les garçons vont à nouveau avoir le même objectif et chacun va vouloir être le meilleur, donc nous verrons ce que le futur apporte. »
Pour Raúl Fernández, l’histoire est close: « Ma relation avec Remy est incroyable, et c’était déjà le cas l’an dernier. Je ne peux pas dire que nous sommes amis, mais nous pouvons très bien aller dîner ensemble sans que cela pose le moindre souci. Le passé, c’est le passé : à présent je suis pleinement concentré sur ce nouveau projet avec KTM, et je suis très content de rester dans le giron cette année encore. Je souhaite vraiment faire progresser la moto, et m’améliorer. »
Quant à Danilo Petrucci, à qui KTM a offert une participation au Dakar après l’avoir éconduit en MotoGP, il faudra visiblement laisser le temps au temps pour que l’Italien oublie ses griefs bien présents malgré une splendide prestation en Arabie Saoudite, et voit plus le bon côté des choses que le mauvais. Mais c’est juste une question de temps et, du côté de Mattighofen, la porte n’est pas fermée…
« Avant tout, il a fait un travail incroyable ! Quand nous
l’avons annoncé, les gens ont cru que c’était un genre de coup
marketing et je pense que personne n’a compris le plan qu’il y
avait derrière. Mais je savais vraiment quel genre de bon pilote
tout-terrain il était, et je savais qu’il avait ce rêve. Et nous
l’adorons en tant que personne, donc la séparation de ne pas
pouvoir continuer en MotoGP a été très douloureuse pour moi. Nous
avons senti que c’était quelque chose que nous pouvions lui donner,
comme une sorte de cadeau. Non pas car nous avions besoin d’un
autre pilote de rallye fort, car nous avons une équipe très forte,
mais c’était simplement quelque chose que nous voulions lui donner,
comme une marque de respect de ce qu’il avait fait pour nous. Il y
est donc allé, il a piloté, il est devenu plus rapide chaque jour,
il a remporté une étape, et c’était fou ! Bien au-dessus de nos
attentes ! Car nous l’avons payé, même un salaire, et j’avais
dit « je coupe le bonus en deux ». Il avait
demandé « pourquoi tu coupes le bonus en deux
? ».
« Comme ça, nous mettons la deuxième partie du salaire si tu
franchis la ligne d’arrivée ». Je ne voulais pas qu’il
soit trop motivé par le bonus en visant le podium et qu’il chute en
en faisant trop, mais il a quand même gagné une étape. Donc tout a
été fantastique, mais il avait demandé auparavant si nous pouvions
lui offrir quelque chose directement et quel pourrait être son
futur avec KTM, mais à ce moment nous ne pouvions pas lui offrir
quelque chose pour qu’il court pour nous sur l’asphalte. Je pense
qu’il n’y a pas de porte fermée pour lui pour la saison à venir
mais il devait relever le challenge. Quand nous avons fait nos
plans et qu’il a fait son plan, personne ne le voyait comme un
vainqueur d’étape au Dakar. Cette chose est arrivé et il devait
aussi voir à quel point le Dakar peut être difficile et dangereux,
donc je ne suis pas si sûr qu’il veuille maintenant vraiment
débuter une carrière en rallye, mais il sait où nous sommes et je
suis sûr qu’il nous donnera un coup de téléphone cet été. Pour être
vrai, pas cet été, car nous voulons nous asseoir et quand tout sera
un peu plus calme et quand tout sera plus clair, car je ne sais pas
à quel point son futur est clair pour cet été, mais nous aurons
cette réunion face-à-face pour revenir sur le Dakar passé. Il est
certain que nous l’aurons en face de nous. »