Lorsque l’on constate l’écart qu’Aleix Espargaró est capable de créer avec une Aprilia qu’il connait depuis 2017 sur un Maverick Viñales plus jeune et au palmarès plus fourni, lorsque l’on voit un Fabio Quartararo faire des miracles avec une Yamaha qui est une calamité pour ses équipiers de marque, il faut arriver à cette conclusion : en MotoGP, il n’existe pas de moto si supérieure aux autres qu’il faut l’avoir absolument pour être Champion du Monde. En revanche, il faut un pilote qui à force de travail à développer une telle complicité avec sa monture qu’elle en est l’optimisation de son propre style de pilotage…
A cette réflexion, on mettra peut-être à part le cas Ducati dont la compacité des bonnes performances et le partagé des victoires et autres podiums laissent à penser que la Desmosedici depuis la GP21 a quelque chose de spécial en termes de convivialité. Mais sinon, on comprend parfaitement pourquoi Fabio Quartararo ne pouvait que confirmer avec Yamaha, même si la M1 n’est pas parfaite. En revanche, c’est la moto idéale pour lui. Une osmose développée sur fond de stabilité qu’a mis en exergue son manager Eric Mahé lorsqu’il a commenté le nouveau bail de deux ans du Champion du Monde avec la marque d’Iwata.
Une stabilité, une entente développée dans le temps et un travail de tous les instants, voilà sans doute la recette du succès. Plus qu’une vitesse de pointe, une trouvaille technique, dont la spontanéité en termes de résultats chiffrés ne fait pas le gain d’un championnat. Là encore, le parcours de Fabio Quartararo en est l’exemple frappant. Mais aussi celui de Maverick Viñales au sein d’Aprilia.
Un chemin qu’a ainsi jalonné le chef mécanicien d’Aleix Espargaró qui n’est autre que le retaillé Antonio Jimenez. Chez nos coéquipiers d’After Sunday, on l‘entend argumenter ainsi : Maverick Viñales a démontré qu’il était capable parce que, en course, il est rapide, mais le problème c’est qu’il part toujours derrière et en plus il part très mal. Moi je crois que c’est plus une question de mentalité parce que le potentiel il l’a, tout le monde le sait qu’il l’a, mais bon pourquoi il lui arrive des trucs pareils qui lui arrivaient chez Yamaha, pourquoi il a quitté une moto qui était champion du monde pratiquement à la mi-saison ça c’est difficile à dire tu sais ».
Antonio Jimenez : « Maverick Viñales sait que cette moto a du potentiel mais il va falloir qu’il s’adapte un petit peu à la rouler comme elle est«
On comprend que le cas particulier du pilote Maverick Viñales est singulier. Mais il ajoute : « dans le box j’essaie de me concentrer sur mon côté mais j’espère pour lui qu’il va y arriver parce que de toute façon c’est une aide en plus pour Aleix aussi. Car il peut être plus rapide que lui sur un secteur ou deux donc maintenant je peux aller voir quelque chose dans les data et ça, ça nous aide toujours pour améliorer et pour être plus rapide. Car le premier ennemi est dans ton box ».
Et il termine : « Viñales a un style de pilotage à la Jorge Lorenzo alors qu’Aleix est plus au centre de la moto, il met plus de charge verticale sur la moto il se déhanche très peu. Il faut s’adapter à une moto construite autour d’Aleix. Maverick sait que cette moto a du potentiel mais il va falloir qu’il s’adapte un petit peu à la rouler comme elle est. Je ne dis pas la piloter comme Aleix, il doit garder son style mais il doit aussi encore beaucoup apprendre pour tirer au maximum le potentiel de cette moto qui demande à être entrée très, très fort sur les freins dans les virages ». Malgré tout ce qui est dit sur l’électronique ou les ailerons, le MotoGP reste une affaire de pilote.