La seconde partie de cette saison MotoGP sera intéressante à bien des égards. Certes, d’un point de vue sportif, personne ne doute d’une issue avec un Marc Márquez à nouveau couronné. Mais la morosité ne sera tout de même pas de cette deuxième mi-temps en MotoGP. Entre autres choses, comme par exemple le baroud d’honneur de Ducati, on sera attentif au choc des générations avec, à un bout de l’histoire, le jeune Quartararo et, à l’autre extrémité, Valentino Rossi. 20 ans séparent les deux pilotes. Et l’un pousse l’autre…
C’est la marche inexorable du temps qui veut ça. Et d’autres champions ont connu cette situation qui leur fait prendre conscience que tout a un début et une fin. Dès la rentrée de Brno, Valentino Rossi voudra retrouver les avant-postes et biffer cette mauvaise passe vécue avec trois chutes dans trois Grands Prix qui lui avaient tant apporté jusque-là dans sa carrière. D’autant plus que, chez Yamaha, on ne se cache plus qu’il n’est pas indispensable. Dixit Lin Jarvis lui-même.
Le bout du chemin est-il arrivé ? Normalement, un point de situation doit être fait fin 2020, moment où le présent contrat qui lie Yamaha à Rossi arrivera à échéance. S’il en est un qui peut diagnostiquer la situation actuelle du Doctor, c’est bien Giacomo Agostini, son illustre compatriote : « Valentino est toujours capable d’excellentes performances » dit-il dans les colonnes de la Corriere della Sera. « Personne n’a le droit de lui dire quoi faire. Mais personne mieux que lui ne peut analyser la situation qu’il vit. Quand je me battais pour la deuxième ou la troisième place et que la victoire s’échappait, je me suis rendu compte que le jour de la capitulation allait arriver ».
Le quindécuple champion du monde se met dans la peau de son cadet en se rappelant le moment où il a pris la difficile décision de raccrocher son casque : « j’ai pleuré pendant deux jours, je me suis réveillé la nuit en transpirant. Je rêvais de piloter à nouveau, mais à l’intérieur, je savais que j’avais pris la bonne décision. Comment l’ai-je prise ? Lorsque certains résultats n’étaient plus accessibles. Je pouvais gagner à nouveau, mais je savais que quelque chose avait changé ».
Ce qui est certain, c’est que, aujourd’hui, le MotoGP connait un changement de génération. Mais d’autres sports ont connu ce moment historique : « quand il prendra sa retraite au début, on souffrira. Ce fut également le cas pour Muhammad Ali, pour Maradona, pour Eddy Merckx. Tous ont laissé un vide parce que le grand public aime ceux qui durent dans le temps et acceptent à chaque fois la confrontation, sachant qu’ils peuvent la gagner à nouveau. Mais le destin des grands est d’être battu. Tôt ou tard arrive quelqu’un de meilleur que toi ».