Pol Espargaró a beau en être à sa neuvième saison en MotoGP alors que Enea Bastianini entame seulement sa deuxième, c’est ce dernier qui fait figure de vieux briscard à l’issue du Grand Prix du Qatar.
Tout s’est joué sur la grille de départ, quand les deux pilotes ont décidé d’un changement de pneus de dernière minute, l’Espagnol troquant son pneu avant médium pour une gomme tendre, comme ce qui équipait déjà l’arrière de sa Honda RC 213 V, alors qu’à l’inverse l’Italien faisait le choix raisonnable d’échanger son pneu arrière tendre contre un médium qui correspondait déjà au tendre de l’année passée.
Dès lors, les jeux étaient faits, et le pilote Gresini n’a plus
eu qu’à attendre que le pneu arrière de Pol
Espargaró commence à se détériorer au 14e tour
pour accélérer son rythme de façon croissante jusqu’au 17e tour,
avant de passer le pilote Honda au 18e des 22 tours.
Une stratégie limpide qui a pleinement fonctionné de la part de
Enea Bastianini, malgré le départ stratosphérique
de Pol Espargaró : bravo au jeune
pilote de Rimini qui écrit là un cas d’école !
Passons maintenant à Fabio Quartararo, victime
d’une hausse de pression indésirable de son pneu avant
(voir ici).
Les courbes nous montrent que El Diablo a bien
débuté sa course, même mieux que lors du Grand Prix de Doha qu’il
avait pourtant remporté l’an dernier. On voit effectivement qu’à
partir du sixième tour le rythme du Français se ralentit de
quelques dixièmes mais reste très régulier. Par rapport à l’année
dernière, et malgré son problème de pneu avant, cela permet au
pilote Yamaha d’effectuer les 22 tours de sa course en 42m24s741
contre 42m23s997 en 2021: malgré des courses aux configurations et
des résultats bien différents, plus régulier, tu meurs !
Cela est une bonne chose quant à l’aptitude du pilote à donner son
meilleur, moins quant à la progression de la Yamaha d’une année sur
l’autre…
Ne tirons toutefois pas de conclusion hâtive car l’année dernière
les pilotes MotoGP avaient eu droit à des tests et deux courses sur
le circuit de Sepang. Attendons donc Mandalika, où le Niçois a fort
bien roulé lors des tests hivernaux, pour juger du vrai potentiel
pilote-moto cette saison.
Regardons maintenant une troisième figure qui nous interpelle:
la comparaison entre la meilleure Ducati lors du dernier Grand Prix
à Doha en 2021, celle de Johann Zarco (2e), et la
meilleure Ducati lors du Grand Prix du Qatar 2022, celle de
Enea Bastianini (1er). On parle là de la même
moto, une Ducati Desmosedici GP21… et il n’y a pas photo : malgré
l’absence d’essais hivernaux sur la piste qatarie cette année, et
malgré la présence de deux Grand Prix sur le tracé de Losail l’an
passé, Enea Bastianini a fait une course parfaite
et a « collé » plus de 12 secondes au pilote français
(42m13s198 contre 42m25s454) !
Là encore, nous ne tirerons aucune conclusion prématurée et
attendrons quelques courses pour savoir si, ce qui est
vraisemblable, la GP21 s’est bonifiée au fil des mois en 2021 pour
aboutir à la moto particulièrement performance que nous avons vue
dimanche, ou si l’Italien l’exploite mieux que le pilote
français.
Pour rappel, celui-ci a porté la première GP22 en huitième position
lors du Grand prix du Qatar 2022, en 42m23s734 malgré un problème
technique au départ (voir ici).
Au chapitre des progressions, on ne pourra évidemment pas passer sous silence celle de Brad Binder, 8e en 2021 en 42m28s976, 2e cette année en 42m13s544, soit une amélioration de près de 15 secondes !
La suite la semaine prochaine…