La manche inaugurale de la saison MotoGP 2022 a débouché sur la première victoire d’Enea Bastianini dans la catégorie reine, au terme d’une course parfaitement maîtrisée qui a vu l’Italien prendre les commandes dans les tous derniers tours au détriment de Pol Espargaró.
Le pilote de l’équipe Gresini est revenu sur son succès en conférence de presse, et nous vous retranscrivons ici l’intégralité de ses propos.
Enea, c’est un début de
saison rêvé pour vous. L’an dernier vous aviez déjà démontré être
un excellent finisseur en étant très performant dans les sept ou
huit derniers tours de course…
« Je suis très
excité aujourd’hui. Nous savions depuis les essais hivernaux que
nous avions un très bon potentiel. Lorsque nous sommes arrivés ici
nous avons réalisé un autre pas en avant au niveau des réglages et
de l’électronique, ce qui m’a permis samedi de réaliser pour la
première fois un très bon chrono en qualifications et de démarrer
sur la première ligne de la grille. Le meilleur pneu pour moi était
le medium à l’arrière, nous l’avions testé durant le warm-up et
j’avais déjà cerné tout son potentiel. Le pneu soft était trop
instable dans les virages lents pour moi. La première partie de la
course n’a pas été facile car Pol Espargaró attaquait vraiment fort
devant, mais le pneu medium était clairement le meilleur pneu dans
les derniers tours, et c’est cela qui m’a donné la possibilité de
réduire l’écart pour remporter la victoire. »
« Le pneu medium était clairement le meilleur dans les derniers tours »
Pol Espargaró a en effet
creusé un sérieux écart sur vous à un moment durant la course. Ce
dernier a ainsi pu atteindre les deux secondes. Pensiez-vous alors
vraiment pouvoir le rattraper ?
« J’avais
confiance, même si mes adversaires directs Pol et Brad Binder ont
réalisé une course incroyable. Je pense que les Honda, KTM et aussi
Suzuki ont fait un très grand pas en avant par rapport à l’an
passé, et à présent tous les pilotes sont vraiment très proches en
termes de performance. Tout se joue donc à présent sur des détails,
qui sont la clé du succès en MotoGP désormais. »
Cette victoire intervient
dans un contexte émotionnel important, un peu plus d’un an après le
décès de Fausto Gresini, celui qui vous a mis le pied à l’étrier
dans la catégorie reine…
« C’est vraiment bien
[d’avoir obtenu cette victoire] et à présent Nadia [Padovani, veuve
de Fausto Gresini et qui l’a remplacé à la tête de l’équipe] a
repris les rênes et je dois dire que l’atmosphère dans le garage
est fantastique. Tous les gars sont extrêmement motivés, et c’est
cela qui nous a permis d’aller chercher un tel résultat
aujourd’hui. »
Pouvez-vous nous décrire
votre dernier tour de course ? Qu’avez-vous ressenti lors de
ces deux dernières minutes ?
« Ce fut
probablement l’un des tours les plus longs de toute ma vie !
La seule autre fois où j’ai dû ressentir cela c’était lorsque j’ai
remporté le titre en Moto2 à Portimão [en 2020]. Ce ne fut vraiment
pas facile car Brad Binder était vraiment proche de moi, mais je ne
voulais pas pour autant trop attaquer et ne pas prendre de risque
inconsidérés qui auraient pu compromettre mon résultat. »
Pouvez-vous nous raconter
l’émotion que vous avez ressentie sur le podium auprès de Nadia
Padovani, alors qu’il ne s’agissait que de la première course du
retour de l’équipe Gresini comme équipe indépendante ?
« La première sensation que j’ai eue, ce fut la surprise, car
si c’est génial pour moi de finir sur le podium, la victoire n’en
était pas moins inattendue. Quand j’ai regardé Nadia dans les yeux
ça m’a rappelé le regard de Fausto, la détermination qui s’en
dégageait pour faire quelque chose de bien avec cette équipe.
»
Vous disposez d’une GP21.
Pensez-vous pouvoir remporter d’autres courses sur une base
régulière durant toute la saison ?
« La GP21
est une très bonne moto pour moi. Quand je l’ai essayée l’an
dernier à Jerez, j’avais déjà bien perçu tout son potentiel. Mais
ne faisant pas partie d’une équipe d’usine, je ne sais pas vraiment
si je vais pouvoir bénéficier de nouvelles pièces émanant de la
machine de 2022. Mais pour le moment il est clair qu’il s’agit de
l’une des meilleures motos du plateau, et que je suis probablement
dans la meilleure équipe. »
« La GP21 est pour le moment l’une des meilleures motos du plateau »
Pol Espargaró a mentionné
des problèmes de consommation de carburant. Avez-vous rencontré le
même type de souci ?
« Je n’ai pas eu ce
souci sur cette piste. J’ai été très lent lors de mon tour de mise
en grille, ce qui m’a permis de débuter la course avec le maximum
de carburant que je pouvais espérer. Donc je ne peux pas dire que
cela a été un véritable problème pour moi durant cette
épreuve. »
Est-ce que vous avez eu tout
le temps la situation sous contrôle durant la course ?
« Oui, plus ou moins, même si quand j’ai vu Pol devant être si
rapide j’ai pu avoir des doutes. Mais je savais pertinemment que
j’avais le pneu medium à l’arrière, et qu’avec lui je pouvais être
un peu plus rapide lors des derniers tours de course. Et c’est bien
ce qu’il s’est passé : j’ai pu me rapprocher de Pol en fin
d’épreuve, jusqu’à le doubler alors qu’il devait rester cinq ou six
tours. »
Cette victoire peut-elle
changer les objectifs que vous avez cette saison au
championnat ?
« Je ne sais pas si je vais
pouvoir être aussi rapide que cela sur tous les autres circuits,
mais pour le moment nous avons vraiment une bonne moto, avec un bon
potentiel. Nous avons été rapides lors des différents tests
auxquels nous avons participés, que ce soit à Jerez, à Mandalika,
ou bien sûr en Malaisie où j’ai pu réaliser le record de la piste.
Je vais essayer de viser le podium le plus souvent possible cette
année, même si je pense que cela sera sans doute plus difficile par
moment. »
« Je vais essayer de viser le podium le plus souvent possible cette année »
Quelle est la chose la plus
importante que vous avez pu apprendre de cette
course ?
« Je n’avais pas de plan préétabli
aujourd’hui, car c’était la première fois que je partais depuis la
première ligne en MotoGP. Durant la majeure partie de la course
j’étais un peu en retrait, en quatrième ou cinquième position. Le
fait est que je devais impérativement économiser les pneus pour la
fin de la course, et c’est probablement sur ce point que j’ai le
plus appris. Je pense néanmoins que depuis deux ou trois ans la
meilleure chose à faire est d’économiser ses pneus pour bien gérer
la dernière partie de la course. C’est d’ailleurs ce qu’essayent de
faire la plupart des pilotes, mais je dois être celui qui s’en tire
le mieux sur ce point. Nous allons voir si nous parvenons à
continuer dans cette direction lors de la prochaine course.
»
Vous êtes de nature très
calme, toujours avenant, quand bien même la situation n’est pas
facile. Dans quelle mesure pensez-vous que cela vous aide en tant
que pilote ?
« Je pense que j’ai beaucoup
changé de tempérament par rapport à quand je suis arrivé en Grands
Prix en 2014. J’étais alors vraiment très agressif, mais à présent
j’essaie vraiment d’être plus calme, notamment lors des essais
libres, car je pense qu’être nerveux dans ce sport, comme dans tous
les autres d’ailleurs, n’est vraiment pas la meilleure chose qui
puisse arriver. »