Ce Grand Prix du Qatar qui ouvrait la saison 2022 de MotoGP restera parmi les bons souvenirs de la famille Binder. Il y en deux sur la grille de départ, deux frères au parcours bien différent et aux ambitions tout aussi peu semblables. Il y a d’abord l’ainé Brad, officiel KTM qui a carrément joué la victoire et qui a ravi son employeur en terminant second de l’épreuve. Et il y a le cadet Darryn, propulsé, depuis la Moto3 d’où il n’a que peu brillé, dans la mêlée des meilleurs pilotes du monde, le tout au guidon d’une Yamaha satellite version 2019 dont personne ne voudrait. Le risque était grand pour le rookie. Mais il ne s’en est pas si mal sorti, même si Remy Gardner aimerait lui toucher deux mots sur sa façon de rouler…
Cette première prestation de Darryn Binder aurait même pu toucher à la félicité avec la récolte du point de la quinzième place. Remy Gardner l’a privé de ce plaisir qui aurait été tout de même une petite sensation de la part du nouveau venu depuis directement la Moto3. Mais avec son antique Yamaha, il a tout de même réussi à devancer Di Giannantonio sur une Ducati et Raul Fernandez sur une bonne RC16 aux couleurs de Tech3.
Autant dire qu’il a surpris ses détracteurs en finissant deuxième meilleur débutant, en ratant de peu les points malgré qu’il s’élance de loin : en qualifications, le pilote RNF Yamaha n’avait en effet pris que la 24e et donc la dernière place sur la grille, mais après le premier tour de la course, il s’était déjà frayé un chemin jusqu’à la 21e place. « J’ai appris plus dans les 22 tours de course que dans les plus de 100 tours pendant les tests », a commenté le du Sud-Africain. Le frère cadet du pilote KTM deuxième de la course, Brad Binder, a ajouté : « le week-end n’a pas été facile pour moi, j’ai continué à avoir divers problèmes, et la chute des qualifications n’a pas été idéale non plus. J’avais l’impression que j’aurais pu être meilleur à chaque séance d’essai, mais je n’ai jamais réussi ».
Le pilote de 24 ans s’était donc fixé des objectifs modestes pour sa première course MotoGP : « mon objectif principal était de finir la course et d’apprendre le plus possible dans les 22 tours. J’ai pris un bon départ, même si j’avais un peu peur à l’entrée du premier virage. Je ne savais pas si les freins étaient assez chauds et comment le réservoir plein se comporterait au freinage, ce qui me rendait un peu nerveux » avoue-t-il a posteriori.
Darryn Binder : « c’était vraiment effrayant en début de course »
« Mais à la fin du premier tour, j’ai réalisé que j’étais assez rapide par rapport aux gars devant moi, alors j’ai commencé à les dépasser. » Binder a poursuivi : « À partir du cinquième tour, le pneu s’est lentement dégradé, alors j’ai pensé que j’allais avoir de gros problèmes. Mais une fois que j’ai changé la cartographie et que je me suis un peu calmé, les choses se sont très bien passées ». Un avis que ne partage pas Remy Gardner qui a sévèrement critiqué le style de son adversaire encre marqué par le Moto3.
Lorsqu’on lui a demandé quelles étaient les plus grandes différences entre une course Moto3 et une course MotoGP, Darryn Binder a répondu : « bien sûr, la différence est énorme. C’était vraiment effrayant en début de course, surtout quand on sort du sillage et qu’on sent les turbulences de l’air. De plus, lorsque vous freinez derrière un pilote, cela vous attire vraiment, donc j’ai dû beaucoup me concentrer. J’avais peur que si je freinais jusqu’à mon point de freinage normal à cause de la vitesse supplémentaire de l’aspiration, je ne serais plus capable de prendre le virage ».
Mais le cadet des Binder a livré une course propre et a raté son premier point en MotoGP d’un centième de seconde seulement. « Pour finir, j’ai pu doubler quelques coureurs, ce qui m’a donné confiance. Pendant le test, j’ai été dépassé par d’innombrables pilotes, mais je n’ai jamais eu la chance de dépasser quelqu’un moi-même ». Il y a un début à tout.
