C’est un Johann Zarco parfaitement conscient de sa situation sportive et technique qui aborde ce Grand Prix du Qatar. Une échéance qui sera non seulement la première de cette saison MotoGP mais aussi celle qui marquera le début de son aventure avec Honda dans une compétition officielle. Le Français s’attend à être plus rapide ce week-end que lors des tests d’intersaison sur le même tracé de Losail. Cela étant dit, il ne cache pas qu’il œuvre dans un chantier HRC révélé à ciel ouvert dans le but de porter à nouveau la marque au firmament…
Chez Honda comme chez le compatriote Yamaha, on travaille pour retrouver son lustre d’antan, mais le chemin sera encore long avant de pouvoir acter cette reconquête. En quittant sa Ducati Pramac pour une RC213V LCR, Johann Zarco savait cependant à quoi s’attendre, et il n’a pas été déçu … Il a en effet terminé la dernière journée d’essais au Qatar le 20 février à la 17ème place, à 1,2 seconde de Pecco Bagnaia, qui a été le plus rapide de la journée. Mais le tricolore s’est aussi montré comme le pilote Honda le plus rapide…
Avec ce bilan en tête, le Français s’est présenté devant la presse avec une bonne humeur non feinte : « je suis très motivé. Les sensations sur la moto sont plutôt bonnes. Je pense que nous pouvons être plus rapides que lors des tests effectués ici. Nous avons réglé beaucoup de choses. Nous devrions désormais disposer d’une base stable sur laquelle bâtir. La prochaine étape sera de jouer avec le setup pour exploiter le potentiel qui est sans aucun doute là ».
Sur ce qu’il espère tirer de ce premier rendez-vous de l’année avec la Honda, il déclare : « si tout se passe bien, nous devrions entrer dans le top 10. Ce serait une bonne première étape. Je sais que c’est possible, mais ma performance personnelle doit aussi être bonne ».
Johann Zarco : « en termes de résultats, je ne ressens pas autant de pression que les années précédentes et cela me facilite la vie, d’une certaine manière »
Le double Champion du Monde ne cache pas que cette nouvelle posture lui a demandé un ajustement mental. Car il est tout de même passé du statut de potentiel vainqueur à chaque Grand Prix à celui dont on attend à peine un classement dans les points : « oui, c’est différent » convient-il. « Mais même lors des tests, j’étais satisfait du travail que nous avons effectué. La frustration venait plutôt d’autres choses : ne pas avoir suffisamment de temps pour aller au fond des choses ou s’habituer aux changements. Bien sûr, je ne serai pas content si je me retrouve à la 17ème place dans les listes de résultats, mais je suis prêt à l’accepter ».
Johann Zarco précise alors : « j’ai actionné cet interrupteur mental il y a longtemps. Je veux obtenir de bons résultats, mais je ne ressens pas autant de pression que les années précédentes. Cela me facilite la vie, d’une certaine manière ».
Sur le travail qui sera immanquablement accompli pendant cette campagne MotoGP sur la Honda ne serait-ce qu’en raison des nouveaux points de concession, le pilote LCR écarte la perspective d’une Grand Prix du Qatar à considérer comme une séance d’essai grandeur nature : « ce ne sera pas le cas en début de saison. Mais au cours de celle-ci, nous pourrions utiliser les courses pour vérifier différentes choses ». Il souligne aussi le travail de l’équipe d’essais et le développement de nouvelles pièces qui sont en cours pour renforcer le package actuel : « Stefan Bradl a une longue liste à parcourir » assure-t-il avant de s’épancher aussi sur la méthode de travail : « je dirais que LCR a aussi une approche très européenne. C’est plus ou moins similaire pour toutes les équipes, qu’il s’agisse de Tech3, KTM ou Moto2. Ce qui est néanmoins différent, c’est la manière dont les Japonais travaillent : comment les choses sont testées ».
Sur sa propre contribution, Johann Zarco précise que les nouveaux points de concession n’ont rien d’un « open bar » : « le facteur limitant, ce sont les pneus. Il est déjà assez difficile de satisfaire quatre pilotes et de les traiter équitablement en termes de nombre d’essais. En fin de compte, nous parlons de deux, peut-être trois jours supplémentaires que je passerai sur la RC213V, et non de dix ». Et il conclut : « le plus grand avantage sera dans le fait de pouvoir passer plus de temps sur la moto et de faire des tours sans pression, de pouvoir jouer avec elle ».
