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On sentait une certaine consternation dans le paddock alors que Pol Espargaro a conservé sa troisième place en Autriche, après que le pilote d’usine KTM ait fortement élargi sur le tarmac peint en vert à l’extérieur du dernier virage. Joan Mir, qui termine quatrième, était furieux.

Il y a une semaine, lors du Grand Prix d’Autriche, sur le même tracé du Red Bull Ring, la course Moto3 s’était terminée sur tapis vert, Ai Ogura puis Darryn Binder ont dû céder la troisième place à Celestino Vietti pour avoir dépassé les limites de la piste, semant ainsi la plus grande confusion dans le paddock.

Ce WE, lors de la course Moto2 qui s’est déroulée sur le tracé Autrichien, Jorge Martin a été pénalisé et a rendu une place pour avoir élargi très légèrement sur la section verte de la piste à la fin du vibreur au virage 10. Pourquoi Martin avait-il été puni pour la plus petite infraction imaginable, alors qu’Espargaro a pu conserver sa position en dépit d’être bien large de la piste.

 

Miguel Oliveira dépasse Jack Miller et Pol Espargaro dans le dernier virage du Grand Prix de Styrie

 

C’est grâce à ce détail qu’Espargaro n’a pas été puni. Le pilote KTM a été forcé de s’écarter à la suite de sa bataille avec Jack Miller et n’avait nulle part où aller. Il a été contraint de dépasser les limites de la piste, mais ce faisant, il a perdu des places. Il n’a pas obtenu d’avantage. Jorge Martin, en revanche, a été reconnu coupable d’avoir utilisé la piste supplémentaire pour maintenir sa vitesse et maintenir son poursuivant, Marco Bezzecchi, derrière lui. Son utilisation de la zone verte au-delà des limites de la piste était perçue comme un avantage.

Cela soulève alors une autre question concernant Marco Bezzecchi. Les images vidéos semblent montrer que l’Italien passe également sur une partie verte et dépasse techniquement les limites de la piste. Pourquoi il n’a pas reçu de pénalité reste un mystère. Les mises à jour du règlement à ce sujet, publiées l’année dernière, ne permettent pas de clarifier la question.

Une question de cohérence

La manière dont les Commissaires FIM ont géré cet écart a suscité une certaine indignation, les pilotes étant contrariés par le manque de cohérence perçu. Ce qu’il faut, c’est être beaucoup plus sévère concernant les limites de la piste, a déclaré Valentino Rossi. « Nous avons eu beaucoup de discussions, également au sein de la commission de sécurité, car la situation est incontrôlable », remonte le pilote italien. « Pour moi, vous n’êtes pas obligé d’aller sur la partie verte de la piste, jamais. Maintenant, tous les pilotes savent qu’ils peuvent y aller trois ou quatre fois, et en tant que pilotes, vous essayez d’utiliser ces avantages au maximum. Pour moi, ils [NDLR : la FIM] doivent dire qu’à chaque fois que tu vas sur la partie verte, tu dois rendre la position. »

Les sections peintes en vert, désormais goudronnées ou en pelouse synthétique, avaient remplacé l’herbe et le gravier, ce qui avait presque éliminé les risques en élargissant et cela permet désormais d’utiliser cette section de piste. Rossi ajoute que « Maintenant, les pistes sont plus sûres, mais vous devez imaginer que là où se trouve la zone verte, vous avez du gravier ou de l’herbe. Et personne ne devrait l’utiliser du début à la fin, pour moi. C’est la seule façon de faire. »

Oui mais alors…

La décision des Commissaires de la FIM n’était pas claire pour Joan Mir. « Je suis d’accord avec la décision lorsqu’un pilote en percute un autre et qu’il sort de la piste, parce que c’était pour la sécurité. Mais ce n’était pas le cas ici pour Pol. Si vous observez les deux derniers virages, Pol a pris l’intérieur et puis il est sorti large et Jack a pu le passer, et c’est alors que Pol a décidé de continuer à l’extérieur », se plaint le pilote Suzuki. « Bien sûr, il est allé large. Si vous entrez dans ce virage comme ça, avec cette vitesse-là, il est évident que vous élargissez. »

La différence réside dans ce qui se passe lorsque vous quittez la piste et que vous vous retrouvez sur une portion recouverte d’un matériau dur plutôt que sur ce qui s’y trouvait auparavant, comme de l’herbe ou du gravier. « Nous pouvons voir que quand il a touché la zone verte, il a juste remis les gaz en grand. Alors que se passe-t-il quand il y a du gravier ? Parce qu’il est hors de la piste. Vous savez ? C’est vert parce que c’est pour notre sécurité. Mais il était vraiment très large à ce moment. Cela n’a aucun sens qu’il ne soit pas pénalisé. Vous pénalisez Martin et je pense qu’il ne gagne rien et vous ne pénalisez pas Pol ?  Pol a fait ce qu’il avait à faire, je ne dis pas n’importe quoi sur lui, il a fait un excellent travail et une course géniale mais je suis vraiment surpris par la Direction de Course. Vraiment surpris. Et vraiment en colère. »

Mir avait lui-même été pénalisé et contraint de rendre une position lors de la première course, et c’était l’incohérence des punitions qui le mettait en colère. « C’est incroyable. Regardez en qualifications avec Dovizioso, en Q2, j’arrivais sur mon tour rapide et il était au milieu de la piste. Personne ne l’a pénalisé. Moi aussi j’ai été pénalisé, je pars dans la première course, j’élargis dans la zone verte et puis on me pénalise et j’accepte. Je rends une position. Si vous me pénalisez alors pénalisez les autres. Cela n’a pas de sens. »

Joan Mir, amer d’avoir été privé de la victoire suite au drapeau rouge qui a interrompu la première course, a estimé que la pénalité de Jorge Martin était inutilement injuste. Si Martin a été sanctionné, Pol Espargaro aurait également dû être sanctionné, a-t-il déclaré. « Je suis vraiment, vraiment en colère contre la décision prise en ce moment par la commission de sécurité. Martin n’a pas gagné la course parce qu’il est allé sur la zone verte mais il n’en a tiré aucun avantage », a déclaré Mir.

En effet, le seul pneu qui a fonctionné pour la Suzuki GSX-RR était le Medium à l’arrière, et il avait utilisé tous ses autres médiums lors des séances d’essais, n’en ayant gardé qu’un seul pour la course. « Nous n’en avions que 5 et nous en avions besoin pour les qualifications, un pour la FP2 et en FP1. »

La victoire à portée de main

Il ne fait aucun doute qu’une partie de la colère de Mir venait du fait que le drapeau rouge lui avait presque coûté sa première victoire. Mir ne doutait pas que le drapeau rouge ait fait la différence, car il avait été contraint d’utiliser un pneu arrière usé et avait été doublement handicapé par le fait que les Ducati et les KTM aient pu refaire le plein avant le départ de la deuxième course – comme tout le monde. Néanmoins, cela signifie qu’elles n’étaient plus limitées en carburant, étant donné que le Red Bull Ring est une piste difficile pour la consommation de carburant, les V4 autrichiens et italiens étant relativement gourmands.

Le pilote Suzuki termine en disant que « Je suis déçu et je ne pense pas avoir à trop expliquer aujourd’hui. Je peux seulement dire que c’était dommage. Nous nous battions beaucoup pour obtenir un beau résultat, mais aujourd’hui n’était pas le jour. Nous avions la vitesse mais pour une raison quelconque, nous n’avons pas pu l’obtenir. »

 

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