C’est une nouvelle démonstration que l’enfer peut être pavé de bonnes intentions et elle concerne la nouvelle limite d’âge pour accéder au monde des Grands Prix. Elle est à présent de 18 ans au lieu de 16 auparavant, une mesure prise après l‘émotion suscitée par les disparitions en 2021 des jeunes espoirs Jason Dupasquier en Moto3 et Dean Berta Viñales en WSS300. Si cette nouvelle norme adhère totalement au politiquement correct, elle a entrainé des conséquences sur les filières et le parcours professionnel des champions en herbe. Toutes les parties du dossier se sentent protégées malgré elles, une incompréhension, un malentendu que le patron du team Aspar Jorge Martinez explique ainsi…
Jorge Martinez est une autorité naturelle dans le paddock des Grands Prix. IL a remporté quatre titres de champion du monde (80 et 125 cc) en tant que pilote de course dans le monde de bien avant et il est à présent à la tête d’une véritable entreprise impliquée dans diverses compétitions et autres filières. Il revendique 100 talents et 28 employés dans son académie à Valence. Ses couleurs ont remporté le Championnat du monde Moto3 en 2020 avec Albert Arenas sur KTM et en 2022 avec Izan Guevara sur GASGAS. Celui qui est aussi identifié sous le pseudo Aspar sait donc de quoi il parle.
Justement, il cause sur Speedweek avec ce préliminaire qui montre combien ce relèvement de l’âge légal d’accéder au championnat du monde a bouleversé la donne : « en Espagne, nous avons beaucoup de talent entre 10 et 12 ans. Qu’est-ce qu’on en fait ? ». Et il n’y a pas que ça. Il faut aussi prendre en compte ce paramètre signalé par Luca Boscoscuro, constructeur en Moto2 et actuel patron de Fermin Aldeguer et d’Alonso Lopez : « certains des pilotes de 18 ans sont trop lourds et trop grands pour le monocylindre 250cc de 55 chevaux ». L’Italien pense dès lors à cette action corrective : « je propose donc de les remplacer par des moteurs bicylindres 400 ou 500cc. Ensuite, vous atteignez 70 à 75 ch, l’aspiration ne joue plus un rôle aussi déterminant, la maîtrise du pilotage fait une plus grande différence qu’avec les 250 ».
Jorge Martinez : « nous investissons beaucoup d’argent en tant qu’équipe dans ces gars-là pour les préparer au championnat du monde«
Mais en période de crise, et avec un règlement technique fixé jusqu’à fin 2026, cette révolution n’arrive pas. Alors il faudra faire avec. Ou du moins les acteurs vont devoir s’adapter à des règles sur lesquelles ils n’ont pas eu leur mot à dire : « la situation dans le Championnat du Monde Moto3 a beaucoup changé. Le fait que les jeunes pilotes ne pourront entrer dans le Championnat du Monde Moto3 qu’à l’âge de 18 ans au lieu de 16 est un gros problème. Parce qu’en Espagne, nous avons un énorme réservoir de talents moto qui ont dix, onze ou douze ans ».
Il ajoute : « nous investissons beaucoup d’argent en tant qu’équipe dans ces gars-là pour les préparer au championnat du monde. Mais maintenant, ils doivent attendre deux ans de plus pour entrer en GP que par le passé… C’est très mauvais pour mon programme ». Puis il termine : « je ne peux pas laisser les talents apparaître dans le JuniorGP pendant des années. Les sponsors paient beaucoup moins d’argent là-bas. C’est impossible. De grandes équipes participent également à l’European Talent Cup ». Les effets secondaires de la décision de relever l’âge minimum n’ont apparemment pas été suffisamment pris en compte.
