Parmi nos deux représentants français en catégorie reine, s’il en est un que l’on attend toujours au tournant c’est bien Fabio Quartararo. De par sa performance remarquable en 2021 et sa conquête du Graal, il cristallise tous les espoirs d’une nation dans l’avènement de sa gloire. Et pourtant, est-il juste d’avoir oublié notre Johann Zarco ?
Ce dernier, dans un sursaut d’orgueil, nous a dignement rappelé à Portimao dimanche dernier toute l’étendue de son talent avec un dernier tour d’anthologie.
Pour ceux qui auraient douté un court instant de ses capacités, Johann a appliqué avec méticulosité ses recettes : un pilotage fin et pointu, des dépassements efficaces et savamment prémédités, une montée en puissance raisonnée et (malheureusement ?) raisonnable.
Las. Ne lui manquaient jusqu’à présent que l’agressivité, un relâchement et une prise de risque à l’instinct, ce soupçon d’impolitesse qui forge une réputation et permet de s’imposer. ET IL L’A FAIT !
Enrhumé Jack Miller, étouffé Brad Binder, ces pilotes pourtant remarqués pour leur ardeur au combat. Alex Marquez ? Circulez. Johann l’a savamment dépassé et tassé dans le dernier et interminable virage précédant la ligne d’arrivée, empochant ainsi de haute lutte la quatrième place de la course. Et tout ceci en 4 kilomètres…
Cerise sur le gâteau : Johan réussit enfin ses départs ! Dur de l’avouer mais ses difficultés à répétition nous faisaient presque douter de ses capacités à jouer la gagne, comme s’il avait perdu le feu divin.
Il faut tout de même rappeler qui est Monsieur Johan Zarco : vainqueur de la Red Bull MotoGP Rookie Cup en 2007, Vice-champion du monde de la catégorie 125 cm3 en 2011, double champion du monde de rang de la catégorie intermédiaire Moto2 en 2015 et 2016 (le seul pilote ayant réussi cet exploit depuis sa création en 2010), Johann s’est légitimement ouvert les portes du MotoGP en 2017 où il performera aux portes du Top 5 pendant deux années consécutives avec plusieurs podiums et, grâce à lui, une France qui se prend à rêver d’un titre de champion du monde par ses bons soins.
Pour différentes raisons maintenant oubliées, Johann signa chez KTM une infructueuse collaboration auquel il mit fin prématurément, à raison car la machine et l’atmosphère ne lui convenaient pas. Johann a besoin que toutes les planètes soient alignées pour fonctionner. Sans doute est-ce d’ailleurs cette quête de la perfection qui lui joue des tours depuis, comme si tout devait être bordé pour « attaquer » sans arrière-pensée.
Johann n’est jamais aussi bon que quand il débranche. Il nous réalise des tours parfaits mais il lui manque toujours cette pointe d’excentricité, ce petit plus dont il s’était jusqu’à présent affranchi mais clairement nécessaire en MotoGP aujourd’hui pour gagner.
Johann a manifestement rangé ses manières policées pour s’imposer de la plus belle des manières dimanche dernier. Sa performance était une chevauchée victorieuse. Ne lui manque plus que cette première place.
Pas de doute, il est parti pour la décrocher. Forza Johann, et pardon d’avoir douté !
Matthieu BERTRAND