Cette intervention de Joan Mir le confirme, le paddock, ce samedi au Portugal, est encore sous le choc de l’accident de Pol Espargaró lors d’une P2 interminable. La séance a été marquée par deux drapeaux rouges. Prévue pour une heure, elle s’est étalée sur pratiquement le double du temps, ce qui a amené à faire réfléchir les pilotes sur l’évolution de l’état de la piste dans ce créneau de fin d’après-midi. Mais pas seulement. Joan Mir, comme d’autres de ses collègues, est en colère sur le fait de n’être que rarement écouté par les officiels lorsqu’il s’agit d’améliorer la sécurité sur les circuits.
La pronostic vital de Pol Espargaró, comme l’a diagnostiqué très vite le Docteur Charte, adoubé par Dorna, n’est pas certes pas engagé. Mais avec des fractures vertébrales et une contusion grave aux poumons, on ne le reverra sans doute pas de sitôt sur une MotoGP. Le pilote GASGAS a chuté à grande vitesse au virage 10, un élan que le bac au mauvais gravier n’a nullement ralenti, pas plus que sa R16 qui l’a suivi. Le pilote a heurté violement le mur de pneu dépourvu d’airfence avant d’être aussi frappé par sa moto.
Une fatalité ? Elle rode toujours dans les sports mécaniques. Mais cela fait un moment que le tracé de Portimao est dénoncé par les pilotes pour son manque de sécurité. Pecco Bagnaia l’a déploré, Marc Marquez l’a mentionné, Aleix Espargaró, le frère de Pol, est révolté, mais la liste n’est pas exhaustive. On peut ainsi y ajouter Joan Mir. Le Champion du Monde 2020 de MotoGP et à présent officiel Honda a commenté : « rien n’est fait jusqu’à ce que quelque chose se passe, c’est comme ça que ça marche ici. Il doit y avoir un airfence dans cette courbe, je ne sais pas comment il ne peut pas être là ».
Joan Mir : « ce n’est pas à moi de penser aux endroits dangereux de la piste. Notre travail consiste à piloter une putain de MotoGP de 350 chevaux et à battre les autres«
Il y a aussi cette question du gravier dans les échappatoires dont la dernière victime était jusque-là Fabio Di Giannantonio lors du test d’intersaison il y a deux semaines seulement : « ils n’ont pas changé tout le gravier, ils l’ont changé dans certaines sections, pas dans tous les bacs. Ce n’est pas la solution. Il me semble incroyable qu’après toutes les critiques que nous avons eues avec ce gravier, rien n’est fait jusqu’à ce que quelqu’un soit gravement blessé. Je ne le comprends pas ».
Mais à un moment, il faut bien se dire qu’il y a des responsables : « quand je me promène le jeudi sur la piste, je ne commence pas à regarder le dispositif de sécurité sur la piste, parce qu’on n’y prête pas attention, mais il semble qu’on devrait le faire ». Puis Joan Mir ajoute : « mais ce n’est pas à moi de penser aux endroits dangereux de la piste. Notre travail consiste à piloter une putain de MotoGP de 350 chevaux et à battre les autres. La personne responsable doit savoir qu’il n’y a pas assez de voies d’évacuation et mettre un airfence sur les points dangereux et il ne faut pas attendre qu’il se passe quelque chose ».
« Je suis d’accord avec Marc Marquez qu’il ne faut pas attendre l’année prochaine, mais que cet airfence doit être là pour ce samedi. Quand j’ai vu que Polyccio a heurté le mur et qu’il n’y avait pas d’airfence là-bas, j’ai été surpris ». Puis Joan Mir termine sur cette remarque : « ce vendredi a été une journée très différente et très intense. Ce que je n’ai pas aimé dans ce nouveau format, c’est qu’avec les drapeaux rouges on a fini à presque 5h de l’après-midi avec une température et une visibilité qui n’étaient pas les mêmes et je ne pense pas qu’il soit nécessaire de faire une heure de séance. Peut-être que rien ne se passe ici, mais si nous allons dans d’autres endroits où les températures sont plus basses, cela peut être dangereux ». Une réflexion que s’est aussi faite Aleix Espargaró. Entre moments sensationnels et instants dramatiques cette saison démarre étrangement au Portugal, mettant déjà les pilotes à rude épreuve. Et la grande première du Sprint n’a pourtant pas encore eu lieu.
Résultats de la P2 du Grand Prix du Portugal MotoGP sur l’Autodrome International de l’Algarve à Portimão :
Crédit classement : MotoGP.com