En ce dimanche 18 avril 2021, Fabio Quartararo a répondu aux questions des journalistes depuis le circuit de Portimão au terme d’un Grand Prix du Portugal couronnée par sa 5e victoire en MotoGP et la prise de commandement du championnat.
Nous sommes allés écouter (via un logiciel de téléconférence) les propos du pilote français lors de la conférence de presse post-course qui réunissait Fabio Quartararo, Francesco Bagnaia et Álex Rins.
Comme à notre habitude, nous reportons ici les paroles de Fabio Quartararo sans la moindre mise en forme, même si les premières réponses sont traduites de l’anglais (vouvoiement).
Fabio Quartararo : « Le départ a été difficile. Mon départ a été bon mais malheureusement les autres ont mieux fait. Mais je suis très heureux car honnêtement je ne m’attendais pas à faire ce rythme, car je pense que nous avons fait plus de 39 que de 40. Le rythme était vraiment très rapide. Avec notre moto, ici, nous ressentons beaucoup l’essence qui s’allège, et au milieu de la course, quand j’ai vu que le rythme était fantastique, j’ai su que nous avions un petit surplus de rythme par rapport à Álex (Rins). Il roulait très vite et était toujours à 2 dixièmes. Il a commis une erreur mais honnêtement le rythme que nous avons établi aujourd’hui était inattendu de ma part. Je me sens vraiment bien et j’ai beaucoup apprécié ce circuit, qui est un circuit unique. »
Vous avez dit que Portimão serait un test pour les Yamaha. Avec trois victoires consécutives de Yamaha en début de saison, la première fois depuis 2010, comment voyez-vous la suite, à commencer par Jerez ?
« Honnêtement, Yamaha a fait un grand pas en avant comparé à l’année dernière, mais je me sens aussi plus fort mentalement. Vous savez, l’année dernière après Aragón, où nous avons plus ou moins perdu l’opportunité de nous battre jusqu’à la fin avec Joan (Mir) au championnat, je n’étais même pas frustré que nous ayons perdu ce moment de bagarre avec lui. J’ai beaucoup appris ! L’année dernière, quand la moto ne fonctionnait pas très bien, je pensais toujours de façon négative. J’ai totalement changé et je pense que toujours penser positif est très bénéfique. Quoi que je ressente, je sais que la moto fonctionne et même s’il y a des petites choses qui ne fonctionnent pas bien, je me concentre sur ce qui fonctionne bien. Faire le rythme que nous avons établi aujourd’hui n’a pas été facile mais j’étais concentré et je pense que 70 % est dans le mental. »
Que pensez-vous de la course de Marc Márquez ? Vous attendiez-vous à moins bien ou à mieux ?
« Pour moi, je m’attendais à ça. Il termine à un peu plus de 10 secondes de la tête, mais il n’avait jamais fait 25 tours d’affilée alors que pour moi ce circuit est le plus physique du calendrier. Maintenant, il connaît les sensations d’une course complète sur un circuit difficile, et il reviendra sur un circuit qu’il connaît très bien, à Jerez. C’est un résultat auquel je m’attendais et il a été impressionnant hier en qualification. Il est donc de retour ! »
Vous dîtes que vous avez été surpris par le rythme que vous aviez, mais Álex Rins avait le même : Cela vous a-t-il surpris également ?
« Pour moi, nous avons très bien analysé le rythme que nous avons établi hier comparé à Alex, et nous étions un peu plus rapide que lui. Et quand j’ai été devant, en faisant des gros 39 puis des 39 moyens, je savais que ce n’était pas normal pour nous mais que tout le monde allait plus vite à cause des conditions de piste. J’attaquais très fort et je m’attendais à ce qu’il commette une erreur. J’ai beaucoup attaqué et je ne sais pas combien tours il est resté derrière à 0,2, 0,3 puis 0,2. Mais oui, au final ce n’était pas notre objectif et je voulais m’échapper. Finalement, il a commis une erreur mais j’ai vraiment été impressionné par son rythme car il avait déjà un très bon rythme hier, mais pas aussi bon. »
Quelle pression ressentiez-vous avec Álex Rins derrière vous ?
« Pour moi, je ne ressens pas cette pression. Quand j’ai quelqu’un derrière moi, je pense seulement à essayer de m’échapper. Peut-être que la pression arrive dans le dernier tour, mais là j’étais seulement en train de profiter et d’attaquer fort, donc je n’avais pas vraiment de pression mais à chaque tour je regardais mon chrono et à quelle distance il se situait. C’était plus de la motivation que de la pression. »
Quel est votre principal adversaire en ce moment ?
« (Soupir) Pecco paraît fort ! Pecco paraît très fort mais Joan (Mir) aussi. C’est très difficile à dire. Nous avons vu que Johann (Zarco) est également très régulier même s’il a chuté aujourd’hui. Si je dois dire un maintenant, c’est Pecco car il a été très rapide. Comme il l’a dit, nous étions l’année dernière très loin sur ce circuit et maintenant nous sommes tous les deux devant. Pour moi, Pecco est l’un des plus forts, Joan est fort et a beaucoup d’expérience de l’année dernière, mais à coup sûr il y a aussi six ou sept autres gars, donc il n’y a pas vraiment un favori. »
On a vu votre cœur battre à 170 pulsations par minute. La course était-elle dure physiquement ou tout était-il sous contrôle ?
« Non, ce n’était pas vraiment sous contrôle (sourire), quand vous attaquez tellement. Physiquement, c’est complètement différent. Quand vous entraînez à la maison et que vous êtes à 170, on dirait que vous allez exploser, et quand je suis sur la moto à 170, je sens que mon cœur est vraiment parfait et que les muscles sont OK. Je ne ressens pas que mes tours par minute (rire), mes battements, sont si élevés. Mais oui, pour moi ce circuit est un des plus exigeants au niveau du syndrome des loges. J’ai eu un peu de douleur mais rien de spécial donc je suis très heureux, et physiquement je me sens fort. »
Vous avez dit que votre moto tournait mieux que l’année dernière. Y a-t-il aussi eu des progrès en électronique, en particulier pour aider à préserver le pneu sur la distance de course ?
« Comme tout le monde le sait, nous avons eu l’année dernière beaucoup de problèmes avec le moteur et l’électronique. Nous avons donc dû enlever beaucoup de choses qui fonctionnaient bien pour nous, mais pour la fiabilité du moteur nous avons dû les enlever. Cette année, nous avons débuté avec une base normale et bien sûr c’est beaucoup mieux. Je me sens mieux avec le nouveau châssis car il offre un peu plus de retours, et en ce moment c’est une des choses qui me fait aller plus vite : Si je ne ressens pas l’avant, je suis perdu, comme à Valencia l’année dernière où c’était un désastre total. A Qatar 2, j’ai dit que j’avais un très bon feeling avec l’avant et que c’était bien aussi pour faire des dépassements. En arrivant ici, nous avons eu exactement le même feeling à l’entrée du virage trois. Dans le virage un, nous avons dépassé Álex : Je me sentais à la limite mais je ressentais chaque mouvement de l’avant et que ça fonctionnait bien. Du côté électronique, c’est OK, et du côté des pneus, c’est davantage en fonction de votre main (sur l’accélérateur) pour essayer d’avoir le meilleur rythme possible mais en en gardant aussi pour la fin. Et c’est tout : Il faut juste attaquer vous-même à la limite. »
Cette saison commence comme celle de l’année dernière avec deux victoires. Mais après votre préparation mentale de cet hiver, vous sentez-vous mentalement différent ?
« Oui ! Je me sens complètement différent. Vous savez, quand vous gagnez deux courses consécutives avec un avantage de quatre secondes, vous sentez que ça démarre et que ça va continuer, mais d’un autre côté je travaille beaucoup pour me surpasser afin d’obtenir ce résultat. Maintenant, je pense seulement course par course. Quand j’ai remporté ces deux courses à Jerez, c’était « waouh, nous sommes premiers au championnat et nous n’avons jamais été dans cette position ». C’était étrange pour moi, et c’est pourquoi maintenant je ne regarde même pas le championnat. Je pense seulement à la prochaine course, mais mentalement j’ai bien travaillé avec mon psychologue durant la pré-saison, et je sens que tous les exercices qu’il m’a donnés ont été bénéfiques et me permettent de garder mon calme. Donc oui, je suis heureux en ce qui concerne ma pré-saison. »
Pourquoi avez-vous choisi le pneu dur pour la course ?
« Nous avions un très bon feeling avec le médium mais au final il est toujours très bon d’essayer tous les pneus à quelques reprises. Toutes les Yamaha ont décidé aujourd’hui de partir avec le dur alors qu’elles ne l’avaient pas essayé. Parfois, vous pouvez voir quelqu’un utiliser un dur au warmup et aller une demi-seconde plus vite. Ce n’était pas vraiment le cas aujourd’hui mais parfois cela peut arriver, donc il est bon d’essayer tous les pneus. C’était bien d’essayer en FP4, avec des conditions plus chaudes. Quoi qu’il en soit, nous n’avions pas de dégradation avec le médium mais nous nous sentions un peu mieux avec le dur du côté droit. Le côté gauche était le même qu’avec le médium mais je me sentais mieux avec le médium. Mais la gomme dure du côté droit était très bonne dans le dernier secteur, donc c’était une bonne décision de partir avec ce pneu. »
Avec ce résultat à Portimão, pensez-vous que les Yamaha vont être bonnes sur tous les circuits européens ?
« Oui ! Honnêtement, je me sens comme en 2019. La moto fonctionne très bien et nous ne l’avons pas touchée. Nous sommes arrivés ici et c’était exactement la même moto qu’au Qatar. Nous avons changé des petits détails mais il n’y avait rien de différent et nous n’avons jamais eu à nous demander « est-ce qu’on devrait changer ça ? ». Et c’était comme ça en 2019 alors que les circuits du Qatar et d’ici sont complètement différents. Cela signifie que la moto fonctionne très bien et je suis vraiment sûr qu’elle fonctionnera sur tous les circuits cette année. Peut-être que nous peinerons, bien sûr, mais je pense que la moto fonctionnera bien sur tous les circuits. »
Classement du Grand Prix du Portugal MotoGP à Portimão :
Crédit classements et photo: MotoGP.com