Ce vendredi 22 avril 2022, Fabio Quartararo a répondu aux questions des journalistes depuis l’Autódromo Internacional do Algarve à Portimão au terme de la première journée du Grand Prix du Portugal.
Comme à notre habitude, nous reportons ici les paroles de Fabio Quartararo sans la moindre mise en forme, même si cela est partiellement traduit (vouvoiement en anglais, tutoiement en français).
La Yamaha est-elle difficile sur le mouillé
?
Fabio Quartararo : « Ah oui
(rires), oui ! »
Pourquoi ?
« Je pense que la fenêtre
dans laquelle elle fonctionne est difficile, mais aujourd’hui j’ai
trouvé quelque chose, car au final, Dovizioso a été rapide en FP2,
comme Franco. En FP2. Nous avons un peu plus souffert et je n’ai
pas pu faire le moindre bon tour, pour être honnête. J’aurais pu
améliorer beaucoup plus. Mais la fenêtre dans laquelle elle
fonctionne est vraiment petite. Je pense que je suis un pilote
vraiment sensible avec l’arrière : je sens quand l’arrière vient
très facilement, et mon sentiment est que si cela glisse un petit
peu, je le ressens beaucoup plus que ça l’est en réalité. Je dois
m’adapter un peu mieux. Pour être honnête, la position est très
mauvaise mais mon feeling n’est pas aussi mauvais. Je pense donc
que nous avons encore beaucoup à faire, mais je dirais que ce n’est
pas une moto facile. »
Pensez-vous que le retour en Europe va vous faciliter
les choses ?
« Pour être honnête, nous n’avons pas
eu un très bon rythme au Qatar, comparé aux autres durant le
weekend. Pour moi, l’Argentine a été le pire car, seul, nous avions
le rythme pour le podium mais dès que nous avons été doublés et que
nous étions derrière, nous étions perdus. Pour être honnête, la
capacité dont cela fonctionne est bonne mais dès que nous sommes
avec les autres pilotes, nous ne sommes pas en bonne forme.
»
Vous dîtes que vous avez trouvé quelque chose,
probablement en regardant les datas. Qu’avez-vous trouvé
?*
« Oui. J’ai trouvé que globalement, je perdais
7/10 dans trois virages, et ce sont des virages… je ne dirais pas
qu’ils sont faciles, mais où je peux me mettre davantage à la
limite alors que j’ai perdu du temps. En pilotant de façon plus
douce et en pensant davantage à la sortie pour avoir un peu plus de
motricité, je peux gagner davantage de temps. Je pense que je me
sens plus à la limite de la façon dont je fais actuellement que ce
que je devrais faire. C’est pourquoi je pense que la position est
très mauvaise mais que mon feeling n’est pas aussi mauvais.
»
C’est dans le secteur 2 ?
« Oui, dans
le secteur 2, et un peu ici aussi : secteurs 1, 2 et 3. »
Hier, Dovizioso a dit que Yamaha devait faire beaucoup
de changements et être beaucoup plus agressif pour procurer plus
d’adhérence. Êtes-vous d’accord avec lui ?
« Non.
Je ne suis pas d’accord car je pense que si vous demandez à
n’importe quel pilote ce dont il a besoin pour être plus rapide, ce
sera de l’adhérence (Rires). Car avec plus d’adhérence, il est
certain que vous allez plus vite. Mais pour moi, la façon de
piloter la Yamaha, et je pense que j’ai pas mal d’expérience avec
cette moto, cela ne vient pas de l’adhérence mais de la puissance.
C’est clairement de la puissance, et si vous me demandez 20 fois,
je vous répondrai toujours cela. À Austin, clairement, nous
perdions une demi-seconde avec les deux ligne droites, juste dans
les lignes droites. Si vous retirez cette demi-seconde de nos
chronos, nous aurions pu nous battre pour la victoire, et c’était
la même chose en Argentine. Donc pour moi, je suis d’accord avec le
fait d’être beaucoup plus agressif et de faire de plus gros
changements, mais ce n’est pas par rapport à l’adhérence arrière,
c’est par rapport à la puissance. »
Les premiers commentaires d’un pilote qui n’est pas
habitué à la moto sont souvent proches de la vérité…
«
Oui, mais il a aussi longtemps piloté la Ducati. Je pense que
j’ai beaucoup appris de la moto durant ces dernières années et je
pense que l’adhérence arrière n’est pas notre problème. Bien sûr,
nous manquons beaucoup d’adhérence à l’arrière sur le mouillé,
c’est certain, mais sur le sec ce n’est pas si mal et je pense que
si vous considérez notre style de pilotage, j’exagère mais c’est
beaucoup plus comme un style de Moto3: c’est beaucoup plus arrondi.
C’est vrai que si vous regardez les autres motos, c’est beaucoup
plus en V, et c’est la plus grande différence entre notre moto et
toutes les autres motos. »
Pensez-vous que ce circuit soit assez sûr sur le mouillé
?
« Pour être honnête, quand il y a peu
d’adhérence, nous allons très mal. Aujourd’hui, ma position est
mauvaise mais mon feeling n’est pas aussi mauvais. Nous sommes
allés en Indonésie où selon moi le circuit possède beaucoup de
grip, alors qu’aujourd’hui nous étions à 12 secondes du meilleur
temps sur le sec. Normalement, quand c’est autour de neufs ou 10
secondes, c’est très bien, mais aujourd’hui c’était 12 et je pense
que l’adhérence était très mauvaise. »
Et question sécurité ?
« À la fin de la FP2, je suis resté dans le box et j’ai senti
que ce n’était pas très sûr. Mais je ne peux rien dire car je
n’étais pas en train de piloter. »
Vous dîtes que vous manquez de puissance : de puissance
ou d’accélération ?
« Pour moi, c’est de puissance
mais cela dépend : sur certains circuits, quand on utilise la
deuxième ou la troisième vitesse je demande plus de puissance mais
nous n’en avons pas. C’est donc aussi une sorte d’accélération mais
cela vient de la puissance. Donc pour moi, c’est de puissance dont
nous manquons. »
De vitesse de pointe aussi ?
« De vitesse de pointe aussi, mais disons plus de puissance
moteur car pour certains virages, comme à Misano, je demande plus
de puissance en deuxième vitesse mais ils me répondent que nous
n’en avons pas, alors que les autres en ont. A un certain moment,
nous demandons plus mais nous arrivons à la limite, donc nous
parlons de puissance pure du moteur, et aussi de vitesse de
pointe. »
Pensez-vous que cela soit un problème si plusieurs
pilotes Yamaha demandent des choses différentes ?
«
Pour être honnête, je ne pense pas que ce soit un problème. De
la part de Yamaha, Ils regardent tous les pilotes et tous demandent
de la puissance. C’est vrai que Dovi demande de l’adhérence, mais
pour moi le problème principal est la puissance. Si vous avez moins
d’adhérence mais aussi moins de puissance, mon manque principal en
course est l’opportunité de doubler. Vous êtes doublé très
facilement et dès que quelqu’un vous double, c’est fini ! Ou vous
êtes plus rapide d’une seconde, ou… même derrière quelqu’un de plus
lent que vous, vous ne pouvez pas faire mieux.
Au final, selon moi, on n’a pas d’adhérence car ils font comme
ça : un V. Donc ils tournent, puis ils ouvrent et la moto est
droite. Mais quand nous sommes derrière, nous ouvrons les gaz avec
beaucoup d’inclinaison, et bien sûr, quand vous êtes beaucoup
incliné, vous patinez et vous n’avez pas d’adhérence. Donc
globalement, je pense que c’est pourquoi nous n’avons pas
d’adhérence. »
Donc votre problème est plus grand que celui de
Dovizioso, car ils peuvent peut-être trouver de l’adhérence cette
année, mais pas de puissance…
« Oui ! Bien sûr, je
pense mon problème est un problème qui dure depuis plusieurs années
chez Yamaha, mais ils doivent le résoudre. »
Aujourd’hui, tu as tout donné ?
« Je n’étais pas à la limite, limite, limite, mais j’étais
presque à la limite (Rires). Une petite limite. »
Tu ne t’es pas dit qu’avec la météo ça irait mieux
demain ?
« Non. Sincèrement, j’aurais voulu
terminer dans le top 10 mais je n’ai pas réussi. Sincèrement, ce
n’est pas que je ne me sentais pas bien, mais il nous manquait
quelque chose. »
Comment expliques-tu que tu es 20e alors que sur le
mouillé tu as moins besoin de puissance ?
« Non, là il ne manquait du grip mais sous la pluie on le sait.
Sincèrement, aujourd’hui je l’ai dit, la position n’est pas bien
mais pour les sensations, ce n’est pas que ce n’était pas top. Il y
avait trois endroits clés où je perdais beaucoup de temps, mais
après je pense qu’il est important pour nous de se dire qu’on est à
une seconde du troisième, et sincèrement une demi-seconde sur trois
points où je dois m’améliorer, moi. Je pense qu’on n’est pas si
loin que ça. »
Que te dit Yamaha au sujet de la puissance pour te
garder en 2023 ?
« Rien de spécial qui me motive
en tout cas, mais j’aimerais bien voir des résultats de leur part
pour voir qu’il faut faire un step en avant, et clairement on aura
beaucoup plus de courses sur le sec que sur la pluie. Sous la
pluie, c’est clair qu’il nous manque beaucoup de grip et c’est plus
important que la puissance, mais la puissance sur le sec c’est ce
qu’il nous manque énormément. Sous la pluie, tu peux faire un petit
peu la différence et essayer de faire quelque chose de bien, mais
sur le sec c’est impossible. Donc rien de spectaculaire. »
Tu penses que cela peut s’améliorer en cours de saison
?
« Cette année, en tout cas, je ne vois pas
beaucoup de possibilités. Après, pour l’année prochaine, je ne sais
pas. On verra bien comment ça se passe mais en tout cas c’est
difficile et j’espère vraiment qu’ils sont motivés pour faire
quelques choses de bien. »
Comment gère-t-on ces températures très basses
?
« Sincèrement, dans le box, j’avais froid. En plus, je n’arrive
pas à mettre de sous-vêtements en haut car ça me gêne énormément,
Donc aujourd’hui j’ai eu froid. »
Et en pilotant ?
« Non ! Quand tu pilotes, non ! On a autre chose à penser qu’au
froid. »
Résultats FP1/FP2 du Grand Prix du Portugal MotoGP sur l’Autodrome International de l’Algarve à Portimão :
Crédit classement : MotoGP.com