Entre Andrea Dovizioso et Fabio Quartararo s’est ouvert sur la place publique de Portimao un débat de fond sur ce dont a besoin la Yamaha pour retrouver son lustre d’antan. Pour l’Italien, dont les résultats seront qualifiés pudiquement de décevants, il faut travailler sur la recherche de l’adhérence, une stratégie qui colle parfaitement à la philosophie des ingénieurs de la marque qui n’ont jamais vraiment travaillé sur leur moteur. Pour le Français, Champion du Monde en titre et le seul à éviter un naufrage total de la marque aux diapasons, c’est justement ce moteur qu’il faut impérativement vitaminer et, donc, les hommes d’Iwata doivent sortir de leur zone de confort. Les deux hommes s’opposent et se répondent même. Car Dovizioso en a remis une couche…
Au moment de faire le bilan de la première journée du Grand Prix du Portugal, passée sur une piste de Portimao arrosée par les averses, Andrea Dovizioso avait déclaré que Yamaha trouverait la solution à ses problèmes en recherchant de l’adhérence. Après avoir pris connaissance de ces propos, Fabio Quartararo avait répondu : « je ne suis pas d’accord avec Dovizioso. Nous avons besoin de puissance, pas d’adhérence. Je connais très bien cette moto et je suis convaincu que le problème n’est que puissance pure. Vous pouvez me demander vingt fois, je donnerai toujours la même réponse ».
Andrea Dovizioso persiste et signe : « je pense que 90 % des pilotes Yamaha ont besoin de plus d’adhérence«
Fin de l’échange ? Que nenni. Dovizioso est revenu à la charge après la prise de position du Champion du Monde français : « Fabio est actuellement le seul pilote capable d’aller vite sur la Yamaha sans grip sur la roue arrière », dit celui qui n’a encore rien prouvé sur une M1. « De mon point de vue, cela est dû à son style de pilotage et au fait qu’il n’a jamais piloté d’autre moto. Il a l’habitude d’exploiter le potentiel de la moto telle qu’elle est et au niveau de l’entrée de virage, de la direction, du centre des virages, il a un gros potentiel car l’avant fonctionne bien »
Et il termine sur Corsedimoto : « à mon avis, son style de pilotage est un peu particulier. C’est pourquoi je fais toujours référence à l’adhérence, car je pense que 90 % des pilotes Yamaha ont besoin de plus d’adhérence. Fabio ne dit rien de mal, il ne connaît tout simplement pas le grip car il n’a jamais rien essayé d’autre. C’est normal. A sa place moi aussi je demanderais plus de puissance ».
En développant avec conviction sa façon de faire évoluer la Yamaha, Andrea Dovizioso entretient le genre de cacophonie qui maintiendra les ingénieurs japonais dans leurs incertitudes. Au passage, en louant un style de pilotage efficace avec une moto qui ne l’est pas, Andrea Dovizioso fait un vrai faux compliment au tricolore. L’Italien signale surtout qu’il ne veut pas voir Yamaha frappé par le syndrome Marc Marquez qui sévit chez Honda. Soit voir apparaitre une M1 qui ne convient qu’à un seul pilote de la marque, dont le seul tort, au passage, est de gagner.
En écrasant Dovizioso, mais aussi Morbidelli, Fabio Quartararo dérange et il est à noter que les deux Italiens font toujours tout pour ne pas froisser les ingénieurs japonais dans leurs discours pourtant prononcés du fond de la feuille des temps des essais ou des classements des courses. Pendant ce temps, le staff européen dans le box dit faire du renouvellement du tricolore une priorité. Une gageure, car ce genre de remise en cause de sa légitimité, avec ce type de rappel d’une sorte de droit d’ainesse en mentionnant « qu’il n’a jamais piloté d’autre moto », ce qui sous-entend qu’il n’aurait pas assez de bagage technique, pourrait définitivement encourager le Champion du Monde à faire bientôt ses valises.
Résultats FP1/FP2 du Grand Prix du Portugal MotoGP sur l’Autodrome International de l’Algarve à Portimão :
Crédit classement : MotoGP.com
