En ce dimanche 22 novembre, Johann Zarco a répondu aux questions des journalistes depuis l’Autodrome de l’Algarve à Portimão au terme de la troisième journée du Grand Prix du Portugal.
Nous sommes allés écouter (via un logiciel de téléconférence) les propos du pilote français.
Comme à notre habitude, nous reportons ici les paroles de Johann Zarco sans la moindre mise en forme, même si la première partie est traduite de l’anglais (vouvoiement), mais fin de saison oblige, nous allons prendre le temps de vous détailler le contexte de ces débriefings.
Le paddock étant cette année interdit à la presse pour cause situation sanitaire, il a été demandé à tous les teams MotoGP d’organiser des réunions virtuelles et quotidiennes de questions/réponses avec les journalistes, du jeudi au dimanche.
Un jour ou deux avant le Grand Prix, soit par mail soit par Whatsapp, nous recevons les codes d’accès aux débriefings des pilotes qui se déroulent généralement via le logiciel Zoom.
Beaucoup de teams… Beaucoup de codes d’accès, et un emploi du temps à rendre fou le plus organisé des journalistes !
En effet, certains débriefings se chevauchent et il faut soit choisir soit jongler, quitte à manquer le début ou la fin de tel ou tel débriefing. Ça, c’est si tout se passe bien, c’est-à-dire si le pilote est à l’heure et si sa connexion Internet est bonne…
Prenons le cas des pilotes français Johann Zarco et Fabio Quartararo, qui nous et vous intéressent particulièrement. Leurs débriefings sont souvent planifiés à 10 minutes d’écart, Johann précédant généralement Fabio. Mais, comme on peut le constater avec ce dernier débriefing, Johann ne rechigne pas à parler, et est même parfois bavard, pour notre plus grand plaisir. C’est pourquoi certains quitteront le débriefing avant la fin alors que d’autres manqueront le début de celui de Fabio.
Sauf actualité exceptionnelle où le nombre de participants peut alors dépasser la trentaine, une dizaine de journalistes assistent de façon régulière aux comptes-rendus du pilote français de Ducati. La moitié est composée d’étrangers, l’autre de francophones dont nos confrères de l’AFP, de l’Équipe, de Moto Journal/Moto Revue, de Motorsport et de La Provence.
La première partie du débriefing se déroule en anglais et débute par un compte-rendu de la journée, puis les journalistes étrangers posent leurs questions. Dans le cas de Johann, il suffit pour cela de lever la main car il a sur son écran les petites vignettes de tous les connectés. Dans d’autres débriefings, comme lors des conférences de presse officielles, il faut se signaler par un message écrit.
Sous l’œil de l’attachée de presse qui enregistre tout mais ne censure rien, Johann appelle tous les journalistes par leur prénom, ce qui apporte une touche de convivialité assez plaisante.
Au bout d’une dizaine de minutes, parfois moins, parfois plus, les questions en anglais sont épuisées et on passe alors à la partie en français, qui apporte généralement des précisions et des nuances plus difficiles à transmettre dans la langue de Shakespeare, voire des choses plus personnelles et même parfois des blagues (les seuls éléments que nous ne transcrivons pas).
Comme dans toute assemblée, il y a les bavards, les muets, ceux qui laissent leur micro ouvert faisant ainsi bénéficier à toute l’assemblée de leur environnement sonore, ceux qui posent une question à laquelle on vient déjà de répondre, ceux qui se parlent entre eux en attendant que le pilote arrive, ceux qui se cachent derrière un logo ou une photo, ceux qui travaillent depuis leur couloir, leur salle de bain ou leur voiture et ceux dont la caméra montre bien qu’ils ne sont pas devant leur écran… bref une réunion normale de journalistes dans une salle de presse virtuelle, certes pas idéale mais qui au moins le grand mérite d’exister et de permettre de travailler, même si le dimanche soir les mécanos commencent à tout démonter, obligeant parfois le pilote à se tenir en extérieur, avec les bruits qui en découlent…
Droits à l’image Dorna obligent, la règle générale est de ne jamais mettre en ligne une vidéo de ces débriefings, même si certains teams en autorisent l’enregistrement.
Au grand dam des journalistes permanents qui avaient l’habitude de participer in vivo à tous les Grands Prix, il est plus que probable que cette formule sera reconduite l’année prochaine, ce qui laisse à chacun le temps de profiter de la pause hivernale pour s’y préparer.
Vous connaissez maintenant mieux l’environnement 2020 de ce qui a dorénavant remplacé les célèbres « media scrums » entre les camions, alors écoutons les propos de Johann Zarco…
Johann Zarco : « Immédiatement après la course, j’ai eu une sorte de déception car j’ai trop peiné depuis la mi-course jusqu’à la fin. C’est devenu de pire en pire à cause du côté gauche du pneu. Par rapport à ceux avec qui je me battais, j’étais le seul à utiliser le Hard et ils étaient tous en Extra-Hard. C’était un choix car je pensais vraiment que c’était quand même un pneu dur et qu’il devrait être bien pendant toute la course, mais il n’était pas suffisant. C’est dommage à cause de ça, car le début de course a été bon et durant la course je me sentais quand même plutôt bien. Je voulais rattraper Pol (Espargaró) et me battre pour la quatrième place mais j’ai commencé à perdre trop de temps à gauche. J’ai essayé de compenser la perte de temps avec les virages à droite mais l’ensemble des deux n’était pas suffisant. Mais il ne s’agit pas uniquement du pneu et je pense que nous devons faire un meilleur travail pour trouver de meilleurs réglages de suspension et mieux gérer l’utilisation des pneus. Je pense que le combo entre mon style et la moto ne s’accorde pas parfaitement, même si ce combo se rapproche puisque, au moins, nous pouvons voir que j’attaque bien à chaque séance et que je reste très compétitif. Cela signifie donc que nous sommes dans la bonne direction. Ce n’est toutefois pas suffisant pour être vraiment satisfait lors des courses. Pour toutes ces raisons, je peux être heureux car nous finissons plutôt bien et la seule ombre au tableau de la journée est le fait de ne pas avoir eu le potentiel de rester dans le top cinq durant la course. »
Cette année, vos courses ont souvent ressemblé à celles de Jorge Lorenzo sur Ducati ou Jack Miller l’an dernier : Vous étiez bien en début de course puis ça se dégradait. Cela pourrait-il être une indication pour travailler et progresser ?
« C’est possible ! Il est vrai que Jorge, quand il avait un bon feeling, débutait bien avant de régresser. Et j’ai quasiment le même phénomène. Et en regardant Miller depuis la fin d’année dernière, il était très fort et il peut être rapide durant les essais mais aussi bien terminer les courses, comme lors des dernières courses. Je sais donc que c’est possible et je sais aussi qu’il y a peut-être des choses à faire sur mon style de pilotage même si celui-ci comporte des choses très positives que je veux conserver. C’est pourquoi ce n’est pas la moto qui fonctionne mal ou le pilote qui fonctionne mal, c’est vraiment une meilleure base de réglages à trouver pour permettre de mieux s’accorder à la moto. »
Avez-vous senti le contact avec Joan Mir en début de course ?
« Je l’ai senti. C’était dans un virage très lent et je ne savais pas de quel pilote il s’agissait. Mais au début, notre groupe n’était pas facile car vous deviez freiner tard et faire attention à ne pas vous laisser doubler par un autre pilote, et dans ce genre de virages lents, c’est là où vous sentez que vous pouvez y aller mais il n’y a pas beaucoup de place. Heureusement, je pense qu’il a très bien freiné et le contact a été plutôt modéré car cela a juste un peu relevé ma moto mais ne m’a pas trop dérangé. Je pense que s’il m’avait heurté plus fort, cela aurait peut-être pu être un problème, mais là, le contact qui a fait relever ma moto n’a pas été très grave. »
Durant cet hiver, allez-vous rendre visite à l’usine Ducati ?
« Depuis le sud de la France, je ne suis pas très loin de Bologne, seulement six ou sept heures et quoi qu’il en soit je vais devoir aller chercher ma nouvelle Audi liée à mon contrat Ducati. Donc je vais peut-être mettre sept heures pour y aller et cinq heures pour revenir (rires). Je vais aussi y aller pour faire diverses choses sur ma Panigale, la préparer pour pouvoir m’entraîner en janvier. Nous gardons donc le contact, même si l’hiver est maintenant le temps de faire du vélo, de courir et de se reposer, mais en même temps de rester en forme et préparer l’année prochaine. Globalement, quand vous savez où vous allez et quand vous savez plus ou moins ce que vous pouvez espérer, la motivation est clairement grande. »
Classement Grand Prix du Portugal MotoGP sur l’Autodrome International de l’Algarve à Portimão :
Crédit classement : MotoGP.com