Ce dimanche 7 novembre 2021, Joan Mir a répondu aux questions des journalistes depuis l’Autodrome International de l’Algarve à Portimão, au terme de la troisième journée du Grande Prémio Brembo do Algarve.
Nous sommes allés écouter (via un logiciel de téléconférence) les propos du pilote espagnol, qui a terminé la course en deuxième position.
Comme à notre habitude, nous reportons ici les paroles de Joan Mir sans la moindre mise en forme.
Joan, quelle différence par rapport à la dernière course qui s’était tenue à Misano ! Vous avez déclaré avoir pris une semaine de repos visiblement bienvenue avant de prendre part à ce Grand Prix, où tout a paru plus simple pour vous. On vous imagine vraiment heureux d’avoir fait votre retour sur le podium…
« Franchement je suis vraiment
très content de ce podium. Moins pour le résultat que pour le
weekend que nous avons accompli. J’ai eu de bonnes sensations dès
le premier instant passé en piste, et j’ai été en mesure d’être
compétitif dès les FP1. Quand vous vous sentez bien sur la moto et
que votre rythme est bon, tout se fait plus facilement par la
suite. »
« J’avais besoin d’un weekend comme celui-là, avec des conditions météo plus normales je dirais, en étant en mesure de couvrir plus de tours sur ma moto, et c’est ce qui s’est passé ici. Je tiens donc à remercier l’équipe qui m’a fourni le package pour me battre pour la pole position mais aussi pour la victoire. »
« Aujourd’hui Pecco Bagnaia a tout simplement été meilleur que moi, et il a été capable de piloter d’une façon plus efficace. Au final j’ai commis plus d’erreurs que lui. J’ai attendu derrière lui pour qu’il flanche et fasse une erreur, mais cela n’a pas été le cas. Ils ont fait du très bon travail, lui et son équipe, et direction Valence à présent. »
Vous gardez justement de très bons souvenirs de Valence avec l’obtention de ce qui reste encore pour l’heure votre unique victoire en MotoGP, mais aussi de votre titre. Après une saison en dents de scie, qu’est-ce qui peut expliquer votre niveau de performance du moment ?
« Je suis vraiment très optimiste à propos de Valence, c’est une piste où, normalement, je suis fort. Le package que nous avons actuellement à disposition est meilleur que celui que nous avions en milieu de saison. Je pense que je serai en mesure de me battre pour un encore meilleur résultat là-bas. »
Vous avez déclaré dans le weekend que la Suzuki avait surtout progressé au moment de l’introduction de la deuxième génération du ride-height device. Est-ce que ce dispositif a joué un grand rôle dans votre résultat du jour, ou bien est-ce plutôt votre bonne qualification sur la grille qui a permis de bénéficier enfin d’une piste dégagée et de pouvoir ainsi rouler à votre main ?
« J’ai bien sûr utilisé le ride-height device, comme tout le monde je pense. C’est définitivement quelque chose qui nous donne quelque chose en plus à l’accélération, il n’y a pas de doutes là-dessus. Cela fait partie des éléments qui nous ont permis d’aboutir à cette performance. Avec ce dispositif, vous gagnez vraiment beaucoup à l’accélération car vous souffrez de beaucoup moins de wheelie, tout du moins sur certaines pistes. Ce dispositif est bien sûr encore perfectible, car il ne s’agit que du deuxième prototype, et je pense que l’an prochain nous en aurons un encore meilleur. »
Comment se présente justement la base de la Suzuki pour 2022 ? Est-elle prometteuse ?
« Je dirais qu’il y a eu une prise de conscience chez Suzuki en milieu de saison, et dès lors ils ont mis les bouchées doubles au Japon. Je m’attends à ce que les essais hivernaux soient plus délicats pour trouver encore des gains de performance en vue de l’an prochain. Je ne sais pas comment tout cela va se dérouler, mais normalement ce que Suzuki apporte sur les essais privés fonctionne toujours, donc je suis bien sûr impatient de participer à ces essais à Jerez. »
« Il y a eu une prise de conscience chez Suzuki en milieu de saison »
Lors de la course Moto3 nous avons été témoins d’une manœuvre très dangereuse d’un pilote, qui fera ses débuts la saison prochaine en MotoGP [Darryn Binder a en effet accroché l’arrière de la moto de Dennis Foggia, ce dernier qui défendait ses chances de titre face à Pedro Acosta dans la catégorie des quarts de litre]. Pensez-vous que ce type d’accident puisse remettre en question la sécurité l’an prochain dans la catégorie ?
« Ce n’est pas la première fois que ce pilote commet de tels actes. Je pense que le plus important, c’est que de telles manœuvres soient dorénavant pénalisées. Selon moi cela mérite une course d’exclusion, voire même plus, car si vous ne procédez pas comme ça, ce type d’événements, voire même des faits encore plus graves, pourront se reproduire à l’avenir. »
« Ce type de mesures est une nécessité pour le Moto3, car ce sont des pilotes très jeunes. J’entends par ailleurs parler de la mise en place d’une Super Licence. Je pense que c’est quelque chose de difficile à mettre en place, même si en soi bien sûr ce n’est pas une mauvaise idée. »
« Après, je suis d’accord avec ce que dit Jack Miller, chacun peut faire des erreurs, et d’ailleurs je pense que toute la faute n’incombe pas uniquement à Darryn, car je pense qu’il doit subir en ce moment une pression incroyable, car maintenant qu’il est attendu en MotoGP, il doit absolument montrer ce dont il est capable. Cette pression ne l’aide pas dans le fait de prendre de bonnes décisions, c’est certain, car dans ces conditions nous commettrions tous des erreurs. Je pense que c’est une situation qui ne doit vraiment pas être facile à gérer. »
Ne pensez-vous pas qu’il devrait être sanctionné de deux courses de suspension comme ce fut le cas à Austin pour Deniz Öncü ? Ce n’est en effet pas la première fois que Darryn Binder se rend coupable de tels agissements…
« Je pense qu’en temps normal, l’accident de Darryn ne mérite pas d’être sanctionné de deux courses de suspension. Encore une fois, c’est une erreur que tout pilote peut faire. Le fait est qu’un prétendant au titre soit victime de cette manœuvre donne une plus grande ampleur à cet accident, voilà tout. »
« Mais si on parle de sécurité pure, il faut que la sanction infligée à Darryn dissuade tous les autres pilotes de commettre pareils agissements, de sorte que cela ne se reproduise plus. C’est pour cela qu’il faut une pénalité exemplaire, car si on veut vraiment être plus strict en termes de sécurité, je pense qu’il s’agit-là de la première étape. »