Lorsque Pol Espargaró a décidé de quitter KTM pour Honda, il clamait à qui voulait l‘entendre que la chance d’intégrer les rangs du premier constructeur mondial ne se refusait pas. Pour peu, il entrait enfin dans la cour des grands. Deux saisons plus tard, le voilà en train de faire ses cartons pour repartir en direction de Mattighofen, mais dans un team Tech3 qu’il connait bien pour l’avoir servi du temps où les Français représentaient Yamaha. Et que dit-il ? Ce que tout le monde constate : que les constructeurs européens prennent leur revanche sur leurs homologues japonais qui les avaient écrasés durant à la fin des années 70…
Cela a mis du temps, mais, sportivement, le MotoGP montre que l’on y est : l’heure de la revanche a sonné pour les blasons européens qui vivaient depuis des décennies sous le joug de l’empire du soleil levant. Cette saison en Grand Prix confirme une tendance qui montait en puissance ces derniers temps et voulant que l’Europe retrouve sa place de leader dans le monde de la moto. Techniquement parlant, dans un paddock de compétition en particulier.
Certes, KTM on est un peu à la traine, mais on a eu ses heures de gloire tandis que Ducati et Aprilia ont franchi un cap qui met les marques nippones dans les cordes. Si on trouve encore celle de Yamaha aux avant-postes, c’est parce que Fabio Quartararo est au guidon. Mais chez Honda, depuis que Marc Marquez n’est plus ce qu’il était, c’est une vraie bérézina. Et Suzuki vient de capituler en rase campagne.
A tel point que l’éclat du blason ailé claquant au sommet du marché mondial n’éblouit plus. Il aveugle en revanche et c’est si désagréable que l’on suit la lumière de la sortie de secours. Pol Espargaró est de ces pilotes-là. Il va retrouver KTM, l’Autrichien. Non sans faire ce constat entendu lors du dernier Grand Prix de Catalogne : « ce qui est lu et comment cela est interprété, c’est que les marques européennes mettent beaucoup de moyens, plus que les japonaises ».
Pol Espargaró : « l’important, aujourd’hui, c’est que la réaction que vous avez aux problèmes doit être rapide«
Mais plus que les moyens, il y a aussi la philosophie de travail : « l’important, aujourd’hui, c’est que la réaction que vous avez aux problèmes doit être rapide, elle ne peut pas être lente. Ils effectuent un travail acharné et avec persévérance, malgré le fait que l’usine est beaucoup plus petite. Nous n’avons pas l’habitude de voir ces motos. Ce ne sont plus des courses gagnantes japonaises, et ces dernières années, c’est la tendance et de plus en plus ».
Il tire son chapeau aux marques européennes : « à voir comment Aprilia, KTM, Ducati et comment Yamaha fonctionnent, avec Fabio, Suzuki en difficulté, nous souffrant. … En fin de compte ici, ce n’est pas celui qui a le plus d’argent, mais celui qui le fait mieux. Ils font mieux ». Pol Espargaró note ce revirement historique : « Honda, Yamaha, Suzuki ont une telle puissance qu’ils pourraient manger n’importe quelle usine européenne, plus petite en comparaison. La technologie n’était pas si développée, mais ils avaient systèmes qu’on ne pouvait même pas imaginer… Et maintenant c’est l’inverse. C’est une tendance qui a changé ces dernières années ».