Pol Espargaró fait le bilan de ses deux années passées chez Honda et, à l’écouter, il semble que ce soit pour solde de tout compte. L’Espagnol laisse tout de même la porte ouverte à une option LCR tandis que la rumeur lui promet des retrouvailles non seulement avec KTM mais aussi avec Tech3. Il faudra attendre la destination de Joan Mir pour confirmer ces scénarii, car si ce dernier fait une entrée sensationnelle dans le clan Ducati, Honda devra revoir ses plans. En attendant, il reconnait que son aventure avec la RC213V est à classer parmi les nombreux espoirs déçus qui ont jalonné jusque-là sa carrière…
Une déception d’autant plus grande qu’il voit son frère ainé Aleix récompensé de son abnégation avec Aprilia assumée depuis 2017 en jouant les premiers rôles dans cette saison 2022. Pol, de son côté, en est loin, et il s’est fait comme à l’idée que ça ne lui arrivera pas de sitôt… Sur motorsport-magazin, il dit ainsi : « quand je suis entré en MotoGP, j’étais pilote satellite avec Yamaha. Vous ne pouviez pas gagner avec ce package à l’époque. J’ai vraiment souffert là-bas. Ensuite, j’ai commencé ce tout nouveau projet avec KTM et bien sûr, on ne peut pas non plus gagner avec une toute nouvelle moto. Chez Honda, mon style de pilotage ne convenait pas à la moto l’année dernière. Je m’attendais à un pas en avant avec la nouvelle version mais elle ne fonctionne pas. Alors maintenant, je me bats à nouveau ».
Et il en arrive à s’interroger sur lui-même : « mes décisions étaient-elles toujours les bonnes ? Il me manquait toujours quelque chose, c’est pourquoi j’ai décidé de passer à Honda. Je voulais passer à l’étape suivante après avoir terminé cinquième au classement général avec KTM en 2020. Je pensais que c’était la bonne décision. Malheureusement, cela n’a pas fonctionné ». Voilà qui est dit et ça pourrait être le préliminaire d’un discours de pot de départ.
Pol Espargaró : « je suis venu chez Honda pour être champion du monde«
Car la, désillusion est profonde : « je suis venu chez Honda pour être champion du monde. Tout s’est bien passé en hiver. Je ne me suis jamais senti aussi fort. Je n’ai pas fait une seule chute et j’ai eu le meilleur rythme en Malaisie et en Indonésie. Les autres pilotes n’ont même pas pu me battre avec des pneus neufs. Lorsque vous ressentez cette magie et que vous la perdez, c’est vraiment difficile ».
A priori, il retrouvera donc en MotoGP une des trois marques européennes qui ont pris un fort ascendant sur leurs homologues japonais qui avait failli les occire au siècle dernier. Un revirement que Pol Espargaró explique ainsi : « les ingénieurs japonais sont sensationnels. Ils sont incroyablement intelligents, mais certaines choses prennent beaucoup de temps car ils veulent tout faire parfaitement. La mentalité des constructeurs européens est différente. Ils vous donnent également des pièces dont ils ne savent pas si elles fonctionnent. Les Japonais jouent toujours la sécurité. Kuwata-san, le directeur HRC m’a expliqué que pour eux la sécurité des pilotes est plus importante que la performance ».
Pol Espargaró a maintenant 31 ans, si bien que ses futurs choix vont peser plus que les précédents. Mais il s’affirme toujours à la pointe : « au fur et à mesure que j’acquiers de l’expérience, j’arrive mieux à éviter les erreurs et à mieux contrôler mes émotions. Je suis toujours très rapide et j’ai mieux organisé ma vie autour du MotoGP maintenant. Cela fait de moi un meilleur pilote. Je pense que je suis dans la meilleure phase de ma carrière de pilote » assure-t-il.
Pour 2023, tous les feux sont au vert pour que Pol Espargaró retrouve une moto orange. Après l’annonce de l’arrivée de Jack Miller, la marque KTM n’a pas caché que l’Espagnol allait suivre la trajectoire de l’Australien, mais dans l’équipe Tech3 : « Pol a eu une très forte influence sur le projet MotoGP de 2017 à 2020. Avec son aide, nous sommes arrivés là où nous en sommes. Pol a encore un compte à régler chez KTM. Car lorsque la moto est devenue capable de gagner, il nous a quittés pour un autre constructeur, où il a poursuivi son rêve d’enfant. Entre-temps, on a remarqué que tout n’est pas plus facile là-bas que chez nous. Comme Jack Miller, Pol a des capacités extraordinaires. » On attend l’annonce officielle.
