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Champion du Monde Moto2 en 2013 et vainqueur des 8 Heures de Suzuka en 2015 avec Bradley Smith et Katsuyuki Nakasuga, puis en 2016 avec Nakasuga et Alex Lowes, Pol Espargaró a ravi son employeur KTM en faisant pour la première fois monter une machine autrichienne sur le podium MotoGP en 2018 à Valence. Après trois saisons sur Yamaha, puis trois sur KTM, le natif de Granollers (le 10 juin 1991) s’apprête comme il le peut, en fonction des circonstances, à débuter sa septième saison en MotoGP.

« Malgré le Covid-19, les objectifs sont toujours les mêmes. Le problème est que nous ne savons toujours pas quand nous devons commencer notre programme d’entraînement d’avant-saison, et c’est mentalement difficile. L’autre chose est que sportivement nous ne savons toujours pas où nous en sommes vraiment, nous devons le vérifier sur place. Les tests d’hiver ont été bons, mais nous ne savons toujours pas jusqu’à quel niveau… Il nous faudra quelques courses pour le comprendre » a expliqué le cadet des frères Espargaró à Gonçalo Viegas et Fabio Fialho de Motorcyclesports.net.

Le fait de devoir rester à la maison a-t-il eu une quelconque incidence sur votre type d’entraînement ?

« Avec mon coach, nous avons fait un plan de formation à domicile pour essayer de gagner sur certains aspects en attendant de préparer un plan différent pour le moment où nous aurons la certitude du calendrier. Heureusement, je vis dans une nouvelle maison que j’ai construite et où j’ai préparé une salle de sport, donc j’ai plus de chance que d’autres. »

« Une fois que nous connaîtrons le calendrier, nous établirons un plan, en tenant compte également du fait que la saison sera courte, avec de nombreuses courses d’affilée et de nombreux longs voyages. Cela fera une saison différente, une situation inconnue qui changera certainement un peu la façon de s’entraîner. »

Depuis que vous êtes arrivé en MotoGP, vous avez couru avec Yamaha et KTM. Compte tenu de votre expérience, quels sont les points forts de la RC16 par rapport à la M1 ?

« On peut dire que ce sont des motos complètement différentes, sachant que je n’ai jamais piloté la dernière M1 et que la mienne était un peu limitée. De l’extérieur, la M1 est beaucoup plus grande, et la RC16 est beaucoup plus compacte. Le point fort de la Yamaha est la vitesse en virage et la façon dont vous devez préparer la moto pour ce moment, en freinant plus tôt et en gardant cette vitesse, et en relevant la moto quand vous devez accélérer. »

« De l’autre côté, la RC16 est vraiment forte dès le début au point de freinage, vous pouvez le faire très tard, puis prendre la moto et accélérer, parce que nous avons aussi un très bon moteur. À ce stade, nous nous concentrons aussi beaucoup sur l’amélioration de notre électronique. Nous pensons que nous devons gagner un peu plus par rapport aux concurrents plus expérimentés. C’est quelque chose que nous devons assumer en raison du point de développement que nous avons atteint. »

« Nous sommes vraiment jeunes en MotoGP et le reste des usines a beaucoup d’expérience dans tous les domaines. Nous développons davantage, mais il est difficile de le faire suffisamment dans cette courte période. C’est la chose la plus impressionnante dans le projet de KTM, de pouvoir atteindre le niveau que nous avons maintenant en luttant contre d’autres usines qui travaillent depuis longtemps dans la catégorie. »

Quelle est la plus grande différence que vous avez ressentie depuis que vous êtes arrivé chez KTM ?

« C’est facile à comprendre : mon style de conduite naturel me pousse à être dur sur les freins, et la RC16 s’adapte mieux à ce style, je me sens plus naturel en la pilotant. L’autre point est que c’est une toute autre histoire de travailler dans une usine où l’on vous écoute et où l’on essaie de vous aider, que dans une autre où vous n’êtes qu’un pilote de plus, dépendant de ce dont les pilotes officiels ont besoin et étant, si l’on peut dire ça comme ça, au deuxième rang. »

Pensez-vous qu’il aurait été préférable de mettre Miguel Oliveira dans l’équipe d’usine car il est plus expérimenté, et Brad Binder aux côtés d’Iker Lecuona ?

« Eh bien, ce sont des décisions prises par la direction de KTM, donc je n’ai pas d’éléments pour donner un avis. Ce qui est sûr, et c’est vraiment intéressant chez KTM, c’est que les pilotes Tech3 ont le même matériel que nous, aussi en termes de développement, et aussi le support technique des ingénieurs, ce qui est mieux pour les quatre, parce que comme ça on peut grandir plus vite quand on a quatre différents types de données de quatre pilotes différents sur la même moto. Nous n’avons pas de pilotes numéro 1, 2, 3 et 4. »

Pensez-vous que le fait que KTM ait deux rookies puisse retarder le développement idéal de la RC16 ?

« Je ne pense pas. Miguel et moi avons plus d’expérience, c’est clair, mais Brad et Iker donnent aussi des informations fraîches, venant d’une très bonne école qui est la Moto2. Et puis nous avons l’expérience incroyable de Dani Pedrosa, et aussi de Mika Kallio. »

Depuis votre arrivée chez KTM, vous avez toujours progressé au classement final. Pensez-vous pouvoir terminer cette année dans les dix premiers ?

« Je dois croire en cet objectif. L’année dernière, j’ai fini 11e, notre moto est meilleure, donc je dois penser à quelque chose de mieux pour 2020. De combien ? Je ne sais pas, c’est quelque chose que nous devons encore découvrir sur la piste. »

Vous avez gagné les 8 Heures de Suzuka à deux reprises. Si KTM décidait de participer à la course, aimeriez-vous être appelé ?

« Les 8 Heures de Suzuka sont l’une des meilleures expériences que j’ai vécues en tant que pilote. Le problème est que KTM n’a pas de moto de série pour le moment pour réfléchir sérieusement à cette option… Mais si dans le futur ils en ont une, qui sait ! »

Votre frère [Aleix Espargaró], Valentino Rossi, Cal Crutchlow, Andrea Dovizioso sont des pilotes qui ont déjà la trentaine. Pensez-vous que la MotoGP puisse bénéficier de la présence de jeunes pilotes à la fois expérimentés et irrévérencieux ?

« Bien sûr. Je pense que le Championnat est actuellement à son meilleur niveau, de motos et de pilotes. Les usines ont développé des prototypes étonnants, et j’espère que KTM pourra bientôt se battre avec les quatre géants. Et puis nous avons cette combinaison de jeunes talents, de gars expérimentés, et puis de pilotes comme moi, pas « vieux », mais pas jeunes. »

« Ce qui est important, c’est que nous avons atteint un point où tous les pilotes sont très concentrés sur leur préparation, du plus vieux, Vale, au plus jeune. Je pense que nous sommes plus professionnels que jamais dans tous les domaines et cela permet de voir ce niveau incroyable. »

Photos © Sebas Romero, Polarity Photo et Markus Berger pour KTM

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