Pol Espargaró n’est pas du genre à faire dans la dentelle une fois qu’il est sur la piste. La poignée dans le coin, sa mission est de tutoyer les limites de la machine et de la loi de la gravité. C’est aussi sa façon de voir les choses. Une conviction qu’il affirme encore après une saison 2018 pourtant marquée par des chutes graves…
Son nouvel équipier Johann Zarco l’a ainsi découvert : Pol Espargaró est plus du genre à compenser les faiblesses techniques de sa moto par une attaque de tous les instants, plutôt que de travailler fondamentalement sur les réglages après des séries de tours studieux en vue d’une solution durable. Une démarche chevaleresque mais qui n’est pas sans risque pour l’homme…
Dans un entretien relayé par Corsedimoto, l’Espagnol explique : « je pense que piloter à la limite n’a jamais été un problème en ce qui me concerne. Mais il était difficile de le faire avec la KTM avant mes accidents. Il fallait donc que je dépasse cette limite. Cela a conduit à des chutes ».
Il insiste : « je vais toujours à la limite. C’est le seul moyen de découvrir les vrais problèmes de la moto. Si vous conduisez en-dessous de votre limite pendant une demi-seconde, vous aurez du mal à trouver les problèmes … Parfois, Marc Márquez parvient à économiser une demi-seconde et se détend, car il a toujours été un leader et terminera dans le top dix et donc en Q.2, même s’il ne risque pas tout vendredi. Nous ne pouvons pas nous le permettre ».
Il termine : « avec KTM, nous devons toujours être à la limite. Cela correspond également à ma philosophie de course. Et quand vous êtes à la limite, les chutes arrivent … Je suis conscient du risque. Mais KTM me paie pour ce risque. C’est pourquoi j’essaie de donner 200% dès que je suis en selle ».
On rappellera que KTM recherche actuellement les avis des nouveaux venus de Johann Zarco à Dani Pedrosa en passant par les pilotes Tech3 pour un bond en avant dans l’évolution de la RC16. Un aspect que Pol Espargaro commente ainsi : « en 2018, nous avons beaucoup amélioré la machine. Le problème est que tout le monde est aussi devenu plus rapide. Et dans de nombreuses courses, le nombre de vainqueurs potentiels était plus important que prévu ».
« Lors de certains Grands Prix, nous avons réduit l’écart de plus de 15 secondes cette année. C’est énorme. Mais ça n’a pas été suffisant. Nous avions pensé que nos progrès nous amèneraient plus loin. Mais cela a été plus difficile que prévu. Nous devons encore progresser. Notre travail de développement n’est pas encore terminé ».