On ne le répétera jamais assez, mais Pol Espargaró revient de très loin après son violent accident lors de la P2 du premier Grand Prix de la saison à Portimao. Et pour s’en convaincre un peu plus, il faut lire ce qui suit qui révèle véritablement quelle était sa situation après cette chute dont il a le caractère et le courage d’en reconnaitre sa propre responsabilité. Physiquement, il a souffert le martyr ce qui a forcément mis le mental à l’épreuve, mais le voilà à nouveau prêt à revenir en MotoGP et aussi à la reconquête de lui-même. Il devra revoir la taille de ses combinaison, car sa mésaventure lui laissera une séquelle indélébile …
Pol Espargaró était à Assen pour la plus grande joie du paddock, de son frère Aleix et de son équipe Tech3 GASGAS mais pas en tant que pilote titulaire qu’il espérait tant retrouver avant la trêve estivale. Sa visite était de courtoisie mais aussi politique pour signifier qu’il tenait sur ses jambes, qu’il reprenait du poil de la bête et qu’il était donc toujours apte à honorer son contrat avec KTM dans un contexte où la marque cherche une solution pour caser dans ses rangs MotoGP, sans faire trop de victimes collatérales, un Pedro Acosta qui ne veut plus entendre parler de Moto2 pour 2024.
Un passage au cours duquel il a raconté son odyssée depuis son accident à Portimao jusqu’à cette présence au Grand Prix des Pays-Bas. Un exposé devant lequel on ne peut que rester admiratif du courage de l’homme … « Quand j’étais aux soins intensifs à l’hôpital après l’accident, j’avais tellement de fractures dans le corps que je ne pouvais pas sentir laquelle était la plus douloureuse » commence Pol Espargaró. « Le niveau de douleur était tellement haut. J’étais complètement sous analgésiques ».
Mais ce n’était que le début du calvaire … « Quand j’ai commencé à me réveiller, je pouvais commencer à sentir d’où venait la douleur. C’était dur parce que pendant un certain temps, la douleur venait de la mâchoire, du dos, du cou, des côtes… Le pire moment, je crois, a été les 4 semaines après ma sortie de l’hôpital. J’avais la bouche complètement fermée. Complètement. Pas même 1 mm d’ouverture. Pendant quatre semaines. Je ne pouvais pas manger. Je buvais juste des soupes et je perdais environ 2,5 kg par semaine. C’est insensé ».
Pol Espargaró : « la vertèbre numéro 8 a été divisée en quatre »
Une dégradation qui a pesé sur son mental : « je perdais 2,5 kilos de muscle, pas de graisse, car je n’avais pas de graisse au début de l’année. Chaque semaine, vous montez sur la balance et vous vous demandez combien de travail vais-je devoir faire pour reprendre 8 ou 9 kg ? Ce n’était pas une sensation agréable. J’ai regardé le miroir et ce n’était pas mon visage. Ce n’était pas mon corps. On ne se reconnaît pas dans le miroir et c’était dur. J’étais comme en 125cc, même un peu plus léger. Je ne pouvais même pas me regarder dans le miroir. Il n’y avait personne ! ».
Cependant, le plus délicat était ailleurs, et ça l’est d’ailleurs encore : « dans les vertèbres, j’avais cassé les numéros 3, 6 et 8 », a-t-il déclaré. « La numéro 8 a été divisée en quatre. De plus, cela réduisait un peu la hauteur de la vertèbre… Enfin, beaucoup. C’est pourquoi elle a pris un peu plus de temps que les autres. C’est sûr, j’ai perdu 1,5 cm. OK, je suis marié et j’ai 2 filles donc je m’en fous de ça ! ».
Avec le recul, il analyse : « j’ai eu tellement de soucis avec mon corps qu’enfin se retrouver dans cette situation au bout de trois mois relève du miracle. Je suis très heureux. Mais il ne s’agit pas de dire que quelqu’un est coupable. Les choses pourraient être améliorées. Dorna a essayé avec l’airfence après mon crash, ce qui est génial. La meilleure chose est d’apprendre et c’est ce que nous faisons ». Et il conclut sur crash.net : « je récupère tout, récupère l’esprit, l’âme et je suis prêt pour ça ».