Chez Honda, avec Alberto Puig, on ne mâche décidément jamais ses mots et cela donne parfois une étrange impression d’avoir dans le box Repsol de véritables trompe-la-mort. Un sentiment qu’entretient le martial chef d’équipe que rien ne semble toucher. Son fer de lance Marc Marquez s’use à chuter, à se blesser, à revenir pour à nouveau être laissé la bride sur le cou, mais ça ne choque pas celui qui est sensé le gérer. Pol Espargaró, sait, de son côté qu’on ne lui fera aucune concession à l’heure des signatures des contrats si les résultats ne sont pas là. Mais figurez-vous que ledit Puig n’est pas détesté pour autant. Ce serait même le contraire…
Pour les membres de l’équipe Repsol Honda, avoir un team manager comme Alberto Puig est quelque chose qui fait la différence. Dans quel sens ? Car les prises de position du manager sont toujours pour le moins tranchées et la dernière polémique qui l‘a opposé avec Michelin au lendemain du Grand Prix d’Indonésie est la dernière confirmation en date d’un caractère en acier trempé. L’Espagnol avait initié l’affaire en se posant ouvertement des questions sur l’allocation proposée, un doute auquel le manufacturier a répondu, s’attirant cette fois les foudres du même Espagnol, rappelant son passé de pilote à ceux qu’il a bien semblé qualifiés de bureaucrates hypnotisés par les lignes de code affichées par leur ordinateur…
Alberto Puig en fait-il trop ? Pol Espargaró répond dans des propos relayés par Todocircuito. Le pilote décrit d’abord l’intéressé comme « l’une de ces personnes qui, s’il est avec vous, il est avec vous dans toute sa plénitude ». Le frère cadet d’un Aleix à présent vainqueur en MotoGP ajoute même : que Puig « ne laissera personne ou quoi que ce soit vous blesser. S’il peut se mettre entre vous et une balle, il se mettra au milieu. Et il va empêcher que cette balle ne vous blesse pour qu’il puisse assumer cette responsabilité. Il faut avoir un Alberto dans l’équipe, on l’a vu en Indonésie. Après la chute de Marc et les problèmes qu’on a eu avec Michelin, il s’est mis en avant de tous les problèmes, il a été la voix forte au sein de l’équipe et il s’est plaint ».
Pol Espargaró va plus loin en déclarant que toute autre équipe sans Puig à la barre n’aurait pas été aussi claire et directe avec Michelin après ce qui s’est passé à Mandalika : « je suis convaincu que 99% des équipes auraient été beaucoup plus politiquement correctes et ils n’auraient pas autant défendu leurs pilotes. C’est appréciable », a déclaré le Catalan.
Alberto Puig : « avoir été pilote, ça change un peu des gens qui font mon métier et qui viennent d’un autre environnement«
Puig, qui a eu l’occasion d’entendre ces mots lors d’une interview offerte sur DAZN samedi après-midi à Termas de Río Hondo, se dit « réjoui » d’apprendre que « Pol a cette idée de moi ». Le natif de Barcelone rappelle que « chacun est comme il est, avec nos erreurs et nos vertus », et bien que son expérience de team manager se limite à ces cinq dernières années à la tête de Repsol Honda, il est clair que « si vous faites un travail comme ça, le plus important dans une équipe, pour moi, ce sont les pilotes ».
Le patron du Repsol Honda Team insiste sur le fait que « les pilotes sont la première chose dans une équipe, ce sont eux qui vont vraiment faire le travail pour lequel tout le monde se voue. C’est là que tout va se mesurer. J’ai toujours essayé, parfois avec plus de succès et d’autres avec moins, d’être aux côtés des pilotes, de les protéger, je me suis battu pour eux ».
A ce stade, Puig fait une mise au point, et souligne l’importance, de son point de vue, d’avoir été auparavant à la place des hommes dont il a actuellement la charge : « chaque team manager le fera à sa manière, mais quand on a couru et qu’on a été pilote, qu’on le veuille ou non, on n’arrête pas d’être pilote et on se sent plus proche d’eux, ça change un peu des gens qui font mon métier et qui viennent d’un autre environnement, du marketing, des bureaux ou des techniciens », conclut Puig, qui ne porte décidément pas tout à fait les corps de métier sédentaires dans son cœur.