Le jeune Pol Espargaró comptait autrefois les années qui le séparaient du rêve de piloter une Honda Repsol et maintenant qu’il en a une, le vétéran qu’il est devenu biffe les jours du calendrier 2022 jusqu’à celui où il pourra la fuir. Il y a deux ans, il a quitté sans se retourner son box KTM, marchant tête haute vers ce qu’il considérait comme la meilleure équipe du monde. Ebloui par son éclat passé, il n’avait pas remarqué qu’elle se délabrait déjà. Aujourd’hui, il se demande même si ses patrons savent seulement ce qui se passe. C’est dire son désarroi…
Il n’a pas fallu si longtemps pour voir l’édifice Honda en MotoGP se dégrader, mais le dépérissement s’est notamment accéléré cette année, jusqu’à voir les fondations attaquées. Le mur porteur Marc Marquez a été enlevé pour réfection, et depuis, ça tangue. Stefan Bradl dit que cette saison 2022 est terminée dans l’esprit des ingénieurs HRC qui se concentrent sur celle de 2023, sans cependant savoir sur quoi les Japonais travaillent. C’est quelque part inquiétant et ce n’est pas le point de vue exprimé par Pol Espargaró après Silverstone qui va rassurer les fans de la marque.
On découvre ainsi sur GPOne les propos de celui qui est encore officiel Repsol Honda pour huit Grands Prix : « ce qui me dérange, c’est que Honda ne s’exprime pas, qu’il n’y ait pas de réaction » regrette l’Espagnol. « Je ne vois pas Honda être très inquiet. Je ne sais comment l’interpréter. Le pire, c’est qu’un constructeur comme celui-ci ne montre pas ses muscles ».
Pol Espargaró : « il y a cinq ans, il semblait impensable que les marques japonaises s’effondrent progressivement et que les marques italiennes s’envolent«
Puis il fait ce constat historique : « il y a cinq ans, il semblait impensable que les marques japonaises s’effondrent progressivement et que les marques italiennes s’envolent. C’était quelque chose qui ne pouvait pas être prévu ». Le Catalan termine : « le problème est que je n’ai aucune idée de ce que pense Honda. Je ne sais pas si ce qui se passe ici est connu au Japon. À première vue, cela ne semble pas être le cas, car nous n’obtenons pas le nécessaire matériel pour améliorer la moto ».
En plus d’être un colosse au pied d’argile, le premier constructeur mondial serait-il aveugle et sourd ? Il suffit pourtant de regarder la hiérarchie actuelle du championnat pour éveiller sa curiosité, même depuis la lointaine ville de Tokyo : bien qu’il ait raté six courses, Marc Marquez, 14e au classement général est le premier des pilotes du constructeur au blason ailé, avec 15 points d’avance sur Takaaki Nakagami, qui est 16e.
On rappellera qu’il est déjà acquis qu’Alex Marquez sera un pilote Ducati Gresini en 2023, qu’il est entendu que Pol Espargaró fasse son retour chez KTM, que le sort de Nakagami est en suspens, tandis qu’Alex Rins arrivera de chez Suzuki qui ferme ses portes chez LCR. Pendant ce temps, Joan Mir attend des nouvelles et Marc Marquez travaille pour revenir au plus haut niveau.
