Pol Espargaró a mis les pieds dans le plat KTM dans un entretien choc qui pourrait lui valoir quelques récriminations du côté de Mattighofen. Au vu du déroulé de ses arguments, il ne peut d’ailleurs que s’y attendre. L’Espagnol qui, malgré un contrat jusqu’en 2024, a été poussé en dehors du team Tech3 GASGAS pour faire la place à Pedro Acosta vide son sac, mais avec plus de regrets que de rancœurs. On se doutait, au vu des événements présents et passés, que les Autrichiens gouvernaient à la hussarde. Mais après les révélations de Pol, on constate que c’est même pire que ça …
C’est un entretien qui fera sans aucun doute trembler les murs de l’état-major du Pierer Mobility Group, mais Pol Espargaró a eu le courage de le faire. Avec cette précaution liminaire qui ne le protégera pas d’un retour de flamme auquel on peut s’attendre : « je me sens mal parce que je n’aime pas critiquer l’usine pour laquelle je travaille, celle qui me paie et prend soin de moi ».
C’est donc l’âme en peine qu’il envoie la suite qui concerne la gouvernance autrichienne une nouvelle fois tristement révélée par une gestion au doigt mouillé de la carrière de ses pilotes. On rappellera les faits : KTM avait signé cinq pilotes pour le MotoGP en 2024 alors que la marque n’a que quatre RC16 sur la grille de départ. Il a donc fallu en mettre un de côté, pour donner une place à Pedro Acosta. Et le dindon de la farce a été Pol Espargaró.
« Cela aurait pu être évitable à 100 % », dit l’Espagnol qui ajoute : « c’était une erreur de gestion de la part de KTM. Nous avons discuté de cet aspect à plusieurs reprises et ils ont de nombreuses déficiences contractuelles ou de gestion des pilotes, et cela a été l’une d’entre elles ». Voilà donc Stefan Pierer et son staff renvoyés à ses chères études.
Pol Espargaró insiste : « vous ne pouvez pas avoir un pilote qui a la possibilité de passer en MotoGP, et il était évident que Pedro Acosta aurait ce chemin, et faire signer d’autres pilotes comme les renouveler en sachant que vous allez vous retrouver dans cette situation. La gestion a été très mauvaise », a résumé le plus jeune membre de la famille Espargaró dans son intervention sur DAZN relayée par Todocircuito.
Pol Espargaró : « j’ai arrêté d’utiliser les réseaux sociaux à cause d’eux parce qu’ils me contrôlaient »
Là-dessus, il lève le voile sur l’envers du décor de la plaine de Styrie : « ils sont durs, ils ne sont pas comme les Japonais qui ne vous disent jamais non. Ils sont très directs. Quand je suis arrivé, j‘ai arrêté d’utiliser les réseaux sociaux à cause d’eux parce qu’ils me contrôlaient et me disaient ‘l’autre jour tu faisais ça et tu aurais pu faire cette autre chose.’ Il n’y avait aucune excuse, ils étaient directs comme une hache dans le cœur ». Et il fait ce bilan : « d’autres pilotes comme Zarco ont été détruits en moins de six mois, ils sont très durs ».
En regardant vers l’avenir, puisque son contrat se termine en 2024, Pol Espargaró réfléchira à l’opportunité de continuer avec le rôle de testeur : « si je m’engage avec cette usine, ils auront des options en 2025. Si j’ai d’autres options, en MotoGP, pour aller concourir ailleurs, et que je vois cette moto que j’ai vu naître remporter un titre mondial, ça va me procurer autant de plaisir que de colère ».
Il mentionne aussi sa parenthèse Honda : « j’ai choisi la voie Honda alors que je savais que c’était l’une des plus compliquées, sachant que ça n’allait pas bien et avec une pénalité assez importante pour partir. Je ne suis pas parti pour l’argent, mais à cause de cet ego que nous avons, les pilotes, et qui nous amène à commettre des erreurs. Je voulais vraiment réussir chez Honda et je pensais que c’était l’étape nécessaire ». On attend maintenant la réaction du Pierer Mobility Group …
Pol mentionne qu’il a fait « le changement chez Honda quand je me sentais mieux chez KTM, là je me sentais indestructible », et qu’il s’est dit que « ces deux prochaines années vont être mes années’, mais ce qui s’est passé est arrivé, beaucoup chutes, blessures… Et j’arrive chez GasGas et je dis, ma rédemption… Et Portimao est venu. Ce ne sont pas mes trois meilleures années », termine le Catalan.