Accorder des points de concessions au règlement aux deux constructeurs japonais, complétement largués, est une question qui est à présent posée en MotoGP. Elle est avancée par Dorna qui, en tant que promoteur est soucieux de l’équilibre des forces au sein de la grille de départ de sa discipline phare. Or, le retard nippon est si abyssal, qu’il va falloir autoriser des raccourcis à Honda et Yamaha pour recoller au peloton de tête consacrant de façon éclatante la compétence, l’inventivité et la réactivité d’une industrie européenne d’abord représentée par Ducati. En position dominante, les hommes de Borgo Panigale pourraient prendre ombrage de ce favoritisme de la dernière heure. Mais ce n’est pas le cas. Une autre marque, en revanche, n’est déjà pas d’accord.
C’est ce qui s’appelle l’effet boomerang. Ducati, Suzuki, KTM et enfin Aprilia sont tous passés dans leur histoire en MotoGP par des points de concessions au règlement, accordant une gamme d’avantages techniques jusqu’à ce que chaque constructeur atteigne un niveau lui permettant d’espérer monter sur un podium. Plus de moteurs, plus de tests, plus de marge de manœuvre en termes d’évolution, les résultats ont porté leurs fruits : Suzuki a remporté le Champion du Monde 2020 pilotes avec Joan Mir, Aprilia a eu sa victoire et continue à challenger pour des podiums, quant à Ducati, ce sont à présent les tauliers du MotoGP.
Pendant ce temps, Yamaha et Honda restaient l’arme au pied et les voilà maintenant dans les cordes. Pour les sortir de ce mauvais pas, la solution des points de concessions a été mise sur la table … Et d’autant plus que le format révisé du week-end de course, avec moins de temps d’essais en raison d’une nouvelle course Sprint tous les samedis, a également rendu plus difficile que jamais la réduction de l’écart technique. De quoi se décourager pour les condamnés à perdre, ce qui fait surgir le spectre de Suzuki avec son retrait de la compétition. Et la GSX-RR gagnait !
« Les deux constructeurs japonais ne remplissent pas les conditions pour obtenir des « points de concessions », donc nous n’accepterons pas »
Mais c’est bien plus compliqué que cela en a l’air. En effet, à l’heure actuelle, le seul moyen pour un constructeur de regagner des concessions est de passer une saison entière sans podium le dimanche. Mais cela exclut déjà les deux marques japonaises encore en lice, puisqu’il y a eu la victoire de Rins à Austin, et la troisième place de Quartararo au COTA… Les critères de concession devraient donc être réécrits.
Sur le principe, Ducati est ouvert à la discussion. On rappellera les propos de Gigi Dall’Igna sur le sujet : « je suis d’accord que le championnat doit être le plus équilibré possible et qu’il faut trouver un compromis ensemble pour voir que chacun puisse se battre pour des positions importantes. Mais il est clair que le meilleur doit toujours l’emporter, car c’est un sport et le sport fonctionne comme ça. C’est juste d’aider les équipes en difficulté, mais c’est bien de le faire équitablement ».
Une position qui ouvre des perspectives, mais qu’elles puissent prendre forme, il faut l’unanimité des cinq constructeurs engagés. Et Aprilia ne veut apparemment pas entendre parler d’un quelconque aménagement : « les deux constructeurs japonais ne remplissent pas les conditions pour obtenir des « concessions », donc nous n’accepterons pas ». Dixit Massimo Rivola. Mais ça ne fait que commencer …
