La faillite de KTM met en péril l’avenir du constructeur autrichien dans le championnat du monde de MotoGP. Alors que l’entreprise se bat pour sa survie, les questions se multiplient quant à l’avenir de son engagement dans la catégorie reine. Le MotoGP risque-t-il de perdre l’un de ses acteurs majeurs ?
KTM traverse une période critique après avoir déposé le bilan, mettant en péril l’avenir de l’entreprise et de ses projets ambitieux, notamment en MotoGP. Bien que la participation à la catégorie reine semble sécurisée pour 2025, l’incertitude plane sur la durée de cet engagement.
Avec une dette colossale de 2,9 milliards d’euros, dont 1,8 milliard pour KTM AG seule, le constructeur autrichien est contraint de restructurer en urgence. Plus de 3 600 employés craignent pour leur emploi, et 500 postes supplémentaires devraient être supprimés d’ici la fin de l’année. La production est au ralenti, des motos restent invendues (environ 100 000 unités), et une partie du personnel est déjà en chômage partiel. Le ministre autrichien du Travail et des Affaires économiques, Martin Kocher, a déclaré à ORF : ‘j’attends des réponses claires de KTM sur la façon dont une situation de bénéfices favorable et de bonnes perspectives ont pu si rapidement conduire à des procédures de restructuration’.
Ces mesures drastiques affectent également les investissements dans le sport moto. KTM, qui a longtemps misé sur sa présence en compétition pour bâtir sa réputation, doit désormais revoir ses priorités.
Si la participation de KTM en 2025 est assurée, l’engagement à long terme en MotoGP reste incertain
Le MotoGP représente un investissement annuel estimé à 70 millions d’euros, une somme considérable pour une entreprise en difficulté. Malgré tout, KTM a confirmé que la moto pour la saison 2025 est prête et que les premières étapes pour la saison ont été organisées. Le gel du développement des moteurs jusqu’en 2026 apporte un soulagement temporaire en limitant les coûts.
Cependant, l’avenir à plus long terme est incertain. Les nouvelles réglementations techniques prévues pour 2027 – notamment des moteurs réduits à 850 cc et des changements majeurs en aérodynamisme – impliquent des dépenses importantes pour concevoir une nouvelle machine. Pit Beirer, directeur de la compétition chez KTM, a admis sur motorsport-magazin que ces projets sont en suspens tant que la situation financière de l’entreprise reste floue.
« Tant que nous ne saurons pas clairement ce qui va se passer ensuite pour nous, ces projets sont actuellement suspendus« , admet Beirer.
Dans un effort pour réduire les coûts, KTM met fin à son soutien financier dans les catégories Moto3 et Moto2, ainsi qu’à la Red Bull Rookies Cup, qui formait les talents de demain. Beirer a annoncé une transition vers une « activité client couvrant les coûts », ce qui signifie que les équipes devront autofinancer leur participation.
Les contrats liant KTM au MotoGP expirent à la fin de la saison 2026. Si KTM décide de se retirer, cela serait possible sans pénalités. Toutefois, une telle décision serait un coup dur pour la catégorie reine, où KTM est devenue un acteur compétitif ces dernières années.
KTM est à un tournant décisif de son histoire. La survie de l’entreprise dépendra de sa capacité à restructurer ses activités tout en préservant des projets stratégiques comme le MotoGP. Si la participation en 2025 est assurée, l’engagement à long terme reste incertain, ce qui pourrait redéfinir la dynamique du championnat à partir de 2027. Pour le MotoGP, l’espoir demeure que KTM parvienne à surmonter cette crise et à continuer de briller sur les circuits mondiaux. KTM alignera Pedro Acosta et Brad Binder dans son équipe d’usine en 2025, tandis que l’équipe Tech3, soutenue par l’usine, fera rouler Maverick Vinales et Enea Bastianini.