Avant de profiter de sa trêve hivernale, Pit Beirer, ci-devant le directeur sportif de KTM, est revenu sur la journée de test à Valence qui ouvrait l’intersaison 2023. Un moment important, car dans le MotoGP d’aujourd’hui qui réduit à la portion congrue les occasions d’essayer les machines avec les pilotes titulaires, la première impression de ses derniers, lorsqu’ils arrivent d’autres horizons, est plus que révélatrice sur la suite… L’homme de Mattighofen a ainsi encore en tête une journée de 2018 sur le tracé Ricardo Tormo avec un Français sur la RC16… Heureusement, rien de ça n’est arrivé en 2022.
L’allusion remet ainsi en mémoire l’installation de Johann Zarco chez KTM, avec des premières sensations pour le moins compliquées qui n’ont fait ensuite que corroder des relations auxquelles le pilote français a mis fin prématurément. On connait l’histoire, et la suite, mais à Mattighofen, elle est encore dans les mémoires, ainsi que Pit Bierer le signale en commentant sur la première journée de test à Valence : « nous avons eu des jours difficiles à Valence lorsque des pilotes sont venus d’ailleurs ».
L’homme des sports de KTM attendait donc ce rendez-vous sur le tracé Ricardo Tormo avec une certaine anxiété, car deux pilotes allaient se faire la main sur la RC16 : Pol Espargaró, pour des retrouvailles après deux ans passés chez Honda, et surtout Jack Miller, pour qui l’opus autrichien allait être une vraie découverte en descendant de la Ducati, devenue la référence du plateau.
L’Australien a été à ce titre le plus scruté : « Jack Miller vient de la meilleure moto de la catégorie » reconnait ainsi Pit Beirer sur motorsport-total. « Tout le monde était vraiment excité. Nous ne sommes pas loin des meilleurs mais qu’allait-il se passer avec Jack sur notre moto ? » raconte Beirer. JackAss a fait un total de 70 tours à Valence, de quoi se faire une première opinion que voici… « Bien sûr, il ne dit pas que tout est meilleur que la moto qu’il avait », déclare Beirer. « Bien sûr que ce n’est pas possible, nous nous mentirions. Mais c’était très bien pour nous, c’est ainsi que nous voulions commencer ».
Pit Beirer : « c’est aux pilotes maintenant de décider«
Il précise : « il était capable de piloter la moto intelligemment et il n’avait pas à forcer. Nous avons ajusté la position et il a pu rouler à un niveau élevé. C’était une découverte très importante. Il s’est aussi simplement détendu parce qu’il savait que nous pouvions faire quelque chose avec ça ». Et il termine : « l’énergie que peuvent apporter un Jack et un Brad dans la boîte, c’était une joie à voir. C’était une ambiance vraiment cool ».
Apparemment, chez KTM, le thème de la bonne humeur et de la joie de vivre sera essentiel en 2023… Et sur ce plan, Pol Espargaró n’a pas été reste en renouant non seulement avec la RC16 mais aussi Tech3 : « on a vu à quel point Pol était heureux de sauter sur la moto avec son ancien chef mécanicien à ses côtés. Vous avez vu les images montrant à quel point il était heureux sur la moto. Il avait eu des choses chez Honda qui lui étaient difficiles à interpréter. Il ne savait pas s’il retrouverait la sensation qui lui manquait. Il a été immédiatement heureux. La sensation dont il avait besoin était là » se réjouit Pit Beirer.
Il termine sur l’importance de l’enjeu : « il y a beaucoup de matériel là-bas. Il y a beaucoup d’argent dans le projet. Vous ne pouvez pas changer grand-chose pour la nouvelle saison. C’est aux pilotes maintenant de décider. C’est un engagement de deux ans. C’est une nouvelle moto. Nous n’avons pas le droit de tester avec les pilotes réguliers. L’équipe test développe la moto avec Dani Pedrosa. C’est ensuite remis aux pilotes titulaires. Les déclarations qui sont ensuite faites sont toute une expérience. Ce mardi à Valence a été riche en émotions. La journée s’est sacrément bien passée. Nous sommes très heureux de la façon dont ça s’est déroulé ».