Sur un Red Bull Ring qui se situe sur leurs terres autrichiennes, les troupes KTM de Pit Beirer se sont sérieusement compliquées la vie en ne maitrisant par leurs nerfs sur le marché des transferts. Pour un constructeur qui se dit attaché à l’esprit de famille, on a eu droit à une annonce sur un pilote en MotoGP virant de facto ceux qui roulaient sur les RC16 au moment de sa communication. La colère et la déception de Petrucci et de Lecuona étaient légitimes, leur patron de proximité Poncharal avait de quoi être gêné et, pire, le promu n’était pas content de l’issue. Pit Beirer explique, mais en partie seulement…
KTM a toujours mis un point d’honneur à affirmer qu’il n’obligerait jamais un pilote à courir pour ses couleurs s’il n’en exprimait pas le désir. Une philosophie qui semble avoir changé avec Raul Fernandez qui s’est certes vu annoncer chez Tech3 KTM en MotoGP, mais sans que ce qui avait tous les atours d’une promotion pour un pilote Moto2 ne le transportent de joie. Au contraire. On pourrait même aller s’expliquer devant le tribunal…
Le patron des sports KTM Pit Beirer a expliqué sur motogp.com : « j’ai appris que d’autres constructeurs continuaient à faire du pied à Raul Fernandez, ce qui m’a quelque peu agacé. Il était ravi de rester en Moto2, c’était son vœu et nous ne lui avons pas forcé la main. Néanmoins, nous lui avons fait comprendre que s’il souhaitait grimper en MotoGP, bien évidemment il y avait une opportunité avec nous. C’est pour cette raison que tout est allé aussi vite hier. Nous voulions nous assurer qu’il n’ait pas besoin de faire appel à un autre constructeur pour monter en MotoGP ».
Pit Beirer : « il a fallu qu’on désamorce le truc »
« Notre programme le prévoyait, pas forcément ce samedi, mais tout était prêt, il restait juste quelques trucs à finaliser » ajoute Beirer. « Au bout du compte, il a fallu qu’on désamorce le truc, comme certaines personnes tentaient encore de lui parler. Je voulais qu’il reste également concentré sur ses performances en Moto2, car il est dans le coup au Championnat. Je souhaiterais le remercier lui, ainsi que sa famille et ses managers. Nous sommes parvenus à trouver un accord pour publier ce communiqué, qui n’était même pas attendu par notre propre département communication. »
La conclusion est plus qu’optimiste au vu des commentaires de l’entourage de Raul Fernandez. Une ambiance tendue qu’Hervé Poncharal ne nie absolument pas. En fait, on en serait qu’à un épisode d’un feuilleton à présent officiellement lancé mais qui a commencé dès que Petronas Yamaha a lancé ses filets en direction de l’Espagnol. Ce dernier préférait clairement avoir un avenir MotoGP sur une M1 plutôt que sur une RC16 et bien que révélé par KTM, il veut être maître de son destin. Sa volonté de faire une seconde année en Moto2 se traduit par l’idée d’aller au bout de la logique de la filière KTM pour ensuite en sortir en pouvant faire ses choix en MotoGP.
L’idée aurait été de faire une dernière saison Moto2 sous les couleurs KTM mais avec déjà un contrat Yamaha en poche pour le MotoGP. Jorge Lorenzo a fait la même démarche en son temps alors qu’il était toujours chez Aprilia dans sa dernière année en 250. Mais KTM, qui a déjà perdu Jorge Martin, le vainqueur du Grand Prix de Styrie sur une Ducati, a décidé de ne plus se faire piller. Le constructeur veut faire passer un message que Pedro Acosta devra étudier.
Reste que le même constructeur a mis des clauses de sortie, avec les 500 000 euros de pénalité que Raul Fernandez, son manager, Petronas ou Yamaha étaient prêts à honorer. KTM a apparemment refusé en faisant jouer l’option sans préavis. Maintenant, soit deux solutions : ou Raul Fernandez accepte la situation, ou il persiste dans la contestation, ce qui nous promet de belles heures juridiques. KTM y joue sa crédibilité, son influence et sa réputation.