Pecco Bagnaia, le double champion Ducati en MotoGP, traverse un début de saison 2025 compliqué. Écrasé par son équipier Marc Marquez, l’Italien doute, au point de vouloir lâcher la GP25 pour revenir à la GP24 à Austin (27-29 mars). Son père, Pietro Bagnaia, s’ouvre sur cette passe délicate : pas de panique, la situation illustrerait juste un champion en quête de son « feeling » face à un Marc en état de grâce. Analyse d’un papa confiant …
Pietro Bagnaia, le père du double champion du monde Pecco Bagnaia, s’est confié à Mowmag sur la situation délicate que traverse son fils dans cette entame de saison du MotoGP. Alors que Pecco Bagnaia semble en difficulté avec sa Ducati, incapable de retrouver son niveau habituel, son père évoque sans détour les défis techniques, la pression mentale et… la présence écrasante de Marc Marquez.
« Pecco n’est pas content, c’est un pilote, un champion et il veut gagner », lance d’emblée Pietro Bagnaia. Un constat sans appel pour un pilote habitué à dominer. Mais aujourd’hui, le vent a tourné. « En ce moment, il y a un pilote, pas n’importe lequel, mais un octuple champion du monde nommé Marc Marquez, qui objectivement parvient à aller plus vite et qui, comme tous ceux qui vont plus vite, gagne. » Voilà qui est dit. Marquez, l’ogre de MotoGP, est de retour, et il fait trembler même les meilleurs.
Mais que manque-t-il à Bagnaia pour rivaliser ? « Il manque quelque chose, pas grand-chose, mais cela ne lui permet pas d’avoir ces deux dixièmes de seconde supplémentaires dont il a besoin », explique son père. Deux dixièmes, une éternité en MotoGP. Est-ce un problème de machine, de confiance, de pilotage ? « Je ne sais pas si c’est une question d’adaptation à la moto, de confiance, de technique, ou plus simplement de pilotage. Cela pourrait aussi être une combinaison de tout cela. Disons qu’il n’est pas encore entré dans la bulle. » Une bulle que Marquez, lui, semble avoir intégrée depuis longtemps.
Et justement, parlons de Marquez. Les rumeurs vont bon train : Ducati se concentrerait davantage sur l’Espagnol que sur Bagnaia. Une idée que Pietro balaie d’un revers de main, mais avec une pointe de sarcasme. « Pecco représente l’histoire de Ducati, mais qui pense vraiment que Dall’Igna ou l’équipe, désormais sous le charme de Marc Marquez, l’ont abandonné ? » La question est posée, et elle pique. Pourtant, Pietro insiste : « Pecco est reconnaissant d’avoir un tel champion dans son équipe, quelqu’un à battre et, quoi qu’il en soit, dont il puisse tirer des leçons. »
Pietro Bagnaia : « nous travaillons dur pour retrouver ce sentiment qui nous a permis de remporter onze Grands Prix sur vingt l’an dernier »
Mais ne nous y trompons pas : derrière cette gratitude affichée, il y a une rivalité qui s’installe. « Pecco et Marc sont deux coéquipiers, deux rivaux qui veulent se battre », rappelle Pietro. Et si certains fans voient déjà une guerre ouverte entre les deux pilotes, le père de Bagnaia tempère : « c’est vraiment absurde et cela nuit au sport. » Pourtant, il admet que la comparaison avec Marquez est inévitable. « Le fait que Pecco puisse être comparé à quelqu’un comme ça n’est qu’un encouragement, quelque chose de positif. »
Mais la vraie question reste : pourquoi Bagnaia peine-t-il à retrouver son niveau ? Pour Pietro, la réponse est technique autant que mentale. « Avec Ducati, ils se sont probablement concentrés sur de nouvelles fonctionnalités qui doivent encore être perfectionnées. » Un aveu qui en dit long sur les ajustements apportés à la moto, et qui ne semblent pas encore porter leurs fruits. « Je suis convaincu que nous travaillons dur pour retrouver ce sentiment qui, par exemple, l’année dernière, nous a permis de remporter onze Grands Prix sur vingt. »
Et puis, il y a le mental. « Pecco dit aujourd’hui : « C’est moi qui dois retrouver le feeling et retrouver ma vitesse ». » Un état d’esprit que Pietro résume en quelques mots : « Libère-toi ! Libère-toi et fais ce que tu ressens, comme tu le sens, avec cette légèreté qui n’est pas de la superficialité, mais la capacité d’agir sans contrainte. » Un conseil de père, mais aussi un appel à la lucidité. « Certains disent que Pecco est froid, ce n’est pas de la froideur : c’est de la lucidité. »
Enfin, Pietro Bagnaia rappelle une évidence : « Marc est maintenant dans un état que Pecco n’a pas encore trouvé. » Un état de grâce, presque mystique, que seul un champion comme Marquez peut atteindre. « Aujourd’hui, Marc n’a rien à perdre, mais dans le sens où il a tellement de liberté d’esprit que s’ils mettaient la roue arrière sur l’avant, il gagnerait probablement de toute façon. » Une image qui en dit long sur la confiance absolue de l’Espagnol.
Mais Pietro reste optimiste pour son fils : « je ne sais pas combien de temps il faudra pour revenir à 100 %, mais j’ai le sentiment que nous y sommes presque. À partir du Qatar, peut-être, tout fonctionnera mieux. » Entre-temps, il faudra en passer par Austin, jardin texan de Marc Marquez …