Pedro Acosta, âgé de 19 ans, entre dans le monde exigeant du MotoGP avec une renommée déjà établie, deux titres à son actif et une pression accrue. Après avoir remporté le Championnat du Monde Moto3 dès sa première saison en 2021, l’Espagnol a récidivé deux ans plus tard en Moto2, s’imposant comme champion dès sa deuxième année dans la catégorie intermédiaire. Cependant, son parcours n’a pas été dénué de défis, comme il l’a partagé dans le documentaire de DAZN intitulé de façon évocatrice : « Pedro Acosta, forcé de gagner » …
Dès ses débuts en Moto3, Pedro Acosta a été considéré comme un futur champion, placé sur un chemin où la victoire semblait être la seule option dès le départ. Il a souligné que l’attente était qu’il gagne immédiatement, étant donné que son arrivée dans le championnat se faisait via une moto KTM officielle et le soutien de Red Bull : « je suis arrivé au Championnat du Monde et après seulement sept courses, on parlait déjà de moi comme d’un Champion du Monde » se souvient-il. « C’était moi qui devais gagner. Le gars qui arrive, monte sur une KTM officielle avec Red Bull derrière lui, vous ne l’emmenez certainement pas pour qu’il apprenne. Ils vous ont mis là pour gagner ».
Pedro Acosta a reconnu avoir manqué certains aspects du processus de développement en début de carrière, comme le fait de grandir progressivement au sein d’une petite équipe et de décrocher son premier podium. Malgré quelques regrets, le double champion du monde affirme qu’il ferait les mêmes choix s’il devait refaire son parcours : « j’ai raté beaucoup de choses simples, comme profiter d’être dans une petite équipe, grandir petit à petit et décrocher mon premier podium. J’ai raté un Championnat du Monde normal en Moto3. J’ai raté l’occasion d’apprécier les membres de l’équipe. Mais c’est aussi vrai que si on me le demandait demain je referais le même choix, je dirais oui. Je ne connais pas la compétition sous un autre angle ». Et il ajoute : « si je n’avais pas gagné le titre cette année-là, je pense que tout le monde aurait été déçu. Ma carrière n’aurait pas continué comme elle est aujourd’hui ».
Pedro Acosta : « durant cette période, j’ai beaucoup pleuré, je n’ai rien compris, je ne comprenais pas ce qui se passait dans ma vie, en Championnat, je ne comprenais rien »
Passant au Moto2 en tant que champion en titre de Moto3, Pedro Acosta a rencontré des difficultés d’adaptation plus importantes que prévu. Son objectif en 2022 était de conquérir encore le titre, mais il a admis que cela n’avait pas commencé comme il l’espérait, suscitant des doutes et de la pression. Il révèle les défis mentaux auxquels il a été confronté, affirmant qu’il a parfois eu du mal à comprendre ce qui se passait dans sa vie et dans le championnat : « en 2022, je voulais redevenir champion du monde. Je n’avais aucune autre raison de courir. J’étais sûr de pouvoir le faire, mais ça n’a pas commencé comme je le voulais ».
Il détaille : « c’était difficile de gérer la tête. Un an, c’est très long. En trois mois, il s’est passé beaucoup de choses et il y avait plus de pression » analyse le pilote de 19 ans. « Durant cette période, j’ai beaucoup pleuré. Je n’ai rien compris. Je ne comprenais pas ce qui se passait dans ma vie, en Championnat, je ne comprenais rien. Parce que, si je suis là, c’est pour me sentir bien et m’amuser ». Une bonne humeur qu’une fracture du fémur de la jambe gauche subie à l’entraînement a totalement remis en cause : « je n’ai pas envisagé de prendre ma retraite, mais je me suis demandé si cela en valait la peine. En été 2022, je pense que la blessure m’a beaucoup aidé. Elle m’a aidé à comprendre qu’il était important de changer, de bouger. Changer d’environnement m’a permis de voir les choses différemment », confesse-t-il.
« J’avais besoin de quelqu’un pour me pousser, pour me donner une étincelle, car il était arrivé un moment où je ne le faisais plus. Je ne veux pas dire que j’étais rassasié, mais j’en avais un peu marre de tout. En 2022, j’aurais peut-être pu dire que c’était là que tout se termine, mais je n’avais aucune raison de le dire. Ces deux dernières années, et surtout la présence d’Albert Valera mon manager, m’ont aidé à voir les choses plus clairement ».
Pedro Acosta reste déterminé et reconnaît que participer au Championnat du Monde MotoGP signifie être constamment confronté à des compétiteurs rapides, ce qui ne manquera de le confronter à des moments tant positifs que difficiles : « lorsque vous participez au Championnat du Monde, vous réalisez que, du début à la fin, tout le monde est très rapide et les gens ne l’imaginent pas » termine l’Espagnol, désormais pilote Tech3 GASGAS.