Le gain en popularité, avec aussi la conquête d’un nouveau public, est l’enjeu d’un MotoGP qui constate que, malgré son spectacle mécanique sur la piste tonifiant, il reste loin d’une Formule 1 dans ce domaine, alors que l’on y comate pendant près de deux heures à le regarder depuis son divan. Dan Rossomondo a été recruté pour résoudre cette contradiction, et il y travaille en y apportant sa culture américaine de la NBA. Cela étant dit, les outils actuels sont-ils tous adaptés à la réalité du marché que vise le sport-moto ? Pedro Acosta en doute, du moins sur un point hautement sensible, car aux enjeux économiques pour l’ensemble du paddock pour le moins importants …
Pedro Acosta s’est révélé sur la scène internationale à 16 ans, et le voilà, après un titre de Champion du Monde en Moto3, à 19 ans, assuré d’un avenir en MotoGP en 2024. En lice pour une seconde couronne en Moto2, il sait ce que la pression médiatique signifie, car il l’a vécue dès son plus jeune âge. Ainsi, il se souvient : « j’avais 16 ans, je suis entré en Moto3 et j’avais soudainement plus de caméras sur moi que Marquez ou Fabio Quartararo. J’étais suivi par une caméra toute la journée… Les gens étaient fous, surtout en Espagne. C’était plus difficile que ça ne l’est maintenant, à presque 20 ans ».
Puis il ajoute : « mais nous devons comprendre les gens, ce sont des fans et nous pouvons être leurs héros. Nous devons donc comprendre que lorsque les gens viennent à une course, ils veulent des photos et tout. Cela fait partie du travail ». Certes, mais Pedro Acosta ajoute aussi que l’on pourrait faire encore mieux. Car le public qu’il a vu, et qui le connait, n’est pas le « grand public » qui mériterait aussi d’accéder à ce spectacle …
Pedro Acosta : « comment allons-nous faire connaître le MotoGP aujourd’hui si nous ne donnons pas l’opportunité à tout le monde de le voir ? »
Un sentiment qu’il développe ainsi sur Speedweek : « quand j’étais petit, dans tous les restaurants, à l’heure du déjeuner, on voyait les courses en plein air. Vous ne les aimez peut-être pas ou ne vous y intéressez pas, mais vous les avez toujours vus. Vous saviez donc qui étaient Dani Pedrosa, Valentino Rossi ou même Cal Crutchlow ». Et précise : « dans une famille avec deux enfants, si la mère ne travaille pas et que seul le père travaille, la première chose qu’ils vont faire est de couper les chaînes de télévision payantes, Netflix et ces plateformes. Je pense que des temps difficiles arrivent ».
De fait, s’il comprend les stratégies actuellement déployés sur les Grands Prix en termes d’accessibilité des pilotes pour le public présent, il pense surtout qu’il faudrait renoncer à une certaine politique économique pour atteindre le plus grand nombre : « nous avons un problème : les gens doivent payer dans de nombreux pays pour regarder les courses à la télévision. Ce n’est pas bon ». Et il termine sa démonstration avec cette question : « comment allons-nous faire connaître le MotoGP aujourd’hui si nous ne donnons pas l’opportunité à tout le monde de le voir ? ».
La télévision payante est une forte réalité. Pas seulement sur les motos. Le football, la Formule 1, le basket ou le tennis ont succombé à ses charmes depuis déjà quelques années. Un modèle économique qui a généralement un impact positif sur les équipes, obtenant un plus grand bénéfice économique de ces accords, mais qui a aussi logiquement affecté la consommation télévisuelle.