Franco Morbidelli regarde les autres catégories en Grand Prix. Et lors du dernier qui s’est déroulé en Espagne, Pedro Acosta a encore épaté la galerie en Moto3. Il a confirmé l’impression qu’il tournait autour de ses adversaires, malgré ses 16 ans seulement. Pourtant, sa prestation à Jerez n’a pas été simple et il n’a jamais semblé être au-dessus de la mêlée. Mais c’est pourtant lui qui, mariant autorité et opportunisme, a réussi à tirer les marrons de feu en remportant une nouvelle victoire. La saison est encore longue, mais beaucoup ont déjà l’impression que ce Moto3 est trop petit pour son talent. Doit-il griller les étapes, et vivre, par exemple, l’expérience de Jack Miller qui s’est très vite retrouvé en MotoGP ? Les pilotes de cette catégorie répondent, et Morbidelli a un avis à contre-courant de celui des autres…
Pedro Acosta est devenu incontournable en quatre Grands Prix de cette saison 2021. Il faut dire qu’il a concrétisé à trois reprises de façon consécutive, après avoir entamé sa première campagne à ce niveau de la compétition avec une seconde position. Dans un paddock qui ne rêve que de trouver le jeune prodige, l’événement est de taille. Le diamant brut est là. Mais qui le mettra dans son écrin ? Et, surtout, ne faudrait-il pas qu’il soit taillé avant d’être exposé ?
Ce travail, c’est celui du temps et de l’expérience passée dans les autres catégories avant d’arriver en MotoGP. Car la précipitation à l’égard d’Acosta peut aussi le consumer. Marc Marquez, qui en sait quelque chose sur le sujet, a prévenu, et même conseillé son talentueux cadet de garder la tête froide. L’actuel leader du championnat Bagnaia ne dit pas autre chose lorsqu’il déclare : « c’est l’ un des rookies qui m’a le plus impressionné depuis que je suis au championnat, mais la meilleure façon d’arriver en MotoGP est de faire deux ans dans chaque catégorie. Acquérez de l’expérience, apprenez et grandissez. Pour moi, il vaut mieux attendre et ne pas lui mettre beaucoup de pression car nous avons vu d’autres pilotes qui ont subi la pression des médias et qui ont été perdus. Il vaut mieux attendre et seulement le féliciter ».
Joan Mir, le Champion du Monde en titre, a également voulu s’associer aux conseils du plus long chemin et s’est penché sur la manière dont Acosta devrait aborder les choses : « maintenant, il doit être intelligent et s’entourer de bonnes personnes, qui ne le laissent pas faire n’importe quoi. Il a commencé à être compétitif depuis le début et a pris la tête du championnat et tout ça, et c’est une bonne chose pour son avenir car cela signifie qu’il prend moins de temps que tout le monde pour s’adapter. Mais l’expérience est quelque chose de plus difficile à acquérir, car vous avez besoin de carrières et vous avez besoin que les choses vous arrivent. C’est quelque chose qui ne peut pas être acheté. Je pense que deux ans dans chaque catégorie est la chose la plus intelligente à faire. Gardez les pieds sur terre et continuez à travailler ».
Morbidelli : « je lui dirais de garder les pieds sur terre mais d’écouter ce qu’il ressent »
Tout le monde semble donc lui conseiller la prudence et la mesure. Mais il en est un qui parie plutôt sur l’homme et son sentiment. Il s’agit de Franco Morbidelli. Le point de vue de l’italo-brésilien est ainsi différent : « rester les pieds sur terre est important, mais Pedro a quelque chose de différent. Nous n’avons jamais rien vu de tel. J’ai vu des courses depuis que je suis enfant et seul Romano Fenati a fait quelque chose de similaire, mais c’était dans d’autres circonstances et avec le Moto3 c’était nouveau. Ce que nous voyons de Pedro est autre chose, c’est clair ».
« Ce que je vois de lui, c’est qu’il n’a pas l’air d’avoir 16 ans, il semble être un gars très concentré et il n’est pas là pour jouer. Garder les pieds sur terre est le bon conseil, mais je pense aussi que si vous sentez que vous devez franchir le pas, je ne dis pas que c’est l’année prochaine, si vous continuez à faire autre chose, vous devez faire autre chose pour votre futur ».
Il termine : « nous pouvons voir plus de lui, alors s’il le ressent, pourquoi pas ? Je lui dirais de garder les pieds sur terre mais d’écouter ce qu’il ressent, car il fait quelque chose de différent ». Dans tous les cas, ce que fait actuellement Acosta, c’est d’enterrer tous ceux qui le côtoient cette année sur la grille de départ.