Ducati avait terminé la dernière saison dans l’euphorie de quatre victoires lors des six dernières courses récoltées par un Pecco Bagnaia qui semblait avoir endossé le costume du leader naturel. L’Italien vice-champion du monde avait même signé, avant de se lancer dans sa campagne 2022 au Qatar, un nouveau bail de deux ans en clamant que si ça n’avait tenu qu’à lui, il aurait opté pour un contrat indéterminé. Puis les hostilités à Losail ont commencé et on sait comment cela s’est fini. Bagnaia s’est montré très amer sur la façon dont on lui aurait imposé de gérer son week-end, à tel point qu’il a promis qu’il ne ferait plus de tests en Grand Prix. Le coup de froid dans les relations a été d’autant plus ressenti que le naufrage de la maison rouge près de Doha a marqué les esprits. Paolo Ciabatti en parle avant de s’organiser pour la prochaine étape en Indonésie…
La victoire d’Enea Bastianini au Qatar sur une GP21 a tout de même du baume au cœur aux troupes Ducati malmenées par cette entame de saison qui reste un monumental raté officiel. A Losail, il y a d’abord eu cette homologation de trois versions moteur alors qu’il aurait été logique de n’en avoir que deux, le tout sur fond de fronde des cinq autres constructeurs s’élevant contre le correcteur d’assiette mis au point. Une ambiance qui a profondément agacé le staff en rouge.
Les coulisses étaient ainsi agitées, mais aucune consolation n’est venue de la piste. Au contraire : deux abandons, un d’ordre technique pour Jack Miller et l’autre sur chute pour un Pecco Bagnaia qui a en plus entrainé la Ducati Pramac de Jorge Martin dans son accident, ont convaincu le staff de Borgo Panigale que ce Grand Prix du Qatar serait définitivement à oublier. Cependant, les déclarations de Pecco Bagnaia sur la gestion globale du week-end sont restées dans les mémoires…
Davide Tardozzi a d’abord réagi en dédouanant son pilote compatriote et à présent c’est Paolo Ciabatti de donner son sentiment. Sur GPOne, il se montre compréhensif, mais aussi assez clair sur le fait que ce type de commentaire ne passera peut-être pas deux fois… Il commence son propos par un rappel des faits : « nous avons eu un week-end compliqué, marquer zéro point est un résultat très négatif pour nous. Jack a eu un problème électronique que nous avons résolu et cela ne se reproduira plus, mais malheureusement il a dû arrêter. Pecco, qui tournait très vite, a également commis une erreur impliquant Martin. Nous n’avons pas amené la GP22 à ses débuts avec les résultats que nous espérions, évidemment il reste encore quelques détails à régler ».
Les tests hivernaux n’ont donc pas suffi ? « Le fait de ne pas avoir pu rouler en continu dans des conditions stables ne nous a certainement pas aidés à peaufiner un certain nombre d’aspects de la moto qui doivent encore être réglés. A Mandalika nous avons trouvé une piste très sale puis l’asphalte s’effritait. Malgré la pole position de Martin, les performances au Qatar ont été en deçà de nos attentes ».
Paolo Ciabatti : « je comprends le point de vue de pecco Bagnaia et nous en avons tiré les conséquences »
Voilà, qui est dit. Puis Ciabatti arrive sur le cas Bagnaia : « la GP22 avait des solutions qui n’étaient pas entièrement triées et il est compréhensible qu’un pilote, qui n’avait pas touché à la moto d’un certain point de vue depuis l’année dernière, parvenant à retrouver une confiance exceptionnelle avec l’ensemble du package, ait eu du mal avec certaines solutions qui lui a fait perdre un peu de sensations dans la première journée et demie d’essais. Je comprends son point de vue et nous en avons tiré les conséquences nécessaires ».
Sur l’organisation, Ciabatti est clair : « le travail a été réparti entre tous les pilotes du GP22. Dans son cas, comme l’objectif est de se battre pour le titre de champion du monde, le fait d’essayer des solutions qui ne lui donnaient pas confiance le rendait nerveux ». Puis il termine : « c’est Dall’Igna qui prend certaines décisions, mais je crois que la volonté est de répondre à ses besoins. On sait que la conviction du pilote d’avoir le bon package va loin, parfois plus que l’innovation technique. Nous comprenons Bagnaia et nous tiendrons compte de ce qu’il nous a dit ». A lui maintenant d’enregistrer ce que ses employeurs ont aussi déclaré.