Directeur sportif de Ducati Corse depuis de nombreuses années, Paolo Ciabatti est celui qui est chargé le plus souvent d’exprimer le point de vue de la marque, le Directeur général Luigi Dall’Igna étant fréquemment très occupé avec les questions techniques et l’organisation du team. Ciabatti est généralement assez diplomate, et sa récente critique de Johann Zarco a donc surpris. Mais à bien y réfléchir, est-ce une critique ou plutôt un conseil pour l’aider à régler son problème majeur ?
Après la résiliation de son contrat avec KTM à l’amiable en fin d’année, Johann a envisagé de devenir pilote d’essai pour un constructeur, tout en courant quelques GP en wildcard pour revenir ensuite en tant que pilote permanent. Chez Ducati, la porte resta fermée car la firme bolognaise a sous contrat Michele Pirro encore pour l’année prochaine.
« Zarco sait que nous n’avons pas de place pour lui » a déclaré le Directeur sportif Paolo Ciabatti lors d’un entretien avec Speedweek.com.
« C’est un pilote rapide, bien sûr, il a été deux fois Champion du Monde de Moto2. Il n’était pas si jeune quand il est arrivé en MotoGP, mais il a surpris tout le monde. Il a été très rapide avec la Yamaha en 2017 et 2018. »
« Zarco est toujours un pilote très rapide, mais ce que j’ai remarqué, c’est sa situation dans un environnement personnel qui n’est pas idéal. »
« Sa performance en 2019 est donc non seulement influencée par la performance de sa moto, mais aussi par quelques faits pouvant être attribués à son entourage. »
« Nous respectons pleinement Zarco et ses compétences pour le pilotage. Mais nous ne pouvons rien lui offrir. »
A priori, cela pourrait ressembler à une critique, mais ce n’est pas le style de Ciabatti. Ses points de vue sont généralement positifs et toujours emprunts de respect.
On peut donc supposer qu’il a constaté le désarroi actuel de Johann et cherche, en l’aidant à prendre conscience de la nature de son problème, plutôt à lui donner un conseil utile qu’à lui être désagréable.
On voit plus facilement l’ensemble d’un problème quand on en est à l’extérieur, plutôt qu’à l’intérieur bousculé par le maelstrom. Comme l’avait dit Lao Tseu, « Quand on tombe, il faut se relever d’abord, puis réfléchir ensuite. Si on réfléchit quand on est par terre, on n’est pas près de se relever. »
Photos © Ducati et Christian Bourget