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Marc Marquez

La compétition moto en général et le MotoGP en particulier diffèrent sérieusement des autres sports mécaniques avec deux roues de plus par le fait que le pilote est le premier exposé en cas de chute. Son équipement à certes évolué, mais il n’est pas doté d’une armure à toute épreuve. Une fois blessé, le même récupère de ses blessures en des temps records qui n’ont de cesse de subjuguer le commun des mortels. Et au-delà de ça, il faut une force mentale hors du commun pour retourner au combat avec encore la douleur et le souvenir comme si de rien n’était. Mais depuis Jerez 2020 et le retour fulgurant de Marc Marquez à la compétition quatre jours après une opération à l’humérus, de vraies questions se sont posées, et qui se sont développées avec la saga médical du même pilote Honda qui a suivi. Aujourd’hui, en 2022, on jure qu’on a changé de paradigme. Le temps des retours à la compétition au rythme d’un record du tour serait révolu…

Un changement d’époque que l’on doit à celui qui a vécu ce morceau d’histoire des Grands Prix et qui a la charge du service médical du MotoGP. Une antenne que le glorieux Docteur Costa a créé avec les moyens du bord. Depuis, sous son impulsion, puis celle de ses successeurs, les choses ont évolué et celui qui est à présent en charge, soit le Docteur Angel Charte s’en félicite : « les motos évoluent, les médecins et l’équipe médicale aussi. Nous avons la capacité de faire des électrocardiogrammes en dix secondes ou de défibriller et de faire une thrombolyse, ce qui était impensable auparavant. Je veux me souvenir du Dr Costa qui est ici depuis 40 ans et qui a fait un excellent travail, celui qui pouvait être fait. Nous nous adaptons aux avancées médicales. Nous pouvons effectuer des opérations sur la piste, à la fois vasculaires et thoraciques et de toutes sortes ».

Au passage, il donne une statistique intéressante : les accidents qui se produisent en une saison sont d’environ 1 400, dont 7 à 8 sont graves, selon les statistiques : soit environ un sur 186. Tous les quatre, cinq ou six ans, selon les statistiques, un drame survient comme celui de Jason Dupasquier… Mais il y a aussi des drames qui sont évitées. On apprend ainsi que Michele Pirro est passé par une belle porte… « Il y a un garçon qui était sur le point de mourir et puis il m’a écrit une lettre. Michele Pirro, testeur Ducati, qui a volé au bout de la ligne droite du Mugello et a eu un accident à très grande vitesse avec arrêt cardiaque … C’est gratifiant quand un médecin remplit son obligation et peut récupérer un patient ou un pilote. C’est la seule chose que je sais faire » dit Angel Charte sur AS.

MotoGP 2022, Dr Angel Charte : "Avec Marc Marquez il y a; Suite pression. Oubliez les retours miraculeux de Jorge Lorenzo & quot;

« Il y a un pilote MotoGP qui était sur le point de mourir et puis il m’a écrit une lettre »

Mais en plus d’exercer son art, le docteur doit aussi faire de la politique. Un aspect du métier qui lève le voile sur un côté sombre de ce sport. Car il y a blessé et blessé, même s’il souffre de la même blessure. Et celui qui est aussi chef de la médecine interne de soins intensifs à l’hôpital universitaire de Dexeus (Barcelone) ne cache pas que le patient Marc Marquez est aussi un enjeu pour beaucoup… « Marc Marquez est un sujet compliqué et difficile car c’est un personnage. La pression augmente beaucoup pour le médecin et chacun se sent alors obligé d’avoir son mot à dire ».

Il cite l’exemple raison du trouble de la vision : « avec la dernière diplopie de Marquez, j’ai entendu des ophtalmologistes qui ne l’avaient pas vu donner leur avis et c’est devenu une sorte de cirque. Je ne pense pas que ce soit éthique, car je ne donne jamais mon avis sur des pathologies que je ne soigne pas. Marc Marquez sait ce qu’il a et il connaît les risques qu’il court. Son ophtalmologiste le lui a parfaitement expliqué et c’est un professionnel. Ce qu’il a ne signifie pas que s’il tombe, il aura une autre diplopie. Cela pourrait lui arriver maintenant, dans dix ans ou jamais ».

Mais le vrai débat Marc Marquez est celui de Jerez 2020 et après… « Marc Marquez est un cas particulier qui a fait couler partout des rivières d’encre. Tout le monde avait un avis là-dessus. Lorsque Marquez est revenu après sa première opération, il était en parfaite forme. Les rapports que nous avons reçus étaient corrects et, lorsqu’il est monté sur la moto, il est allé vite. Le temps prudentiel était passé selon le code médical, les tests ont été faits et Marquez a été jugé apte car il a réussi tous les tests. Il est très facile de parler après l’événement. Nous changeons le code médical et sommes désormais plus exigeants. Puis ce qui s’est passé est arrivé. Mais maintenant, il va plutôt bien et les derniers contrôles qu’il a effectués avec un excellent traumatologue, le Dr Antuña, semblent bien se passer ».

Cependant, la leçon a porté : « après les derniers accidents graves que nous avons eus, dont celui de Marc Marquez, j’ai rencontré le directeur général de la FIM et le Dr David MacMagnus, responsable de la commission médicale de la FIM, et je lui ai dit qu’il fallait changer, et il a entendu. Je lui ai demandé de faire plus de tests sur les pilotes lorsqu’ils reviennent d’une blessure grave et que ce n’est pas suffisant de leur faire faire quatre mouvements qui ne mènent nulle part. Nous avons fait venir des neurochirurgiens, des ophtalmologistes et des traumatologues, tous consultants à nos côtés. Même si on nous apporte les rapports de son spécialiste, c’est toujours à nous de consulter nos consultants et de décider si le pilote est ou non apte à prendre la piste ».

Et il conclut : « les pilotes ne sont pas inconscients et on ne verra plus de récupérations fulgurantes avec des gens sur la piste avec des os cassés. Les pilotes sont humains. Ce qui se passe, c’est qu’ils sont préparés dès leur plus jeune âge et savent aussi tomber. Rappelez-vous comment Maverick a chuté l’année dernière en Autriche et s’est levé comme si de rien n’était. Ce qui est très important pour les pilotes, qui ont peur comme vous et moi, c’est qu’ils gèrent parfaitement leur peur. Ils savent toujours combien risquer et comment risquer. Il n’y a pas de fou ici ». Cependant : « il n’y aura plus de retours miraculeux ».

MotoGP, Charte : "il n'y aura plus de retours miraculeux, il n'y a pas de fou ici"

 

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