En ce samedi 19 septembre, Johann Zarco a répondu aux questions des journalistes depuis Misano au terme de la deuxième journée du Grand Prix d’Émilie-Romagne.
Nous sommes allés écouter (via un logiciel de téléconférence) les propos du pilote français.
Comme à notre habitude, nous reportons ici les paroles de Johann Zarco sans la moindre mise en forme, même si la première partie est traduite de l’anglais (vouvoiement).
Johann Zarco : « La journée a été difficile
aujourd’hui, car je n’ai pas pu passer en Q2 ce matin, puis, cet
après-midi, je n’étais pas si loin mais ce n’était pas suffisant
pour être là et espérer une meilleure qualification ! J’ai dépensé
beaucoup d’énergie et nous avons fait un bon travail en améliorant
à chaque fois, mais cela n’a pas été suffisant. Cela me rend un peu
en colère car avec toutes l’énergie que je dépense, vous espérez
toujours de bonnes choses, mais il semble que je dois encore
apprendre. Avec tout ce que j’apprends, je ne peux pas être
complètement à l’aise sur la moto, et c’est sans doute ce qui me
manque pour la dernière étape. Enfin, ce n’est peut-être pas la
dernière étape, mais pour être plus rapide, car les gars qui ont
été vite aujourd’hui ont vraiment été impressionnants. Donc nous
verrons bien demain en partant 14e ! Je pense que je peux être plus
compétitif que ce que j’étais la semaine dernière, donc j’espère
vraiment faire un bon départ et me sentir à l’aise durant la
course, pour finir la course après avoir rattrapé beaucoup de
pilotes et les avoirs dépassés. Nous verrons où je peux terminer.
Je pense toujours que terminer dans le top 10 est possible.
»
« Les super résultats des pilotes Ducati confirment que, quand
je dis que la Ducati a un très grand potentiel, c’est vrai. Mais
clairement, cela demande bien plus de temps pour mieux l’emmener,
car je sens que les progrès sont là, mais je le répète ce n’est pas
suffisant aujourd’hui. Il faut donc juste rester calme et continuer
à progresser moi-même. »
Avez-vous abîmé vos motos lors de vos chutes hier et aujourd’hui ?
« Non, il y a eu moins de dommages lors de la chute d’aujourd’hui que lors de celle d’hier. J’espère que je ne ferai pas ça à chaque fois, même si on dirait qu’il faut que je subisse une petite glissade pour avoir une grande motivation : Mais la motivation est déjà là ! C’est seulement la preuve que j’essaie, et c’est sans doute parce que j’attaque beaucoup que je commets quelques erreurs. Lors de mon dernier tour, je l’ai très bien commencer et j’étais vraiment à la limite. Puis j’ai commis une erreur au virage 11, donc je pense que j’ai perdu au moins un dixième dans ce virage car j’ai élargi et fermé les gaz. Donc oui, tout ne se met pas en place en ce moment. Du moins, aujourd’hui. »
Allez-vous essayer des réglages différents demain ?
« Non. En ce qui concerne les réglages, nous avons fait un bon pas en avant cet après-midi durant la FP4 : quelque chose d’intéressant. Je pense qu’on ne changera pas grand chose pour demain et on se servira seulement du warmup pour savoir quels pneus on va utiliser. Il semble qu’à la place du tendre de la semaine dernière, on va prendre le dur demain car c’est le seul qui ne connaît pas de graining. Nous devons voir, mais nous avons fait un bon pas en avant cet après-midi. »
Avez-vous déjà le système qui permet de baisser la moto en course ?
« Non, je ne l’ai pas encore car il faut s’en servir en pilotant. J’apprends encore beaucoup de choses et j’essaie de renforcer la confiance sur la moto, mais ça c’est une information supplémentaire et pour le moment je l’évite. Donc non, je ne l’ai pas (en course), je l’ai seulement pour le départ. »
Il y a eu beaucoup de chutes dans les virages à gauche : A quel point devez-vous y faire attention en y arrivant ?
« Vous devez y faire attention avant tout quand vous attaquez beaucoup durant le premier tour, ou même lors de votre tour de sortie. Après deux tours, vous pouvez avoir confiance et passer toujours de mieux en mieux. Durant la course, c’est un endroit où vous devez faire un peu attention au début, car si vous restez un peu tranquille pendant quelques tours, alors vous pouvez terminer les 27 tours car ça se passe de mieux en mieux. C’est toujours comme ça : Vous devez attaquer mais faire attention. Quand le pneu est à la bonne température, ça se passe bien, mais c’est vrai qu’on est parfois surpris parce que ça va tellement vite que vous ne pouvez pas garder cette marge à gauche : Vous devez également essayer d’améliorer vos virages à gauche, parce que si vous vous contentez de piloter en économisant le côté gauche, vous n’êtes pas assez rapide. »
Est-ce que la piste est plus difficile que la semaine dernière, et si oui, pourquoi ?
« Non, ça va beaucoup plus vite que la semaine dernière. La semaine dernière, nous avons donné le maximum et Viñales a fait un temps incroyable en 1’31.5. Et aujourd’hui, 1’31.5 vous donne la 10e ou la 9e position. Je pense que c’est la raison pour laquelle il y a eu beaucoup de chutes. Pecco est sous les 1’31, ce qui veut dire qu’il a trouvé un autre pas en avant. Pour moi, c’est bien, car cela veut dire que la Ducati est très bonne, et que si vous trouvez la bonne manière de la piloter, vous pouvez être plus fort que les autres, ce qui est très positif pour le futur. »
Les chronos ont été très impressionnants aujourd’hui. 1’31.7 était ce que tu pouvais faire de mieux, où tu aurais pu descendre en 1’31.5 ?
« Non, j’espérais le 1’31.5 déjà ce matin, parce que hier, quand j’ai vu les cinq premiers en 1’31.6, je me suis dit que si on ne passait pas en 1’31.5 on ne serait pas qualifié. Et c’était vrai. Donc oui, c’était ça le but mais ce n’est pas passé. Sur le coup, ça met les boules, mais après tu te dis que c’est normal d’être frustré et que c’est parce que tu as envie de bien faire. Après, ça va : je suis toujours zen et il n’y a pas d’énervement. Mais c’est sûr que sur le coup, quand tu as tout donné, tu ne sais pas vraiment où aller chercher plus. Tu aimerais, mais ça ne vient pas encore : C’est le haut niveau ! »
Quand on tombe à quelques minutes de la fin de la qualification, dans quel état mental et physique est-on ? Peut-on se reconcentrer facilement, d’autant que tu n’as eu que quelques secondes pour pouvoir faire son dernier tour ?
« C’est sûr ! En plus, le dernier tour était un bon
tour, mais j’étais tellement à donner le max que quand je suis
arrivé au virage 11, j’ai fait une petite erreur par manque
d’aisance. Cette petite erreur m’a coûté au moins un dixième et
demi qui pouvait permettre de passer en Q2. Sur le moment de la
chute, c’est plus « ah mince ! ». Pas d’énervement, juste
« mince, je me coupe un peu les chances ». Quand je vois
que je peux relever la moto, je me dis « allez, je
retente » mais c’est plus retenter en mode super héros en
espérant que ça passe… Mais tu sais que tu as quand même beaucoup
compromis ta qualif. »
« Parfois, le fait d’avoir encore plus un feeling avec
l’asphalte, ça t’aide à ressentir encore mieux ta moto. Parce que
quand tu es comme ça dans l’action, tu comprends tout de suite
pourquoi tu es tombé et ça ne te permet pas d’oser plus mais d’oser
à d’autres endroits où tu étais moi sûr. Et par contre, à cet
endroit-là, tu te gardes une petite marge : « ici, il ne faut
pas faire plus mais peut-être que je peux me permettre de faire
plus ailleurs ». »
Tu parlais de zénitude. Tu prends davantage de recul aujourd’hui, avec les événements que tu as connu ces derniers temps ?
« Oui, c’est sûr ! Je vois que de toute façon, dans tous les cas, j’évolue, et les temps que l’on réalise sont quand même vraiment vraiment rapides. Avec tout ce que j’ai pu vivre avant, je sais maintenant clairement que l’énervement, ça ne sert pas ! Sur le coup, il est normal d’être frustré, mais ça passe vite, parce qu’il faut vraiment regarder devant. Demain, pour la course, c’est un peu ça : Il ne faut pas s’alarmer parce que je vais partir 14e et on ne sait jamais à quoi s’attendre. En tout cas, il faut être concentré pour faire toute sa course. »
On ne sait pas si tu accès aux datas des autres pilotes Ducati, mais aujourd’hui, qu’est-ce que Bagnaia fait mieux que tout le monde sur la Ducati ?
« Il gagne beaucoup de temps au freinage. On sait que la Ducati, son point fort, c’est le freinage, et là, on voit qu’il sait gagner du temps là-dessus, tout en utilisant une super accélération après puisque c’est aussi lui qui a la meilleure vitesse de pointe. Un peu d’aérodynamique et un bon moteur, ça peut y faire, mais il gagne essentiellement du temps au freinage. Par rapport à moi, je pense que durant le freinage qui est une grosse phase de décélération, il arrive à se relâcher comme s’il était dans le virage. Moi, je freine fort, et on va dire que j’ai la position freinage et la position virage. Ça, il faut réussir à le combiner pour passer un cap. Je le vois comme ça, mais en tout cas, sa force, c’est le freinage. »
Ce n’est pas qu’il freine plus fort, c’est qu’il gère mieux sa phase de freinage ?
« Il freine plus fort ! Il sait tourner en freinant. Il garde du frein un peu plus longtemps, et avec beaucoup d’angle. Cette phase là, elle est censée te crisper un peu (rires) parce que c’est là où tu peux tomber. Mais lui, il se relâche à ce moment-là. »
Classement Q2 du Grand Prix d’Émilie-Romagne MotoGP :
Classement Q1 du Grand Prix d’Émilie-Romagne MotoGP :
Crédit classements : MotoGP.com