Ce dimanche 19 septembre 2021, Francesco Bagnaia a répondu aux questions des journalistes depuis le Misano World Circuit Marco Simoncelli, au terme du Gran Premio Octo di San Marino e della Riviera di Rimini.
Nous sommes allés écouter (via un logiciel de téléconférence) les propos du pilote italien, qui a décroché aujourd’hui son deuxième succès en MotoGP, après avoir su résister au retour de Fabio Quartararo en fin de parcours.
Comme à notre habitude, nous reportons ici les paroles de Francesco Bagnaia sans la moindre mise en forme.
Pecco, il s’agit de votre deuxième victoire de rang, acquise après un très bon départ suivi d’une excellente gestion de course. Pouvez-vous nous raconter tout cela ?
« J’avais conscience qu’il serait important de bien démarrer et d’attaquer dès les premiers tours. Avec le pneu soft, je savais pertinemment que le grip initial allait être très bon mais aussi que dans la dernière partie de la course ce serait plus compliqué face au pneu medium. J’ai donc simplement essayé d’être rapide et régulier dès le début. »
« J’ai probablement réalisé mon meilleur départ jusqu’ici. Je me suis élancé pile au moment où les lumières se sont éteintes… Je me suis beaucoup entraîné pour réussir à faire cela, donc c’était bien [rire sarcastique, sans doute lié au fait qu’on l’a un temps soupçonné d’avoir pris un départ anticipé]. »
« Dès la fin du premier tour on m’a indiqué une avance d’une seconde, donc c’était incroyable. J’ai vraiment essayé de bien gérer les pneus par la suite, mais le dernier tour a été très difficile, car Fabio revenait à coup d’une demi-seconde par tour. Dans le dernier tour j’ai tout fait pour rester devant, et j’ai réalisé mon meilleur troisième secteur de toute la course à ce moment-là. »
« J’ai réalisé mon meilleur départ jusqu’ici »
Est-ce que vous vous êtes inquiété en voyant Fabio fondre sur vous en fin de course ?
« C’est clair que j’étais inquiet, mais je savais également que le fait de dépasser une Ducati à Misano n’a rien de facile. Je savais pertinemment que Fabio était plus rapide dans le premier et le dernier secteur, mais en revanche les secteurs 2 et 3 étaient pour nous. J’ai donc fait en sorte qu’il ne s’approche pas trop de moi. Dans le dernier tour j’ai essayé de tout faire à la perfection, mais ce ne fut pas facile. Je pense que l’essentiel c’est de voir que nous avons atteint notre objectif, et c’est très spécial pour moi d’avoir réussi cela. »
« Le fait de dépasser une Ducati à Misano n’a rien de facile »
Dites-nous un peu ce que ça fait d’enchaîner deux victoires à une semaine d’intervalle ?
« La victoire en Aragón m’a permis d’arriver ici à Misano avec un surplus de motivation mais aussi en étant mieux préparé psychologiquement. Je dirais que cette nouvelle victoire est encore plus spéciale que la première dans le sens où je l’ai obtenue à domicile, devant mes fans, donc c’était vraiment incroyable, notamment dans le tour d’honneur, probablement le plus long que je n’ai jamais fait car je tenais à saluer tous les supporters présents en tribune. »
Vous avez déclaré avant la course qu’une nouvelle victoire vous ferait passer dans une autre dimension. Pensez-vous que ce soit effectivement le cas à présent ?
« Ce que j’ai voulu dire, c’est que j’ai rencontré beaucoup de difficultés pour remporter ma première victoire cette saison. A chaque fois j’étais proche de conclure mais il manquait toujours quelque chose ou bien je faisais une erreur. Mais le fait de gagner ma première victoire en Aragón, puis de récidiver ici à Misano, cela me donne beaucoup plus de confiance en moi. Je suis sûr à présent que si nous continuons à bien travailler et que nous progressons dans quelques domaines clés, alors nous pouvons constamment nous battre pour la première place. »
« Le fait de gagner en Aragon ainsi qu’à Misano me donne beaucoup plus de confiance en moi »
Quelle a été la course la plus difficile entre Aragón et Misano ?
« Ce fut selon moi plus dur aujourd’hui, car nous avons évolué sur une piste plus courte et avec plus de tours à parcourir, ce qui rend le tout plus dur physiquement. Ici vous n’avez pas vraiment le temps de souffler, alors qu’en Aragón vous pouvez vous décontracter un peu dans les longues lignes droites par exemple. »
« Ce qui a aussi été difficile, c’est de voir qu’à chaque tour l’écart me séparant de Fabio se réduisait, et c’était très difficile de rester concentré dans ces conditions. Mais je m’attendais à ce que cela se passe comme ça, car vu comment j’ai attaqué lors de la première partie de la course, il fallait bien que je connaisse une baisse de performance en fin de parcours. »
Vous étiez clairement désigné comme le favori avant même le début du weekend. Comment vous êtes-vous accommodé de cette pression ?
« En termes de rythme j’étais plus rapide en Aragón qu’ici. Ce weekend j’ai certes été dans le coup, mais Fabio a fait un véritable bond en avant car ce matin il a pu faire 16 tours avec ses pneus alors que pour nous c’était plus difficile. Je m’attendais à me battre pour la victoire, mais je savais aussi que la concurrence serait plus proche. »
« Quand j’ai vu que l’écart que j’avais réussi à creuser lors des premiers tours se réduisait tour après tour, j’ai commencé à cogiter sur la moto. Il y a eu deux ou trois tours où j’ai vraiment eu du mal car j’essayais de maintenir cet écart mais c’était tout bonnement impossible. J’ai donc simplement fait en sorte d’être le plus régulier possible dans l’idée de gérer la fin de course à ma main. »
« Quand j’ai vu l’écart se réduire tour après tour, j’ai commencé à cogiter sur la moto »
Vous dites que la course d’aujourd’hui a été plus difficile que celle en Aragón. Est-ce dû en partie au souvenir de votre déconvenue ici-même l’an passé, alors que vous aviez mené la course pendant de nombreux tours ?
« Non, c’était plus difficile vraiment sur le plan physique. Cela dit, c’est vrai que j’étais terrorisé dans les six derniers tours à l’idée de reproduire la même erreur que l’an passé, et je n’ai pas arrêté de me dire dans ma tête de ne pas chuter dans le virage 6. D’ailleurs, à sept tours du but, j’ai bien failli chuter dans le premier virage car il y avait des petites bosses à cet endroit et j’ai failli perdre l’avant. Cela m’a fait un petit peu peur, mais cela n’a pas rendu la chose insurmontable non plus. »
« J’étais terrorisé à l’idée de reproduire la même erreur que l’an passé »
Johann Zarco a expliqué qu’en regardant vos données, il s’était rendu compte que vous faisiez la différence essentiellement au freinage, non pas au niveau de la puissance, mais dans la façon dont vous positionnez la moto. Pouvez-vous nous expliquer cela ?
« C’est quelque chose sur quoi j’ai beaucoup travaillé, car lors de mes premières saisons en MotoGP j’ai eu pas mal de difficultés à m’adapter au freinage. J’ai beaucoup travaillé dans ce domaine lors de la dernière partie de la saison 2019. »
« En 2020 j’avais déjà fait une bonne progression grâce à cela, mais je me suis aussi beaucoup entraîné avec la moto de route, simplement pour mieux gérer le pneu avant. J’ai aussi beaucoup étudié les données de Jorge Lorenzo, et à présent la différence que je parviens à faire se situe dans la dernière phase du freinage, celle qui correspond à l’entrée en virage. »
La semaine dernière vous avez déclaré avoir fait quatre erreurs en course. Combien en avez-vous fait cette fois-ci ?
« Ce dimanche je n’ai fait qu’une erreur, dans le premier virage. J’ai essayé de freiner un peu plus tôt mais en arrivant sur les bosses j’ai failli perdre l’avant. Cela m’a fichu une peur bleue, donc par la suite je me suis remis à freiner plus tard ! »
Vous avez été extrêmement efficace dans les virages rapides. Cela requiert beaucoup de confiance, de courage, et une parfaite compréhension du pneu avant. Pouvez-vous nous expliquer votre approche sur ces virages ?
« Ce qui est bien avec notre moto, c’est qu’elle est très stable. On peut en effet se permettre d’entrer dans les virages rapides avec beaucoup de vitesse. Par ailleurs, notre moto ne vibre pas beaucoup, et cela sur tous les circuits où nous nous rendons. J’ai aussi une très bonne appréhension du pneu avant, mais c’était déjà le cas l’an passé. »
« Nous n’avons rien changé sur la moto, les réglages sont très similaires à ceux de l’an passé, mais le feeling a, en revanche, beaucoup progressé et j’ai appris à bien ménager le pneu avant. Tout cela m’aide beaucoup à entrer dans les virages rapides de bonne manière. »