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Ambiance ! Cette réclamation contre Ducati au soir de l’arrivée du Grand Prix du Qatar mise en forme par KTM, Aprilia, Honda et Suzuki, dépasse cette simple interprétation technique de l’usage d’un déflecteur mis sur le bras oscillant devant une roue arrière. On a là une mise sur la place publique de ce qui était d’abord une guerre de clocher avant de devenir une crise ouverte. L’enjeu ? Celui du MotoGP. Pas moins !

Gigi Dall’Igna, dans son commentaire sur la fronde de quatre de ses collègues contre sa GP19, s’est demandé ce que KTM venait faire dans cette galère, puisque les Autrichiens n’étaient pas des concurrents directs dans une course au titre qui ne les concerne encore que de loin. Le team manager Mike Leitner se fait un plaisir de lui répondre sur les ondes de Speedweek. Et de manière assez franche. Par là même, il démontre que cette action n’est finalement l’épilogue d’un long agacement qui s’est mu en colère, une graduation que le directeur technique de la catégorie n’a pu au mieux qu’endiguer, au pire favoriser…

Sur les faits, Mike Leitner se veut clair : « le spoiler de la Ducati est monté sous le bras oscillant, il a trois ailettes et se trouve au milieu du flux d’air. Il est clairement indiqué dans les règles que vous ne pouvez pas monter un « appareil » qui crée un appui aérodynamique. Et ce n’est qu’entre parenthèses dans le règlement que vous pouvez refroidir les pneus. Je peux aussi refroidir un pneu avec une tige. Il y a plusieurs façons de le faire. Ducati dit maintenant qu’ils voulaient simplement refroidir le pneu arrière. Que cette aile produise des appuis n’était pas voulu, disent-ils. Or, même un enfant réaliserait que des appuis sont générés lorsque je monte un tel accessoire sous le bras oscillant, en l’équipant qui plus est de trois ailerons », explique Leitner. « À notre avis, il n’y a aucun doute à avoir sur le fait que cette aile aurait produit un effet aérodynamique ».

Le ton est donné. La suite est à l’avenant… « Personne ne devrait croire que seuls des amateurs siègent dans les départements de course de Honda, Suzuki, Aprilia et KTM. Mais si Gigi Dall’Igna pense qu’il est le plus intelligent, je ne peux rien faire contre ça… Avec une machine MotoGP, vous disposez de suffisamment de zones techniques que vous pouvez utiliser pour mobiliser les ingénieurs. Mais nous ne voulons pas entrer dans ce thème de la folie aéro. Où serait la fin ? Les coûts deviendraient incontrôlables. Une journée en soufflerie coûte aujourd’hui 20 000 euros. Les courses ne seraient pas meilleures. Ce serait pire pour le sport. Et dangereux. Bagnaia a perdu une demi-aile au Qatar. Il a dit que la moto était impossible à piloter après ».

Lietner termine avec le même enthousiasme sur la parabole faite par l’ingénieur Ducati avec le monde du Far West, sous entendant des règlements de compte au coin d’une rue… « En décembre, un tel spoiler sous le bras oscillant n’était pas autorisé. Mais huit jours avant le Grand Prix du Qatar, ce n’était plus soudainement de l’aérodynamisme, mais pour le refroidissement des pneus. Pour moi, le Far West c’est lorsqu’un nouvel ensemble de règles est annoncé huit jours avant la première course ».

Il donne ensuite le coup de grâce : « Ducati réclame toujours un ensemble de règles stables. Bien que tous les constructeurs aient construit leurs machines 2019 conformément aux directives aérodynamiques de décembre, Ducati continue de tromper et de persuader le directeur technique d’adopter une nouvelle version des règles ». Fermez le ban !

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